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  • Foules sentimentales (2/16) D'emblée sociale

    « L'opposition entre la psychologie individuelle et la psychologie sociale, ou psychologie des foules, qui peut bien à première vue paraître très importante, perd beaucoup de son acuité si on l'examine à fond. (…)

    Dans la vie psychique de l'individu pris isolément l'Autre intervient très régulièrement en tant que modèle, soutien et adversaire, et de ce fait la psychologie individuelle est aussi, d'emblée et simultanément, une psychologie sociale, en ce sens élargi mais parfaitement justifié. »

    (Freud. Psychologie des foules et analyse du moi. Introduction)

     

    L'Autre en question s'incarne d'abord, au plus près de l'individu, dans les relations familiales, ou encore dans «son objet d'amour, son professeur ou son médecin, donc dans toutes les relations qui ont jusqu'à présent fait l'objet privilégié de l'investigation psychanalytique. »

    Il s'incarne de façon plus large dans les groupes intermédiaires auxquels appartient l'individu, lignée, caste, classe, institution. Ces groupes sont pour Freud des foules stables.

     

    Revenons un instant sur ce terme. Pour traduire le mot dans Psychologie des foules de Le Bon, appui principal de sa réflexion on le verra, Freud choisit le plus souvent Masse (en particulier pour son titre).

    Mais il dit aussi parfois Menge (mot courant pour foule), parfois Gruppe, sans introduire de nuance particulière (disent les traducteurs de l'édition que j'utilise, Payot 81). Autrement dit il entend désigner n'importe quel ensemble social relativement nombreux et déployé dans l'espace et/ou le temps.

    Et puis il y a la foule non stable, non instituée, « agrégat humain qui s'organise en foule pour un temps donné, dans un but déterminé. »

     

    Le point central est celui énoncé d'emblée : il n'y a pas rupture de continuité entre les mécanismes psychologiques qui font mouvoir l'individu, ceux de chacun des groupes où il est inclus, et ceux enfin de la société dans son ensemble.

    Réciproquement, toute foule est à considérer du point de vue psychologique comme un nouvel individu, agrégeant certes les individus qui la composent, mais en leur conférant des caractères qu'ils n'ont pas isolément.

     

  • Foules sentimentales (1/16) Contexte

     

    Freud publie Psychologie des foules et analyse du moi (Massenpsychologie und Ich-Analyse) en 1921. Dans les publications modernes, ce texte a été regroupé avec trois autres sous le titre Essais de psychanalyse.

     

    Considérations actuelles sur la guerre et la mort (1915). Le titre comme la date se passent de commentaires. Effarant autant que déprimant : ce texte est resté (faut-il dire ne cesse de redevenir) d'une actualité brûlante. (voir ce blog 17-24 sept 2014).

    Au-delà du principe de plaisir (1920). Un des textes les plus étonnants de Freud, dans lequel la réflexion sur la répétition névrotique fait passer du jeu d'un bébé (son petit neveu) aux traumas des soldats de 14*, pour finir par forger le concept de pulsion de mort.

    Bref on est toujours dans la franche rigolade (à part le moment sur le jeu où l'on s'attendrit devant l'art d'être grand-oncle de ce bon vieux Sigmund).

     

    Le moi et le ça (1923). Freud élabore sa 2° topique (représentation selon une métaphore spatiale). La 1ère avait formulé dynamique et structure du psychisme selon le rapport conscient/inconscient. La 2° distingue 3 instances qu'elle articule à ce rapport.

    Le ça (Es) est le réservoir pulsionnel du moi. Il comprend le refoulé qu'on peut retrouver par l'analyse, mais aussi un ics irréductible.

    Le surmoi (Überich) est l’instance qui intègre normes, interdits parentaux et sociaux, valeurs directrices. Freud l’associe surtout à la conscience morale. Il est en partie cs, en partie ics.

    Le moi (Ich) a la dure mission de synthétiser la personnalité. Il doit gérer d'un côté le rapport à la réalité, de l'autre les tensions entre ça et surmoi. Ce qui en fait une double zone tampon. Entre exigences pulsionnelles primaires et exigences morales raisonnées, d'une part ; entre élan immédiat et prise en compte de la réalité (conditions matérielles, relations avec les autres etc.).

    Ainsi pour Freud le psychisme humain n'existe que dans sa dynamique de conflits successifs. Prise en compte et résolution (même temporaire) du conflit = psychisme fonctionnel. Évitement du conflit ou fixation sur lui = psychisme dysfonctionnel.

     

    Voilà pour le contexte de Psychologie des foules. Cet ensemble d'essais n'est guère réjouissant par son contenu. Mais on y trouve la constante des écrits de Freud : énergie intellectuelle, puissance (dirait Spinoza) mise à chercher, à comprendre. Ceci console de cela.

     

    * Voir le magnifique film "1917" de Sam Mendes. 

     

     

  • Au coin de la rue : jeunes hommes

     

    Un jeune homme marche devant moi, jean retroussé jusqu'à mi-mollet, pieds nus dans ses baskets.

    Mes chevilles éprouvent avec les siennes l'enveloppement de l'air, semblable à une eau vivifiante.

    Froid d'hiver clément, contre lequel il n'y a ni à lutter ni à récriminer.

     

     

    Un tout jeune homme en fauteuil devant le distributeur de billets où son accompagnatrice fait un retrait. Son regard vers un motard qui démarre en trombe au feu vert.

     

     

    Lui, là, il me rappelle quelqu'un, me dis-je en croisant un homme plus si jeune mais cultivant une allure d'adolescent attardé : ce blouson à capuche, cette mini-frange, cet air de faux jeton, qu'est-ce que ça me rappelle ?

    J'y suis : à partir d'une vague ressemblance, il s'est grimé en sosie du créateur de Facebook.

    Vite, un selfie.