« À chacune de tes actions, arrête-toi et demande-toi si c'est parce qu'elle nous prive de cela que la mort est si terrible. »
(Marc-Aurèle. Pensées pour moi-même X, 29)
Bon si tu veux allons-y demandons-nous. Mais avec des exemples pas trop déprimants (histoire de pas se suicider tout de suite).
Alors disons : prendre un métro bondé et puant, d'accord la mort n'est pas si terrible. Mais se laisser aller dans l'eau pure d'un lac de montagne, là on trouve la mort déjà un peu plus terrible, tu crois pas ?
Supporter le bruit de travaux dans la rue pendant des mois huit heures par jour, d'accord la mort n'est pas si terrible. Mais écouter les Variations Goldberg ou la Flûte Enchantée, là comment ne pas se dire que la mort est un scandale absolu, la mort qui nous privera de cette joie parfaite ?
« Tu peux arriver à dédaigner un chant charmant, une danse, un pancrace. Pour l'air harmonieux, décompose-le en notes et demande-toi à chacune si tu es subjugué par elle. (Tu te détourneras de honte) ; fais de même pour la danse, à chaque mouvement ou figure, et de même pour le pancrace. Bref, excepté pour la vertu et ce qui s'y rapporte, souviens-toi d'aller dans les détails et, par leur analyse, d'arriver à les dédaigner. Et transpose cette attitude à ta vie entière. »
(Pensées pour moi-même XI, 2)
À côté le truc d'Ulysse contre les Sirènes, ça fait petit bras, non ?
Drôle d'idée, non, décomposer des choses qui valent précisément par l'enchaînement, la construction, la dynamique, le mouvement.
Comme s'il fallait s'escrimer à résister à tout élan, à faire barrage au courant d'une eau vive, à allumer un contre-feu pour chaque feu de joie qui vient à s'embraser.
Encore un coup de Super Surmoi ? (Tu te détourneras de honte c'est signé, non?)