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  • Au coin de la rue : jusqu'ici

     

    Je traverse le boulevard.

    À ma gauche une vieille ratatinée, le déambulateur laborieux. À ma droite un pépé avachi, la canne arythmique.

    Le feu repasse au vert qu'ils sont encore au milieu du gué.

    Oui, me dis-je, pourquoi se hâter d'arriver là où ils vont ?

    Instinctivement je ralentis mon pas.

     

    Dans la petite rue qui surplombe la collégiale, des voitures garées jusque sur les trottoirs. Sur le parvis une foule plus curieuse que triste signale l'enterrement d'un VIP.

    Curieuse autant, je me promets de me renseigner, même si, habitante récente de la ville, j'ai peu de chances de connaître le notable ci-gisant.

    Un homme en retard monte quatre à quatre l'escalier, téléphone à l'oreille. Il dit : « Oh la soixantaine ... » L'âge du défunt ? Le sien ?

    La réponse de son interlocuteur (trice) le fait éclater d'un rire franc. Scandaleux manque de tact ou naïf bonheur à être encore là, au nombre des vivants sous un beau soleil hivernal ?

    Je choisis le deuxième : je le partage.

     

  • Au coin de la rue : étrange

     

    La devanture d'un coiffeur annonce « homme » « femme » « enfant ». Quel sens trouver à ces guillemets ? Incertitude existentielle ? Truc de marketing ?

     

    Il/elle tangue sur des cothurnes dorés, orteils entravés, mollets saucissonnés, cheveux décolorés, exténués de permanentes, taille guêpée de stretch. 

    Il faut souffrir pour être « belle » ?

     

    Cette femme qui arrive à pas menus face à moi sur le trottoir, on dirait ma mère passé 65 ans, ou ma grand mère.

    En me croisant, elle me dévisage avec insistance, comme si moi aussi je lui rappelais quelqu'un.

     

    Une petite dame aux cheveux blancs dont je vois le reflet dans chaque vitrine de la rue : je vais finir par croire qu'elle me suit. Que me veut-elle ?

    Qu'ai-je à faire de cette mémère ?

     

  • Au coin de la rue : le cas de le dire ?

     

    À la croisée du boulevard de la République, un panneau « rue des Droits de l'Homme ». En s'avançant on voit un autre panneau, qui signale que la rue en question est une impasse.

     

    Shéhérazade B., m'informe une plaque cuivrée, est avocate à la Cour. Mon imagination se met à vagabonder.

    Je la vois, sa longue chevelure balayant la toge à chaque effet de manche, devant un prétoire suspendu à ses lèvres (et acquis de toute évidence à sa cause, sinon à celle de son client).

    Il profite tranquillement du spectacle, le client, il fait confiance.

    « N'ayez aucune inquiétude, lui a dit maître B., en narrant les faits sous un jour qui nous est favorable, je vous promets de nous obtenir, à tout le moins, un sursis ».