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Le blog d'Ariane Beth - Page 91

  • Le sceau de la liberté

    « n°269 : À quoi crois-tu ?

    À ceci : que le poids de toutes choses doit être déterminé à nouveau.

     

    270 : Que dit ta conscience ?

    ''Tu dois devenir celui que tu es''.

     

    271 : Où résident tes plus grands dangers ?

    Dans la pitié.

     

    272 : Qu'aimes-tu chez autrui ?

    Mes espérances.

     

    273 : Que qualifies-tu de mauvais ?

    Celui qui veut toujours faire honte.

     

    274 : Qu'y a-t-il pour toi de plus humain ?

    Épargner la honte à quelqu'un.

     

    275 : Quel est le sceau de l'acquisition de la liberté ?

    Ne plus avoir honte de soi-même. »

    (Friedrich Nietzsche Le Gai Savoir Troisième livre)

     

    Cette fin du troisième livre m'évoque les questions/réponses du catéchisme de mon enfance.

    Q : Qui est Dieu ?

    R : Ouh la ! vaste question ! Attendez voir, bon on va déjà chercher du côté de Spinoza …

    Q bis : Mais non pas la peine, regarde : y a la réponse, là.

    R : Ah ouais j'avais pas vu : Dieu est un pur esprit en trois personnes …

     

    J'ai du mal à me rappeler ce que je pensais à l'époque. J'essayais, il me semble, de comprendre ce que ça voulait dire, mais je n'y arrivais pas, ça me paraissait très flou. Après j'ai compris que cette incompréhension n'était pas si mauvais signe.

     

    Pour en revenir à Friedrich, je ne sais pas ce que ce questionnaire doit à l'ombre de Monsieur le Pasteur. Mais ce qu'il doit au Surmoi saute aux yeux. Poids, conscience, danger, pitié, mauvais, honte : n'en jetez plus.

    Friedrich, décidément, qu'est-ce qu'il s'en est trimbalé !

    Mais du coup, malgré cela, ou à cause de cela, on est ému par la beauté simple et lumineuse de ces immenses phrases, toutes de force, de dignité, de bienveillance pour autrui et soi-même.

    Tu dois devenir celui que tu es. (Et celle ...)

    Quel est le sceau de l'acquisition de la liberté ? -Ne plus avoir honte de soi-même. 

    Qu'y a-t-il pour toi de plus humain ? -Épargner la honte à quelqu'un.

     

  • Jamais compris

    « n°264 : Ce que nous faisons.

    Ce que nous faisons n'est jamais compris, mais toujours simplement loué et blâmé. »

    (Friedrich Nietzsche Le Gai Savoir Troisième livre)

     

    Un aphorisme qui semble une réponse désabusée au beau programme de Spinoza :

    « Ni rire ni pleurer ni haïr mais comprendre » (Traité politique)

     

     

    « n°265 : Ultime scepticisme.

    Que sont donc en fin de compte les vérités de l'homme ? Ce sont les erreurs irréfutables de l'homme. »

     

    Logique du scepticisme. Après Spinoza, Montaigne.

    Peut être considéré comme vrai sinon l'irréfutable, du moins l'irréfuté à ce jour. Ce qui laisse la possibilité de continuer à l'interroger.

    Une conception non absolue de la vérité, non pure et dure, mais relative, en relation toujours avec l'erreur, sa voisine humaine.

    Une erreur ni à louer ni à blâmer, mais à comprendre.

     

  • Amoureux

    « n°263 : Sans vanité.

    Lorsque nous sommes amoureux, nous voulons que nos défauts restent cachés, – non par vanité, mais parce que l'être aimé ne doit pas souffrir. L'amoureux voudrait même paraître un dieu, – et pas non plus par vanité. »

    (Friedrich Nietzsche Le Gai Savoir Troisième livre)

     

    Voilà la réflexion de quelqu'un de vraiment sans vanité, et de vraiment amoureux.

    Nul doute que le défaut qu'il cherche à cacher, c'est sa faiblesse*. Le fait de ne pas être ce dieu, ce magicien qui empêcherait l'être aimé de souffrir, mieux, qui ferait de sa vie un chemin de roses.

     

     

    *cf Par expérience. (note du 30 mai)