Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 4

  • Marco et Primo

    « Prends-moi et jette-moi où tu veux. Là encore, mon esprit sera paisible, c'est à dire satisfait d'être et d'agir conformément à sa propre constitution. Cela mérite-t-il que mon âme se sente mal, qu'elle s'avilisse, humiliée, avide, noyée, épouvantée ? Que trouver qui vaille cette peine ? »

    (Marc-Aurèle. Pensées pour moi-même VIII, 45)

     

    C'est souvent que ces pensées notées au jour le jour font référence à des faits et des personnes précises, mais sans que Marc-Aurèle détaille le contexte. Il y est fait allusion simplement avec « cela » mérite-t-il.

     

    À part cela, donc, cette pensée marque une fois de plus les limites du stoïcisme.

    Imaginons que quelque l'ait pris et jeté disons à Auschwitz par exemple (ou tant d'autres lieux aussi inhumains, y compris hélas en activité aujourd'hui encore). Dur d'y garder l'esprit paisible et satisfait, de ne pas être avili, épouvanté, noyé, non ?

    Et c'est là qu'on se souvient de Primo Levi avec son titre qui est une citation de Dante « Se questo è un uomo », si c'est un homme.

    Agir conformément à sa propre constitution d'être humain, et surtout arriver à préserver une parcelle d'humanité en soi, sera-ce par la tension stoïcienne ? Peut être. Ce sera comme on peut, surtout.

    Levi et ses compagnons d'infortune, eux, le firent en se récitant les vers de la Divine Comédie, en cherchant désespérément consolation dans la beauté de l'art, la culture transmise par des siècles d'humanité, et inscrite dans leur mémoire comme un viatique pour la traversée de l'enfer.

     

  • Juste une idée

    « La joie de l'homme, c'est de faire le propre de l'homme. Le propre de l'homme, c'est la bienveillance envers son semblable, le mépris des sensations, la sélection des idées justes et la contemplation de la nature universelle avec les événements qu'elle détermine. »

    (Marc-Aurèle. Pensées pour moi-même VIII, 26)

     

    Cela pourrait être signé par Spinoza. À l'exception, et c'est déterminant, du mépris des sensations. Il y a là sans doute une différence culturelle.

    Marc-Aurèle adhère à un stoïcisme imprégné de platonisme qui dissocie corps et psychisme, pour subordonner le premier (en tant qu'éphémère) au second (censé être partie d'une « âme » éternelle).

    Spinoza, autant dans la cohérence de son système unisubstantiel* que par imprégnation de culture juive, associe profondément le charnel et le spirituel.

     

    Plus encore sans doute y a-t-il une différence de personnalité et de situation. Marc-Aurèle philosophe en homme de pouvoir, dur à lui-même et pas si tendre aux autres qu'il veut bien le penser (ou même l'essayer).

    Spinoza philosophe en homme libre, au plan social comme intellectuel, (liberté payée cher), en amoureux de la vérité.

    Ont-ils, dans cette sélection des idées justes (Spinoza dit penser de façon adéquate), trouvé la joie qu'ils disaient ? L'essentiel sans doute est de l'y chercher.

    Et aujourd'hui pour nous, de veiller à ne pas dévaloriser l'intelligence et la raison, au profit de l'immédiateté pulsionnelle à laquelle tout nous incite.

     

    *Sur l'Éthique cf ce blog fin avril/fin juillet 2013 (un parcours de l'ensemble en quelques épisodes) et/ou 3 février/25 avril 2016 (un abécédaire, mon Spinoza de A à Z)  

    D'ailleurs peut être j'y reviendrai, à l'Ethique, pour la partie 3 sur les affects.  Enfin pour l'instant c'est juste une idée.

     

  • Sans commentaire

     

    « Un concombre amer ? Jette-le. Des ronces sur le chemin ? Évite-les. Cela suffit. N'ajoute pas : pourquoi cela dans le monde ? »

    (Marc-Aurèle. Pensées pour moi-même VIII, 50)

     

    Moi ? Mais j'ai rien dit.

    (Je l'ai pensé si fort que ça ?)

     

    « Recevoir sans orgueil, perdre sans souci. » (Pensées pour moi-même VIII, 33)

    Voilà. Oui. C'est cela … Non, sérieux, c'est une magnifique devise à choisir pour avancer dans une liberté sereine.