« Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice : le Royaume des cieux est à eux. » (Mtt 5, 10)
« Heureux êtes-vous lorsque l'on vous insulte, que l'on vous persécute et que l'on dit faussement contre vous toute sorte de mal à cause de moi. Soyez dans la joie et l'allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux : c'est ainsi en effet qu'on a persécuté les prophètes qui vous ont précédés. » (Mtt 5, 11)
Ces versets conclusifs de la série, présentés eux aussi comme des bonheurs, sonnent surtout comme une mise en garde : tout ce qui précède c'est bien cool, mais bon n'oublions pas que les béatitudes ne sont pas synonymes de bisounours-attitudes, il y a un coût à assumer, une force à déployer pour les vivre.
Chercher la paix, la miséricorde, la justice, le partage sont la voie sûre du bonheur pour tout le monde, d'accord. Sauf que voilà, il en est qui ne sont pas partageux pour deux sous, pas le moins du monde « matriciels » (cf 3/9). Sans aucun état d'âme, ils cherchent un bonheur personnel.
Ils ont même tendance à voir partage et justice (et par conséquent les autres avec qui partager) comme des obstacles à leur bonheur. Comme si partager les empêchait d'avoir ce dont ils ont besoin, bref nuisait au rassasiement (cf 6/9) tel qu'ils le conçoivent (c'est à dire en gros bourrins égoïstes).
Il s'attaquent donc à ceux qui, par leur œuvre de justice et de paix, les gênent, leur font obstacle. Et sans hésiter devant les moyens : diffamation, menaces, harcèlement. Et quand ça ne suffit pas, suppression physique.
Par ces dernières béatitudes, les rédacteurs du texte entendent soutenir la motivation et le courage des justes, les aider à tenir dans l'adversité. À rester témoins (on sait qu'en grec cela se dit martyr) que l'humanité peut gagner contre la méchanceté et la violence.
L'Histoire a connu beaucoup de martyrs à cause des religions (et idéologies sacralisées), avant et après les persécutions contre les Chrétiens du premier siècle. Avec, au cours du temps, au gré des pouvoirs, des alternances de rôles entre persécuteurs et persécutés. Et hélas ce n'est pas fini.
Il y a eu aussi des « fils de l'homme », femmes, hommes, qui se sont voulus simplement humanistes, témoins d'humanité sur terre. Et ont accepté d'en payer le prix.
Et heureusement cela aussi continue, les prophètes d'aujourd'hui se font lanceurs d'alerte et témoins de vérité, soutiens de ceux que persécutent les dictatures de toutes sortes (religieuses et/ou idéologiques et/oumafieuses ...). En assumant les risques, et jusqu'au risque ultime d'y laisser leur vie.