Au titre De l'influence des passions sur le bonheur des individus et des nations il faut donc retrancher et des nations (cf 3).
Le plan global du livre, je l'ai dit la dernière fois, correspond à une logique thérapeutique : analyser le poison des passions, et donner la formule des ressources-antidotes.
Commençons par le commencement
Section première. Des passions
Chap 1 De l'amour de la gloire.
Chap 2 De l'ambition.
Chap 3 De la vanité.
Chap 4 De l'amour (précédé de Note qu'il faut lire avant le chap De l'amour).
Chap 5 Du jeu, de l'avarice, de l'ivresse, etc.
Chap 6 De l'envie et de la vengeance.
Chap 7 De l'esprit de parti.
Chap 8 Du crime.
Une question vient immédiatement à l'esprit : comment Germaine a-t-elle décidé de cette liste ? Elle ne s'en explique pas, sinon pour souligner le caractère imposant de certaines des passions sélectionnées. Des passions qui ont tendance à s'imposer, à imprégner la personnalité.
Deux regroupements s'imposent.
Amour de la gloire, ambition, vanité jouent sur des ressorts communs dont on peut discerner les articulations.
De même envie, vengeance, esprit de parti procèdent d'une même logique qui culmine dans le crime.
Restent à part l'amour et le chap 5 dont Germaine souligne elle-même le côté flottant par son « etc. »
Les deux autres sections exploreront les ressources contre le malheur passionnel. Deuxième section (dont on verra le plan au n°13) : affectivité, aide mutuelle, consolation venue des proches (ou de Dieu), ce qu'elle nomme sentiments. Disons les bénéfices de l'amour sans ses emmerdes.
Faux espoir : ces ressources ramènent souvent à la dépendance d'autrui, la passion évacuée par la porte peut revenir par la fenêtre.
D'où la troisième section (plan au n°17) : les ressources, les consolations, on peut les chercher en soi : c'est peut être même le plus sûr.
Revenons à la partie I : j'y repère un intrus. L'amour est le seul de la liste non connoté négativement d'emblée. Que vient-il donc faire dans cette galère ?
C'est que le propos de Germaine n'est pas une morale idéaliste mais une éthique du bonheur. Il ne s'agit pas de décréter ce qui est « bien » ou « mal », mais de regarder comment les passions font du bien ou du mal.
Or l'amour peut les deux. Non pas poison comme les autres passions (du moins celles considérées ici), mais pharmakon, tantôt poison tantôt remède selon l'usage qu'on en a.
N'empêche, Germaine a senti qu'il fallait justifier sa place dans sa liste, d'où la Note qu'il faut lire avant le chap De l'amour. Note que nous regarderons la prochaine fois.