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  • Psaume 134 Dans la maison monde

    1 Chant des degrés. Voici, bénissez YHWH, vous tous, serviteurs de YHWH, qui vous tenez dans la maison de YHWH pendant les nuits !

    2 Élevez vos mains vers la sainteté, et bénissez YHWH !

    3 Que YHWH te bénisse de Sion, lui qui fait le ciel et la terre !

     

    Si l'on se représente les gestes dans ce psaume, on est gratifié d'un moment vraiment esthétique.

    Les serviteurs de YHWH lèvent les mains vers lui. Lui, en sens inverse, tend les siennes vers eux pour les bénir.

    Voilà qui évoque l'inoubliable image de Michel-Ange à la chapelle Sixtine pour représenter la création d'Adam.

    Comme on l'a lu dans les autres psaumes, la relation de l'être humain à YHWH se joue dans la distance qui les unit/sépare, plus ou moins grande selon les circonstances et leurs positionnements respectifs.

    La distance où a lieu l'attente, où naît le désir.

     

    Un lieu occupé ici par les serviteurs de YHWH. Qui sont-ils ? (elles?) (non je rigole).

    Dans l'optique boutique religieuse on peut penser à des prêtres, des fonctionnaires du culte. Surtout pour ce psaume des montées, dans le cadre d'une célébration.

    Mettons, mais quelle est alors leur fonction précise ?

    Qui vous tenez dans la maison de YHWH pendant les nuits. Ces gens sont des veilleurs.

    Une fonction déjà rencontrée deux fois dans notre parcours (ps 121, ps 127), avec cette différence (de taille) que le veilleur y était YHWH.

    Se tenir la nuit dans la maison de YHWH ne serait donc pas tant (ou pas du tout) veiller pour YHWH, au sens d'accomplir une obligation rituelle, fût-elle de louange (louange obligatoire : oxymore, non ?).

    Il s'agirait plutôt de veiller en YHWH. Autrement dit tenir bon dans l'espace à être-soi qu'ouvre la prononciation du Nom (cf Au pluriel). Cela non seulement quand il fait jour, qu'on y voit clair, mais aussi dans les nuits.

     

    Quant à bénir YHWH, est-ce en dire du bien ? Ou est-ce bien le dire, bien prononcer le nom, pas à faux ? Et ainsi bien se prononcer dans le nom ?

    Que YHWH te bénisse de Sion, lui qui fait le ciel et la terre ! Encore un verset-dynamite, à ne manipuler qu'avec précaution.

    Si YHWH bénit depuis Sion, est-ce parce que ce serait son chez-lui-rien-qu'à-lui, un YHWH enrôlé dans un nationalisme excluant ? Pour le bonheur et la paix de tous, excluons cette interprétation.

    YHWH bénit depuis Sion tout simplement parce que c'est là que l'auteur des psaumes écrit le mot bénir.

    Que lui, ou un(e) autre, l'écrive d'ailleurs, de n'importe où dans le ciel et la terre, et la bénédiction y sera tout pareil.

    Encore faut-il que l'on choisisse de l'écrire.

     

     

  • Psaume 133 Comme la bonne huile

    1 Chant des degrés à David. Voici ! Quel bien et quelle douceur, quand les frères demeurent unis.

    2 C'est comme la bonne huile sur la tête, qui coule sur la barbe d'Aaron, qui coule tout au long de sa tunique.

    3 C'est comme la rosée du Hermon qui descend sur les montagnes de Sion ; car là, YHWH appelle la bénédiction, la vie pour l'éternité.

     

    On l'a remarqué avec le ps 131, la brièveté a pour corollaire l'absence de démonstration, d'argumentation, de justification. Le texte choisit le mode du simple constat. Un choix lisible ici dans le mot initial.

    Voici = « allô vous m'écoutez ? Je voudrais dire juste un petit truc. »

    Mais avec la brièveté, le problème esthétique est d'échapper à la platitude, au schématique, à l'abstraction. Le ps 131 le résolvait par une image simple mais au fond inattendue, et surtout apte à l'accroche affective.

