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Le blog d'Ariane Beth - Page 95

  • Le comédien de lui-même

    « n°236 : Pour agiter la foule.

    Celui qui veut agiter la foule ne doit-il pas être le comédien de lui-même ? Ne doit-il pas commencer par se traduire lui-même en grotesquement évident et déclamer aussi bien toute sa personne que sa cause sous cette forme caricaturale et simplifiée ? »

    (Friedrich Nietzsche Le Gai Savoir Troisième livre)

     

    Comme c'est bien vu, comme c'est bien dit. Parfaite caractérisation du tribun populiste, de son comportement d'histrion tout en vulgarité, de sa démagogie à motivation narcissique.

    Comédien de lui-même, déclamer sa personne c'est sûr c'est la chose qui le motive. Quant à déclamer sa cause, encore faudrait-il qu'il en eût vraiment une, une autre que se promouvoir, se glisser dans tous les trous de souris pour arriver enfin au pouvoir, son seul rêve.

    Friedrich en avait maints exemples à son époque. On voudrait n'en avoir plus à citer, on voudrait être enfin passé à un âge de maturité politique et citoyenne.

    Mais non : ce sont toujours les mêmes gosses immatures et imbu(e)s qui préfèrent agiter la foule plutôt que s'attaquer avec pragmatisme et modestie à la tâche de gouverner, non pas contre les autres, mais avec eux.

    Un avec qui non seulement n'exclut pas le débat, mais est la seule façon de le mener sincèrement, efficacement.

    Tu sais quoi, Friedrich, ces baudruches gonflées d'elles-mêmes, ces clones d'Ubu, ont cessé de me faire rire.

    Désormais leur irresponsabilité m'atterre et m'accable, en tant que force de destruction massive de la démocratie.

     

  • Pour tout ce qui est à venir

    « n°233 : Point de vue le plus dangereux.

    Ce que je fais ou ne fais pas à présent est aussi important pour tout ce qui est à venir que le plus grand événement passé : dans cette formidable perspective de l'effet, toutes les actions sont également grandes et petites. »

    (Friedrich Nietzsche Le Gai Savoir Troisième livre)

     

    Point de vue dangereux : le mot peut prêter à confusion. Ce n'est pas un point de vue dangereux au sens qui serait nuisible à autrui. C'est juste un point de vue risqué pour celui qui l'adopte.

    Un point de vue qui rejoint les maximes de Kant, autrement dit le point de vue éthique par excellence. Un point de vue qui, en effet, est important pour tout ce qui est à venir, et même tout simplement pour que de l'à venir il y ait.

     

  • L'animal délirant

    « n°224 : Critique des animaux.

    Je crains que les animaux ne considèrent l'homme comme un de leurs semblables qui a perdu le bon sens animal de manière extrêmement dangereuse, comme l'animal délirant, comme l'animal rieur, comme l'animal pleurnichard, comme l'animal malheureux. »

    (Friedrich Nietzsche Le Gai Savoir Troisième livre)

     

    Oui ben moi, figure-toi, Friedrich, je préfère rire, pleurer (allez pleurnicher si tu veux), je préfère penser, me poser des questions, imaginer (allez délirer si tu veux), plutôt que rester cantonnée à ce que tu appelles le bon sens animal, c'est à dire le téléguidage dans les voies balisées de l'instinct et de la répétition.

     

    Et tout indique que toi aussi, je crains. La preuve ?

     

    « n°225 : Les naturels.

    « ''Le mal s'est toujours assuré le grand effet ! Et la nature est le mal ! Donc, soyons naturels !'' – voilà comment raisonnent secrètement les grands chercheurs d'effet de l'humanité, que l'on a bien trop souvent mis au nombre des grands hommes. »

     

    C'est tellement vrai, l'argument « c'est naturel, c'est la nature, la pulsion, l'instinct » est si souvent utilisé pour justifier le mal, la brutalité, l'instinct de prédation (y compris d'ailleurs celui des hommes sur les animaux cf note précédente).

    Soyons naturels, donc assujettissons les faibles, pratiquons (ou justifions, ou excusons) le viol, l'humiliation, la guerre ...

    Ainsi ont parlé (et parlent encore, ô désolation) tant de « grands hommes ».