Oui voilà il s'agissait donc de Wolfgang Amadeus, ou Mozart pour les intimes.
Je pourrais vous laisser reparcourir par vous-mêmes mes comparaisons pour en constater le bien-fondé. Mais je tiens à vous prouver que je n'ai pas dit des conneries, ou alors en connaissance de cause.
La couleur
Mozart combine le blanc et le rouge. Blanc, solennité de certaines œuvres, le Requiem bien sûr, le début du 2° acte de La Flûte Enchantée, ses grandes messes. Blanc est aussi la couleur qui les contient toutes, et par là image bien son génie absolu à l'aise dans tous les genres, son génie qui, semblable à celui de Bach, embrasse la totalité de la musique (oui, j'aime un peu Mozart, ça se voit tant que ça ?). Blanc est enfin la couleur du deuil des enfants, et enfant il le resta toujours, à jouer pour l'éternité du Glockenspiel de Papageno. Rouge, parce que c'est le sang, la vie, l'intensité de la passion, la violence aussi, qui sont tout autant dans sa musique.
Ainsi s'impose pour l'évoquer la couleur qui est intime mélange de rouge et de blanc. Et puis il y a tout simplement une sensation : de sa musique se dégage pour moi une joie que je ne sais qualifier plus exactement que par le mot « rose ».
La station de métro
Danube parce qu'il est associé à la ville de Vienne, ville qui évoque le plus la vie et l'œuvre de Mozart, et celle où il est mort. Bel-Air sans commentaires.
Le paysage
La musique est une chose qui coule comme coule le temps, elle s'inscrit en lui. Chaque musicien a sa modalité liquide. Bach par exemple a beau se nommer ruisseau, sa musiqueestun océan : houle ininterrompue du groove qui traverse toute son œuvre, ressac tantôt impétueux tantôt paisible des fugues, profondeur habitée de myriades de notes comme autant de poissons qui se rassembleraient ou se disperseraient dans le mouvement incessant d'harmonies toujours renouvelées.
La musique de Mozart jaillit comme un torrent. Elle bondit, cascade et irradie en milliers de gouttelettes lumineuses. Violente ou tendre, elle libère une irrésistible énergie. Vous vous sentez triste, las, vide, blasé. Hop un disque, n'importe lequel au hasard. Petite sonate sans prétention mais au sourire si contagieux, concerto où l'on goûte les variations du dialogue entre instrument et orchestre, symphonie dont la construction si précise vous remet les idées en place, aria d'une amoureuse, où le souffle se suspend, entre jouissance et nostalgie. Dans les œuvres déchirées et tragiques, l'énergie de vie agit tout autant, et peut être davantage. Car la musique alors vient visiter les zones les plus arides, les plus mortes, et tout à coup les transmue en miraculeuses oasis. Tout à coup il fait Mozart et tout est à nouveau possible.