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  • Cruciverbiste (11) Du mouton le naturel

    Humeur moutonnière. Solution : suint.

    Voilà un mot que je trouve très désagréable. Il m'évoque des sensations olfactives et tactiles que je ne saurais qualifier autrement que beurk beurk beurk.

    Le verbe suinter ne vaut guère mieux. Qu'est-ce qui suinte ? Le pus suinte du furoncle, la lymphe de l'écorchure, la sueur nauséabonde des aisselles mal lavées …

    Euh j'arrête : outre que je ne vais pas tarder à vomir mon quatre heures, faut que j'évite de dégoûter le lecteur et d'écoeurer la lectrice.

     

    Préférons donc la même définition en plus soft et en 10 lettres, avec pour solution bien sûr : panurgisme.

    Rabelais, tiens, puisqu'on en parle : il n'hésite pas à faire dans le gras, le grossier, l'osé voire l'obscène. Ça nous paraît quand même bien lourdingue souvent. Surtout en tant que femme. Mais bon il n'est jamais dégoûtant je trouve.

    Et je lui pardonne beaucoup à cause de tant de pages délectables, je vois volontiers dans ses excès le dommage collatéral de sa verve et dans ses provocations l'instrument de son audace.

     

    « Soudain, je ne sais comment – le cas fut subit, je n'eus loisir le considérer – Panurge, sans autre chose dire, jette en pleine mer son mouton criant et bêlant. Tous les autres moutons criants et bêlants en pareille intonation commencèrent soi jeter et sauter en mer après à la file. La foule* était à qui premier y sauterait après leur compagnon. Possible n'était les en garder, comme vous savez être du mouton le naturel tous jours suivre le premier quelque part qu'il aille. Aussi le dit Aristote (lib.9, De histo.animal.) être le plus inepte animant du monde. »

    (François Rabelais Le Quart Livre chap.8)

     

    *La foule était = ils se pressaient, s'écrasaient. La foule était la presse à fouler le drap.

     

    Restons un peu dans la littérature avec : proche de Musset (5 lettres).

     

  • Cruciverbiste (10) Déboires amoureux

    La boisson lui causa du tort. Solution : Iseut. 

    L'occasion de revenir un instant à Wagner : Tristan et Isolde, opéra certes possiblement somnifère, mais dont le prologue, lui, est d'une beauté hypnotique, ensorcelante, une des grandes réussites du maître de Bayreuth à mon goût.

    Quant au roman médiéval, combinant magistralement épique, tragique, lyrique, c'est à coup sûr un des premiers chefs œuvre de la littérature française (de langue d'oïl plus exactement), d'une modernité intemporelle.

     

    Iseut, plus rarement Iseult, apparaît régulièrement dans les grilles de mots croisés.

    C'est que ce nom offre au verbicruciste une succession de lettres qui lui facilite beaucoup de croisements. Le S pour n'importe quel pluriel, le E finale hyper-fréquente, le T pour un verbe conjugué, un participe présent, un adverbe en -ment.

     

    Dans le genre récurrent pour cause de commodité, les cruciverbistes connaissent bien une autre dame, la mythique Io.

    La plupart des définitions consistent en variations plus ou moins heureuses sur la vacherie infligée à la belle, métamorphosée en génisse par la jalouse Héra, because que ce macho de Zeus lui avait conté fleurette style l'amour est dans le pré.

    Au palmarès des définitions je décerne pour ma part le trèfle d'or à : elle vécut quelque temps avec un mufle.

    Sinon on tombe régulièrement sur : sa vie connut un taon fort, ou encore : elle dut changer de station, eut de quoi ruminer, on l'envoya paître etc.

    J'ai trouvé récemment : découverte de Galilée. Un verbicruciste branché astronomie se démarquant ainsi du troupeau de ses congénères.

     

    Et maintenant je vous laisse ruminer la définition suivante : humeur moutonnière (5 lettres).

     

  • Cruciverbiste (9) Pour tout l'or du Rhin

    Salle des coffres. Solution : opéra.

    Cette définition pour relier nos thématiques précédentes, l'activité bancaire des Dalton et l'art de la scène.

    Les artistes lyriques ont incontestablement du coffre. Certains ont encore plus d'estomac. Cela se perd, fort heureusement. Et désormais rares sont les productions qui présentent le pathétique spectacle d'une dondon et d'un bedonnant, plantés sur scène pour infliger au public leurs roucoulades plus suantes hélas que suaves.

    Finie la Walkyrie aux seins en obus, fini le Siegfried au triple menton. Finis le Don Giovanni empâté, le Chérubin boudiné, la Suzanne mémère.

    Au contraire que de jeunes artistes, beaux et belles, excellant dans le jeu comme dans le chant, avec une aisance de voix et de corps qui se convertit en bien être pour le spectateur. Car tel est le cadeau des artistes de l'art vivant (comme on dit si justement) : communiquer charnellement au public leur plaisir de chanter, de jouer.

    Côté œuvres, pour ma part je suis fan de l'opéra baroque, qui se prête à toutes les audaces de mise en scène. Et bien sûr Mozart, inépuisable, indéfiniment réinterprétable, comme au théâtre Molière ou Shakespeare.

    L'opéra italien après l'époque baroque ne m'accroche guère. Là les metteurs en scène ont du boulot pour déringardiser. Et puis le bel canto me paraît artificiel à côté de la pureté des arias de la Comtesse ou de Suzanne, de la tendresse des duos de Tamino et Pamina, de la force des imprécations de la Reine de la Nuit ou d'Elvire, de la magie du trio des Enfants, du caquètement jouissif de Papageno avec sa Papagena ...
    Bon je ne prétends pas à l'objectivité, et revendique ma monomanie mozartienne.

    Wagner ? Oui OK c'est bien, c'est fort. Mais là aussi, un sacré challenge de mise en scène. Sans quoi, comme me disait quelqu'un récemment : moi Wagner j'essaie, mais j'y peux rien ça m'endort.

    « Tant que ça ne t'incite pas à envahir la Pologne », lui répondrait Woody Allen.

     

    Allez, un tour à la buvette de l'opéra pour la suite : la boisson lui causa du tort (5 lettres).