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  • Pourquoi pas

    Et puis pendant qu'on y est :

    Résolution n°7 : Peindre Guernica.

    Variante 1 de la R7: Composer La Flûte enchantée.

    Variante 2 de la R7 : Écrire Roméo et Juliette.

    D'autres s'en sont déjà chargés ? Eh oui en fait c'est bien le problème (le seul sinon quoi ?) : déjà fait. Mais pas d'angoisse, il y a une solution alternative. Un joker qui se joue avec une phrase de Joann Sfar (je vous l'ai déjà citée il y a quelque temps. Pour ceux qui suivent. Où ça ? Un indice ? Même pas en rêve) : « Ce que je regarde, je le dessine avec mes yeux. »

    Il arrive ça, qu'on dessine avec ses yeux la ligne pure des collines dans le couchant. Qu'on plonge dans le rouge vibrant des coquelicots, regard happé, cœur exultant. Que l'on soit tout entier dans le parcours du dessin d'un visage, retrouvant l'extasiement du premier regard.

    (OK extasiement n'existe pas, mais extase ça dit pas bien la même chose je trouve)

    Pourquoi que cette intense proximité on l'aurait pas tout pareil avec quelques belles choses par la grâce desquelles n'être plus qu'un homme (une femme) qui dit oui ? Oui évidemment : avec Roméo et Juliette, dans les œuvres à lire avec son stylo à soi on mettra Le gai savoir. Et les Essais ça va sans dire.

    Et puis on mettra Illuminations, et aussi Les Frères Karamazov avec L'Idiot au bras d'Un Cœur simple, suivis d'Un Roi sans divertissement, qui serait toutes Illusions perdues forcément, et n'aurait plus qu'à brûler un cierge à Notre-Dame de Paris. Bon, arrêtons-nous là, sinon ça nous mènera vite fait jusqu'à l'année prochaine.

    Tiens c'est une idée. Au lieu d'infliger au lecteur mes machins à moi, je pourrais me contenter de recopier dans ce blog de belles choses qui valent vraiment la peine. Comme on dit on ne change pas une équipe qui gagne. Euh c'est pas ça. Tu vas pas réinventer le fil à couper le beurre ? Oui. Enfin non, justement, je voulais dire oui c'est ça.

    D'un autre côté, faut voir que si on y était allé par là, si chacun s'était mis à inhiber sa petite pulsion créatrice devant le premier chef d'œuvre venu, l'humanité ne serait pas allée bien loin.

    Les gens se seraient arrêtés de peindre genre après Lascaux. De squatter des auberges sauf la Grande Ourse. D'échafauder des viaducs après le Pont du Gard. Résultat si l'envie nous prenait d'aller de Montpellier à Clermont-Ferrand, on serait encore obligé de traverser Millau et bonjour les embouteillages.

    Et de proche en proche en remontant, il est clair que personne, pas même un petit chouïa d'atome qui aurait traîné dans le coin, n'aurait osé faire quoi que ce soit après le Big-Bang. Or globalement malgré tout, on se dit qu'on a tendance à préférer qu'il y ait ce qu'il y a plutôt que rien.

    Donc tant pis autant continuer. D'écrire ce blog j'entends. Pour le reste j'ai déjà moins mon mot à dire. Oups ! Au fait : lampion. (Sais pas si je tiendrai toute l'année, là déjà il était moins cinq).

     

     

  • Planant

     

    Résolution n°6 : Voler dans un musée.

     

    Je ne fais pas ici allusion à la possibilité de me déplacer dans une galerie d'art par la voie des airs, de me prendre pour un bonhomme de Folon, un prototype de Léonard de Vinci, ou un amoureux de Chagall souriant au milieu des lampions (bon ça c'est fait).

    J'entends voler au sens indéniablement répréhensible de dérober. Non c'est pas bien vous avez raison. Oui c'est anti-civique au possible, je retiens votre objection. Mais comprenez-moi.

    Je n'ai pas su, de l'honnête gain obtenu en quelques jeux boursiers à base de produits dérivés, faire l'investissement adéquat dans des paradis fiscaux au-dessus de tout soupçon.

    Résultat je ne dispose pas des liquidités suffisantes pour m'offrir par exemple Les Nymphéas, ni des quelques lingots d'or pur échangeables contre La Nuit étoilée, de façon à les ensevelir l'un et l'autre dans le coffre d'un établissement bancaire respectable et suisse (pardon pour le pléonasme).

