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  • Myrteux

    - Myrteux tu dis Ariane ? Non, j'ai pas ça en magasin. J'ai beau chercher ...

     

    - Continue, Robert, allez va chercher ! T'as qu'à demander à tes rédacteurs « z'avez pas vu myrteux ? »

     

    - Et ça voudrait dire quoi, myrteux ? Terme de BOT? Ou un truc très très LOC, ou alors VIEILLI ?

     

    - Dis-moi, Robert, abracadabrantesque, tu l'as en magasin ?

     

    - Non, enfin oui, si on veut. À la fin d'abracadabrant, ante je signale en REM Rimbaud emploie abracadabrantesque, mais je vois pas le rap ...

     

    - « Je signale en REM » : non mais je rêve ! Môssieur Robert n'a pas daigné donner une entrée rien qu'à lui à un génial néologisme rimbaldien ? Qu'est-ce que tu peux être coincé, mon pauvre vieux, petit joueur avec les mots !

     

    - Eh dis donc, Ariane, tu me causes autrement ! Qui c'est le dico hein ?

     

    - Être dico ne te donne pas tous les droits, en particulier ne t'autorise pas l'injustice.

     

    - Injuste, moi ! Envers Rimbaud ?

     

    - Non, enfin oui aussi, mais injuste surtout envers un autre immense poète au néologisme de qui tu n'as pas jugé bon de faire écho, fût-ce en REM.

     

    - Celui qui dit myrteux ? Ben je vois pas … Vas-y Ariane, balance !

     

    - Quand vous serez bien vieille au soir à la chandelle … tu y es, là ?

     

    -OK got it : Ronsard Sonnets pour Hélène. Y a du myrteux là-dedans?

     

    Je serai sous la terre et fantôme sans os

    Par les ombres MYRTEUX je prendrai mon repos

    Vous serez au foyer une vieille accroupie

    Regrettant mon amour et votre fier dédain

    Vivez si m'en croyez n'attendez à demain

    Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie.

     

    Ça valait pas une petite entrée chez Robert, ça ? Que dis-je une entrée, un portique, un arc de triomphe, pour l'immortel Ronsard sous sa couronne de myrte …

  • Probabilité et providence

    IV AU HASARD, PAR HASARD loc adv

    1) Au hasard : à l'aventure, n'importe où (et pas n'importe quoi et n'importe quand ?) « Coups tirés au hasard ». Question sont-ce les coups tirés au hasard (d'épée dans l'eau, de missile sol-air « etc. ») qui font les hasards de la guerre, ou l'inverse ?

    Sans réflexion, sans choix ni règle. « J'ai répondu au hasard » (cf au petit bonheur, à l'aveuglette). Choisir au hasard (cf tirer au sort).

    science. Échantillonnage au hasard voir probabilité, statistique ; aléatoire.

     

    Ces histoires de tirage au sort, d'échantillon, nous amènent nécessairement à la question des sondages, des élections, des procédures s'appliquant aux choix démocratiques.

    Il y a le cas où le citoyen répond au hasard au sondage et choisit au hasard le bulletin qu'il met dans l'urne.

    Ça n'existe pas, dites-vous ? Je ne prétends pas que ce soit toujours volontairement et consciemment.

    Mais quand on s'informe sur tweeter, qu'on prend l'éditorialiste à la mode pour un penseur, on est un tout petit peu plus dans le n'importe quoi hasardeux que dans la réflexion moralement délibérée, non ?

    Cependant le vote au hasard, en l'occurrence par tirage au sort, a aussi des défenseurs que l'on ne peut suspecter (du moins pas tous) d'être indifférents au sort de la démocratie.

    Ils argumentent que cette procédure élective éviterait à la politique de rester l'apanage d'une caste, donnerait la parole au citoyen de base, permettrait un meilleur turn-over des mandats et consécutivement un réel partage des responsabilités.

    Ouioui. On a envie de dire banco.

    Mais le problème c'est que cette formule me paraît d'emblée invalidée par un léger détail. Tirer au sort soit, mais à partir de quel corpus ?

    L'ensemble des inscrits sur les listes électorales ? Je suppose (enfin j'espère) que personne n'y songe sérieusement : il n'y a aucune raison que la proportion de cons, d'incapables et de malhonnêtes y soit plus faible que chez les politiciens en place. Il y a fort à parier qu'on ne gagnerait pas à tous les coups.

    Il s'agirait donc d'établir une liste. Mais sur quels critères ? Et surtout qui l'établirait ?

    Pour le décider on en reviendrait à la case départ comme un malchanceux au jeu de l'oie.

    Bref mon sentiment est que les promoteurs du tirage au sort pèchent par une foi aveugle en l'Hasardeuse Providence (ou Providentiel Hasard).

     

    2) Par hasard, accidentellement, fortuitement.

    « Des figures formées au hasard ne sont que par hasard des figures harmoniques » (Valéry).

    On le lui fait pas dire.

     

     

  • Magie décolorée

    III LE HASARD. Cause fictive de ce qui arrive sans raison apparente ou explicable, souvent personnifiée au même titre que le sort, la fortune etc.

    De la succession de Grandeux et Grantrois on déduira que chaque un hasard trouve sa cause dans LE hasard. Cause fictive mais personnifiée.

     

    Autrement dit dans le mot hasard survit quelque chose du rapport primitif à un monde censé être régi par des divinités aux desseins aussi mystérieux qu'inflexibles.

    Voilà qui illustre parfaitement la remarque de Freud : Les mots de nos discours quotidiens ne sont rien d'autre que magie décolorée (Traitement psychique, article de 1890).

     

    Au même titre que le sort, la fortune, etc. Voilà un etc qui ne contient pas grand chose à mon avis (destin, chance, et après?). Je ne ferai pas à Robert l'injure d'y voir une insuffisance de précision et de recherche (pour tout dire une vieille flemme).

    Je crois plutôt qu'il s'agit d'un réflexe superstitieux : ne pas risquer le courroux du dieu Hasard pour avoir oublié l'un de Ses Noms. Robert peut toujours arguer que tout est dans « etc. »

    Un peu comme il y avait dans certaines cités grecques, en plus des autels élevés aux dieux répertoriés & homologués, un autel au dieu inconnu. À tout hasard, on sait jamais …

     

    À la rubrique des citations, on a un Condorcet très spinoziste : Cette cause nécessaire et inconnue que l'on nomme hasard.

    Suivi naturellement des incontournables : Tout ce qui existe est le fruit du hasard et de la nécessité (J. Monod). Un coup de dés jamais n'abolira le hasard (Mallarmé).

    Quant à L'organisation du monde exige que la matière s'abandonne aux jeux de hasard (H. Reeves), n'est-ce point une réponse implicite (et polémique) de Robert au fameux Dieu ne joue pas aux dés d'Einstein ?

     

    Sinon on reste baba d'apprendre qu'en SPECIALT DR (droit je suppose) hasard signifie cas fortuit. Décidément on sera pas venu pour rien.

    Enfin Robert conclut ce Grantrois par : PHILOS. Caractère de ce qui arrive en dehors de normes objectives ou subjectives, ce qui est moralement non délibéré.

    Amis de la prise de tête, bonjour ! Occupez agréablement vos insomnies à

    1) définir les mots norme, objectif, subjectif, moralement, délibéré

    2) établir le schéma de leur mise en relation.