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  • Vroum

    Dans sa belle auto qui fait vroum vroum, le conducteur tout fier klaxonne à qui mieux mieux : pouet pouet.

    Tandis que l'auto lâche divers gaz plus ou moins toxiques, le conducteur se la pète : « Regardez ma belle auto qui fait vroum vroum. »

     

    Bon, c'est pas grave, comme dit Maxime Rovère dans Que faire des cons*, on va le laisser exprimer à sa façon la détresse de son impuissance.

     

    Remarquons cependant que, contrairement au frimeur en bagnole, cette onomatopée a acquis ses lettres de noblesse. En effet, elle a donné un verbe et un substantif vrombir vrombissement.

    Tout le monde ne peut pas en dire autant chez les onomatopées.

     

    « Vrombir v.intr. 1883 onomat. cf vroum. Produire un son vibré, par un mouvement périodique rapide »

    Là Robert tu m'épates, avec cette alliance de poésie (son vibré, franchement on dirait du Rimbaud) et de précision scientifique.

    Et alors attendez l'exemple : des essaims de mouches bleues vrombissaient furieusement (Tournier)

    Voilà qui est intéressant : on peut établir une connexion entre le vroum et le buzz.

    Car s'il est vrai que la grosse mouche bleue (chez Rimbaud elle est pas bleue elle est A noir**, mais bon) vrombit, la mouche moyenne buzze, tout comme l'abeille, le moustique.

     

    Il y a donc une sorte de seuil quantitatif, au-delà duquel le buzz se fait vroum.

    La question serait maintenant de savoir à partir de combien de retwittages. Mais je laisse cette question aux spécialistes en sons vibrés zé mouvements périodiques rapides.

     

     

     

    *Flammarion 2019.

    Je conseille aussi du même auteur Le clan Spinoza, roman historico-philosophique sur le contexte de création de l'Éthique.

     

    ** A, noir corset velu des mouches éclatantes,

    Qui bombinent autour des puanteurs cruelles

    (Sonnet Voyelles)

     

  • Toc toc

    Je voudrais que le lecteur, la lectrice, saluassent ici ma déontologie d'auteur, qui n'a d'égale que mon absence de flemme.

    Pour le T de cet abécédaire d'onomatopées, j'aurais pu choisir tchou-tchou, en écrivant juste « voir ronron », et hop le tour était joué. Ou, autre facilité à peine moins indécente, passer de tchou-tchou à tut-tut.

    Mais non, je suis pas comme ça. J'ai beau produire une série récréative, je m'en voudrais de ne pas sérier sérieusement. M'autoriser l'a-peu-près sous prétexte que c'est rien que des onomatopées ?

    Autrement dit les traiter en citoyennes de seconde zone dans l'espace sémantique ? J'aurais honte de me rendre coupable d'une telle injustice, fût-elle linguistique.

     

    Toc-toc donc. Frapper à la porte est très différent d'appuyer sur la sonnette.

    Sonner est se signaler à la porte de manière neutre, voire administrative. Mais frapper complexifie le message.

    Un toc-toc léger annoncera un plus ou moins familier : le voisin, le frère ou si ce n'est le frère la sœur, la chérie (qui a encore oublié sa clé, cette étourdie).

    « Toc-toc.

    Qui frappe ?

    C'est moi Mère-Grand, votre Petit Chaperon rouge.

    Entre donc, mon enfant ... »

     

    Le toc-toc appuyé, et réitéré dans la foulée, est un truc de contournement de la sonnette. Tapi derrière la porte, quelqu'un qui pour s'immiscer dans votre intérieur feint d'être un familier.

    Avec de probables intentions commerciales, démarcheuses, quêtrices, enquêtrices, que la brutalité impatiente de son toc-toc trahissent.

     

    Il fut un temps où l'on grattait à la porte au lieu de frapper. Je préfère qu'il n'en soit plus ainsi : j'aurais toujours peur que derrière ma porte guette un rat, un loup-garou, une sorcière aux ongles crochus, un virus tout hérissé …

    Quoi phobique ?

     

  • Swift

    « Swift ? Swift ? Mais c'est pas une onomatopée, ça ! » ouis-je d'ici s'insurger le lecteur, s'indigner la lectrice.

     

    Certes il s'agit je sais bien comme toi, lecteur-trice, d'un immense écrivain (non je ne dis pas que tu es un immense écrivain – quoique. Je n'en exclus pas la possibilité).

     

    Mais juste je trouve que quand même son nom : Swift, Jonathan Swift, sonne a little bit onomatopic, ne sonne-t-il pas ?

     

    Sans compter les indices de sa connivence innée avec l'onomatopée dans ses Voyages de Gulliver.

    Brobdingnag Glubbdubdrib Luggnagg Houynhhnms ... 

    Indiscutablement onomatopéïen, et même onomatopéïen option borborygmique, non ?

     

    Mais y réfléchissant je m'avise que Swift n'est pas le seul à porter un nom-onomatopée.

    Exemple (je dis les premiers qui me viennent) Björn Borg, Björk, Kierkegaard, Klaus Kinski, Kokochka : voilà qui flirte avec l'onomatopée, je trouve.

     

    Tiens, m'avisant plus avant, que constaté-je à l'instant ? Ce sont toutes là personnes de grand talent, voire des génies dans leur domaine.

    Y a-t-il un lien, où est la poule où est l'oeuf ?

    Qui sait si un nom-onomatopée ne vous confère pas de facto le talent qui va avec ?

     

    (J'aurais dû y penser pour mon pseudo).