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Blog - Page 292

  • Barbares

    MARASME. 1538 grec marasmos.

    1) Forme très grave de dénutrition, spécialement chez l'enfant, avec maigreur extrême, atrophie musculaire, apathie.

    Voir athrepsie, cachexie « Kwashiorkor avec marasme ».

     

    Kwashiorkor, non mais franchement ! Robert est au courant que tous ses lecteurs n'ont pas fait médecine ? Il faut plutôt voir ici le symptôme de son complexe du littéraire face au scientifique.

    Du coup il fait genre : « tu dis qu'il a un Kwashiorkor, oh le pauvre vieux. Et en plus la forme avec marasme ! Je lisais pas plus tard qu'hier dans The lancet une étude hyper-alarmante sur le pronostic à six mois. (En outre je me permets de rappeler que je connais le prénom d'Alzheimer). »

     

    Mais soit, c'est cohérent : pour faire entendre la barbarie de la chose, Robert nous bombarde de mots barbares. Quoique. La plupart des termes médicaux ne sauraient être barbares par définition, étant issus du grec.

    Pour les Grecs les Barbares c'étaient les non-grecs. Ils les voyaient tous comme des mal dégrossis malpolis, qui au lieu de parler homérique et platonicien comme les gens normaux, borborygmaient un idiome aussi malsonnant qu'incompréhensible

    (pour dire des choses désagréables en plus).

    Nous parlons naturellement des Grecs anciens. Nos contemporains grecs ont su faire preuve d'une certaine ouverture à l'étranger. Et tout le monde peut pas en dire autant, en Europe ou ailleurs. Mais je dis ça je dis rien.

     

    Début XIX° VIEILLI. Accablement, apathie profonde. « Granville tomba dans le plus affreux marasme. La vie lui fut odieuse. » (Balzac)

    Ah voilà ! Là au moins Robert est en terrain de connaissance : romantisme et bovarysme, crinolines et camélias, tout ça tout ça.

    Et côté termes médicaux y a pas échographie : spleen ou langueur ça vous a une gueule autrement poétique, autrement fleur de rhétorique que kwashiorkor.

     

     

     

     

     

     

     

  • Myrteux

    - Myrteux tu dis Ariane ? Non, j'ai pas ça en magasin. J'ai beau chercher ...

     

    - Continue, Robert, allez va chercher ! T'as qu'à demander à tes rédacteurs « z'avez pas vu myrteux ? »

     

    - Et ça voudrait dire quoi, myrteux ? Terme de BOT? Ou un truc très très LOC, ou alors VIEILLI ?

     

    - Dis-moi, Robert, abracadabrantesque, tu l'as en magasin ?

     

    - Non, enfin oui, si on veut. À la fin d'abracadabrant, ante je signale en REM Rimbaud emploie abracadabrantesque, mais je vois pas le rap ...

     

    - « Je signale en REM » : non mais je rêve ! Môssieur Robert n'a pas daigné donner une entrée rien qu'à lui à un génial néologisme rimbaldien ? Qu'est-ce que tu peux être coincé, mon pauvre vieux, petit joueur avec les mots !

     

    - Eh dis donc, Ariane, tu me causes autrement ! Qui c'est le dico hein ?

     

    - Être dico ne te donne pas tous les droits, en particulier ne t'autorise pas l'injustice.

     

    - Injuste, moi ! Envers Rimbaud ?

     

    - Non, enfin oui aussi, mais injuste surtout envers un autre immense poète au néologisme de qui tu n'as pas jugé bon de faire écho, fût-ce en REM.

     

    - Celui qui dit myrteux ? Ben je vois pas … Vas-y Ariane, balance !

     

    - Quand vous serez bien vieille au soir à la chandelle … tu y es, là ?

     

    -OK got it : Ronsard Sonnets pour Hélène. Y a du myrteux là-dedans?

     

    Je serai sous la terre et fantôme sans os

    Par les ombres MYRTEUX je prendrai mon repos

    Vous serez au foyer une vieille accroupie

    Regrettant mon amour et votre fier dédain

    Vivez si m'en croyez n'attendez à demain

    Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie.

     

    Ça valait pas une petite entrée chez Robert, ça ? Que dis-je une entrée, un portique, un arc de triomphe, pour l'immortel Ronsard sous sa couronne de myrte …

  • Probabilité et providence

    IV AU HASARD, PAR HASARD loc adv

    1) Au hasard : à l'aventure, n'importe où (et pas n'importe quoi et n'importe quand ?) « Coups tirés au hasard ». Question sont-ce les coups tirés au hasard (d'épée dans l'eau, de missile sol-air « etc. ») qui font les hasards de la guerre, ou l'inverse ?

    Sans réflexion, sans choix ni règle. « J'ai répondu au hasard » (cf au petit bonheur, à l'aveuglette). Choisir au hasard (cf tirer au sort).

    science. Échantillonnage au hasard voir probabilité, statistique ; aléatoire.

     

    Ces histoires de tirage au sort, d'échantillon, nous amènent nécessairement à la question des sondages, des élections, des procédures s'appliquant aux choix démocratiques.

    Il y a le cas où le citoyen répond au hasard au sondage et choisit au hasard le bulletin qu'il met dans l'urne.

    Ça n'existe pas, dites-vous ? Je ne prétends pas que ce soit toujours volontairement et consciemment.

    Mais quand on s'informe sur tweeter, qu'on prend l'éditorialiste à la mode pour un penseur, on est un tout petit peu plus dans le n'importe quoi hasardeux que dans la réflexion moralement délibérée, non ?

    Cependant le vote au hasard, en l'occurrence par tirage au sort, a aussi des défenseurs que l'on ne peut suspecter (du moins pas tous) d'être indifférents au sort de la démocratie.

    Ils argumentent que cette procédure élective éviterait à la politique de rester l'apanage d'une caste, donnerait la parole au citoyen de base, permettrait un meilleur turn-over des mandats et consécutivement un réel partage des responsabilités.

    Ouioui. On a envie de dire banco.

    Mais le problème c'est que cette formule me paraît d'emblée invalidée par un léger détail. Tirer au sort soit, mais à partir de quel corpus ?

    L'ensemble des inscrits sur les listes électorales ? Je suppose (enfin j'espère) que personne n'y songe sérieusement : il n'y a aucune raison que la proportion de cons, d'incapables et de malhonnêtes y soit plus faible que chez les politiciens en place. Il y a fort à parier qu'on ne gagnerait pas à tous les coups.

    Il s'agirait donc d'établir une liste. Mais sur quels critères ? Et surtout qui l'établirait ?

    Pour le décider on en reviendrait à la case départ comme un malchanceux au jeu de l'oie.

    Bref mon sentiment est que les promoteurs du tirage au sort pèchent par une foi aveugle en l'Hasardeuse Providence (ou Providentiel Hasard).

     

    2) Par hasard, accidentellement, fortuitement.

    « Des figures formées au hasard ne sont que par hasard des figures harmoniques » (Valéry).

    On le lui fait pas dire.