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Le blog d'Ariane Beth - Page 96

  • Un avis différent

    « n°220 : Sacrifice.

    Les animaux sacrifiés ont un avis différent des spectateurs sur le sacrifice et l'immolation : mais on ne les a jamais laissés s'exprimer. »

    (Friedrich Nietzsche Le Gai Savoir Troisième livre)

     

    C'est vrai. Mais réjouissons-nous, avec les humains qu'on sacrifie c'est mieux : par la menace ou l'aliénation, on peut les faire adhérer à l'avis de leurs immolateurs.

     

  • Penser des choses fines

    " n°216 : Danger dans la voix.

    Avec une voix très forte dans le gosier, on est presque hors d'état de penser des choses fines. »

     

    n°218 : Mon antipathie.

    Je n'aime pas les hommes qui, pour faire de l'effet, doivent exploser comme des bombes, et à proximité desquels on est toujours exposé au danger de perdre brusquement l'ouïe – voire plus encore. »

    (Friedrich Nietzsche Le Gai Savoir Troisième livre)

     

    Je trouve ce n°216 une remarque bien plus fine qu'il y paraît.

    Comme si de la puissance de sa voix on inférait une assurance d'avoir raison. Cette assurance est pourtant un obstacle à la pensée en général, et à la subtilité en particulier.

    Ainsi, dans une conception quasi terroriste de la communication, on y va à plein gosier pour gueuler des balourdises, pour balancer, comme des bombes en effet, et non des objets de débat, des arguments dont on se sait incapable d'affiner l'articulation.

    Chercher à vaincre plutôt qu'à convaincre : le mantra de l'impuissance.

     

    En outre dans le n°218 j'entends pour ma part comme un écho de l'angoisse enfantine devant l'adulte (maître, père …) qui fait la grosse voix.

     

  • Nos raisons

    « n°209 : Une manière de s'enquérir des raisons.

    Il y a une manière de nous demander quelles sont nos raisons qui non seulement nous fait oublier nos meilleures raisons, mais encore nous fait sentir l'éveil en nous d'une opposition obstinée et d'une répugnance envers les raisons en général : – une manière de demander très abêtissante et une belle astuce d'hommes tyranniques ! 

     

    n°210 : Mesure dans l'ardeur au travail.

    On ne doit pas vouloir dépasser l'ardeur au travail de son père – cela rend malade. »

    (Friedrich Nietzsche Le Gai Savoir Troisième livre)

     

    Et revoilà le papa pasteur dans cette séquence pleine de non-dits et néanmoins (ou pour cela) ô combien parlante.

    Il ne faut pas s'étonner, avec ce genre d'éducation et de rapports familiaux, que Nietzsche se soit employé à devenir, au sens le plus exact et le plus fort du terme, un libre-penseur.

    Ce dont on peut s'étonner, c'est qu'il n'ait pas réagi à cette violence symbolique, à cette pression, autrement qu'en paroles ou provocations. S'étonner par exemple qu'il ne soit pas devenu un terroriste ou un serial-killer.

    Mais non : s'il s'est fait bourreau, c'est de lui-même, en mélancolique bon teint. Et, ce qui va souvent avec, bourreau de travail.

    C'est en travail d'intelligence qu'il a finalement converti son besoin intime de rébellion. Un bon choix pour lui peut être. Mais à coup sûr une chance pour la raison universelle.