    C'est encore ici une image empreinte d'affectivité, une photo de famille.

    « Aaron, mets-toi en retrait derrière Moïse. Pardon ? Ah tu as l'habitude ... On y est ? Voici ! Quel bien et quelle douceur, quand les frères demeurent unis. »

    Une photo, et même un cliché. (Oui les filles moi aussi : les frères sont là, et tes sœurs ? Pour le ps 131 on s'est demandé si l'auteur n'était pas femme, ici y a pas grand doute).

    (Quoique : aussi bien c'est une mère qui exhorte ses fils ? Quand les frères demeurent unis, ça sent un peu son : OK Esaü, tu en veux à ton frère, mais on va pas en faire un fromage, mange tes lentilles) (Gen 27).

    À propos de cuisine et de droit d'aînesse, l'huile qui coule au v.2 évoque bien sûr l'onction messianique (en hébreu messiah = l'oint, celui sur qui a coulé l'huile de la bénédiction).

    L'unité dans la fratrie appelle ainsi une unité plus large, celle qui doit cimenter la communauté, le peuple dans son ensemble.

    Le v.3 enfin inscrit ce peuple dans un lieu, avec la mention du mont Hermon et des collines de Sion.

    Et là une fois de plus l'interprétation est un sport à risque.

    On peut y lire la justification d'un nationalisme étriqué et facteur d'exclusion. C'est ce que font hélas certains aujourd'hui, fétichistes de la terre, fondamentalistes meurtriers de la puissance de vie que porte la parole.

    (Des fétichistes de la terre, de la nation, il y en a qui sévissent aussi en bien d'autres pays qu'Israël, faut-il le préciser).

     

    Ce psaume dans sa brièveté révèle donc tout l'enjeu de la promesse biblique. De là, il incite à poser la question cruciale pour la survie de l'humanité.

    La fraternité, est-ce un truc qui s'arrête aux frontières du clan, de l'ethnie, de la nation, de la secte religieuse ?

    Ou bien est-elle ce qui relie toute l'espèce humaine, vivant en partage sur la même planète d'accueil, sa seule et unique terre d'asile ?

     

  • Small il beautiful

    Il n'y a pas de problèmes pratiques, il n'y a que des solutions esthétiques.

    Cette phrase de Constantin Stanislavski est d'une grande pertinence dans beaucoup de situations, pas seulement au théâtre.

    En l'occurrence, un parcours des psaumes pose (au moins) deux problèmes pratiques.

    1) Leur nombre dissuade d'en faire une lecture exhaustive (en tous cas me dissuade) (pour la raison pratique qu'il faudrait y consacrer des années, et la raison esthétique que je me lasse au bout d'un moment) (alors j'imagine le lecteur).

    2) Leur longueur est difficilement compatible avec le format blog.

    Car même en renonçant à faire un sort à tout, faut ce qui faut pour éviter le trop vague et trop survolant (grave problème esthétique).

    Une longueur parfois extrême. Exemple j'aurais aimé parler du beau ps 119, émouvant radotage d'un vieil amoureux de la parole biblique, qui se déroule (forcément) au fil de l'alphabet.

    Mais 176 versets ! On oublie.

     

    Bref, j'ai opté pour la solution esthétique qui consiste à prendre le problème à l'envers : j'ai cherché tout bêtement les psaumes les plus courts.

    Voilà qui permettra, lecteur, d'alléger (geste esthétique s'il en est) ta charge de lecture (oui alléluia je te le fais pas dire).

    De ces psaumes courts, nous en avons déjà rencontré un, le ps 131 (comme l'enfant sevré sur sa mère) qui compte seulement trois versets.

    J'en ai trouvé trois autres aussi courts : ps 133 et 134 (3 versets) et le winner incontesté (2 versets) le ps 117.

    Nous terminerons donc le parcours par ce tiercé.

    Pour le lecteur enrôlé dans ce marathon de lecture, voir enfin la ligne d'arrivée : encourageant, non ?