    Naturellement (et contrairement à tous les établissements de jeux où je me suis parfois amusée à compter les cartes) je ne suis interdite d'entrée dans aucun des édifices abritant tous les chefs d'œuvre qui titillent ma libido esthétique. Quoi de plus simple alors que d'acheter un ticket, de me munir de bonnes chaussures et d'un petit en-cas, et d'arpenter leurs salles ad libitum ?

    Oui. Mais non. Vous avez une idée, en milliers de kilomètres, de la distance entre le Guggenheim et l'Ermitage, le Prado et le Louvre, le Rijksmuseum et la Galerie des Offices ? Vous imaginez l'investissement en kérosène et les dégâts irréparables sur mon empreinte carbone ?

    Sans compter qu'un besoin de contemplation extatique aussi inattendu qu'irrépressible peut me saisir à une heure où les musées sont fermés, en pleine nuit par exemple.

    Que faire alors ? Foncer à la cuisine pour reproduire Le Bœuf écorché avec un patchwork de steaks surgelés ? Tandis que mon homme dort sur ses deux oreilles, opérer sans crier gare un remake d'un autoportrait de Vincent ? Faire des remous dans ma baignoire pour imiter La Vague ?

    Alors que si l'une de ces toiles se trouvait chez moi, je pourrais partager peinarde une heure ou deux d'insomnie avec elle. Je vous rassure, je ne garderais pas ces trésors pour moi seule, faut que ça tourne, que ça circule. On ferait une artothèque mondiale gratuite avec tous ces trucs qu'on a vraiment envie de voir. Quoi de plus simple ? ...

    ... Bon ben c'est dit : voler dans un musée.

     

     

     

     

  • Illumination

     

    Résolution n°5 : Dire « lampion » une fois par jour.

     

    Baroque ? Stupide ? Bizarre ? Pourquoi faire ce genre de truc ? Selon quelle motivation, dans quel but ? Quis quid ubi cur quomodo quando ? (Auriez-vous ajouté si vous fussiez venu et eussiez vu, à condition naturellement que vous vous nommassiez César Jules).

    Le projet de dire lampion une fois par jour est totalement idiot, d'accord. Mais ne me faites pas croire que vous n'agissez que dans la rationalité la plus pesée et la motivation la plus justifiée. Eh bien pour moi c'est pareil voilà.

    Et à tout prendre, le choix de laisser libre cours à son irrationalité et de déverser sa stupidité en des actes anodins qui ne font de mal à personne est-il si déraisonnable ? Y en quand même beaucoup qui pourraient en prendre de la graine, non ? Je pense qu'il est inutile que je développe des exemples.

    Ceci posé, je veux bien tout de même éclairer votre lanterne plus avant sur les tenants et aboutissants de cette résolution.

    Elle se décompose en deux étapes.

    1 Décider de leitmotiver un mot.

    2 Choisir pour ce faire le mot lampion.

    L'étape 1 dénote un goût de la répétition qui peut être interprété comme :

    a) un reste infantile. « Maman, tu me racontes l'histoire des porcs-épics ?

    Encore, Toto ! Mais c'est une idée fixe ! Tu veux pas l'histoire des mecs dans la caverne, pour changer ? Ou du garçon de café qui se prenait pour un garçon de café ? Ou de Zarathoustra qui ...

    Nan ! Veux les porcs-épics, na ! (sur l'air des lampions) Porképic porképic ! »

    b) un TOC pour cadrer un TAG rebelle.

    « Bon alors lampion lampion lampion. Je le dis 3 fois comme ça je peux oublier pendant 3 jours, euh non 2. Bon je recommence ... »

    c) les premiers signes d'une démence sénile, telle la répétition obstinée de tel récit, tel le rappel incongru et constant d'un même fait perdu dans le passé.

    « Je t'ai déjà raconté qu'on avait décoré tous les arbres du jardin avec des lampions pour le retour de ton grand père ?

    Euh non Mamie, je crois pas, raconte ... »

    N.B. Les hypothèses a b et c ne sont évidemment pas incompatibles.

     

    Quant à l'étape 2, la question du choix du mot lampion :

    Comme je compulsais un livre en papier bible (oui c'était mon Robert)

    Je ne me sentis plus les mots trop rigoleurs (ça arrive aux meilleurs)

    Alors tout guilleret fêtard insubmersible (et un peu ivre pour tout dire)

    Sur la page « lampion » fit briller ses couleurs.

     

    Illico je l'adoptai.