Pourquoi se casser la tête ? Il n'est pas si difficile après tout de s'abstenir autant que possible de réfléchir, de cesser de se poser des questions à tout propos.
En tous cas beaucoup de gens y arrivent, je le constate. Non, il n'est pas exact de dire qu'ils y arrivent, car de fait ils le font sans effort aucun.
Ils ne pensent pas, et c'est sans y penser : haha ce que je suis drôle quand je veux, non ?
À quoi je réfléchis, quelles sont donc ces questions que je pose, vous dites ? Oh pas toujours de grandes choses.
Les raisons qui font que la terre ne tourne pas trop rond, ou pourquoi les êtres censés être pensants et sensés qui y vivent ne pensent pas tant que ça, j'avoue oui j'y pense.
Sauf que j'y pense et puis j'essaie d'oublier, car c'est trop attristant de savoir que je n'y peux rien. Si peu. Si peu que rien dirait un philosophe gascon dont vous avez peut être entendu parler.
C'est pourquoi ce n'est pas ce qui occupe en priorité les neurones dont je dispose.
Alors quoi ? Quelles sont ces préoccupations si pesantes que je voudrais bien, sinon répudier une fois pour toutes, en tous cas tenir à quelque distance un instant ?
Je ne sais pas si je peux vous le dire, je crains votre ironie, votre persiflage. Vous allez dire : quoi, c'est tout ? Vous êtes sérieuse, là ?
C'est de ces têtes d'épingle que vous faites tout un plat ?
Non non ne protestez pas, je l'ai entendu tant de fois, et de gens fort bien intentionnés, autant que vous. Écorchée vive, trop sensible, susceptible : depuis l'enfance je l'entends.
Il faut donc qu'il y ait là une part de vérité, ai-je fini par convenir.
Sauf que vous savez quoi, s'il y a un truc qui peut rester en travers de la gorge, c'est bien des têtes d'épingles.
Enfin, tout ça pour dire que c'est décidé je cesse les préoccupations inutiles.
Et en guise de bon début, je vais négliger de répondre à vos questions. Vous refiler le bébé en quelque sorte.
De façon à ce que, si pourquoi il y a, il ne soit plus que pour vous.