« Oleum perdidisti »
Tu as perdu ton huile.
Inutile de le préciser, ceci n'est pas la devise de Total, Shell ou Texaco.
La phrase n'ornera pas non plus la carte d'une pizzeria.
L'huile en question est celle qu'on brûle durant la nuit passée à élaborer des cogitations cartésiennes (ou pas), à noircir du papier avec des pensées fumeuses (ou pas) tandis que fume la mèche de la lampe.
(Du coup maintenant que vous le dites rien ne s'oppose à ce que ce soit du pétrole cet oleum).
Je dis papier mais les latins se servaient plutôt de tablettes. Sauf que les leurs étaient en cire. Pour les utiliser fallait juste un calame bien taillé et un peu d'huile de coude.
Archaïque non ?
C'est que ces pauvres romantiquains n'avaient pas de centrales nucléaires et autres piles au lithium.
Insensé, non ?
Mais faut voir que dans l'Antiquité ils étaient forcément beaucoup plus près de l'âge de pierre que nous.
Quoique. Comment savoir ?
Eux ils l'avaient derrière eux, l'âge de pierre. Le laps de temps écoulé était facilement évaluable. Mais pour nous l'âge de pierre est devant, dans l'avenir (après catastrophe climatique et/ou guerre nucléaire). Or la durée exacte de l'avenir est difficile à évaluer.
C'est un problème éternel. De tout temps on en a été réduit à des conjectures sur la quantité d'avenir dont on disposait.
Et ainsi nous sommes condamnés à ignorer à quelle distance du futur âge de pierre nous nous trouvons à l'heure où je tape ces mots.
Quoique. Il est possible d'émettre des hypothèses plausibles (et néanmoins peu réjouissantes). Mais je m'en voudrais de casser l'ambiance.
En fait au départ mon propos se voulait nettement positif. Genre l'idée qu'on ne perd jamais son huile quand elle sert à éclairer les lieux de pensée.
À lubrifier les rouages neuronaux pour la réflexion, la science, la création. (Où vais-je chercher des métaphores aussi nulles ?)
(faut croire que je me rouille)
(c'est pas encore l'âge de pierre, mais c'est déjà l'âge de fer).