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Blog - Page 291

  • Rage dedans

    Sarcasme

    Encore une suggestion de mon amie Blanche Page. Sous prétexte que ça rime avec le précédent. Blanche aime les rimes plus que de raison. Ce n'est pas un crime direz-vous.

    Sauf que moi, rime pour rime, j'aurais choisi miasme (avec la diérèse mi-asme pour conserver la rythmique), là on faisait coup double : continuité phonique et sémantique avec marasme.

    Mais il est rare que Blanche me laisse voix au chapitre (je ne me plains pas, je constate c'est tout).

     

    Sarcasme 1546 latin sarcasmus, grec sarkasmos, de sarkazein mordre la chair (sarkos).

    Personnellement j'aurais fait l'impasse sur le latin, non ? Mais Robert, dans sa passion étymologique, n'est pas du genre à badiner avec le traçage des mots. Traçons donc à sa suite.

    Le dénommé sarkasmos, candidat à l'immigration en langue française, a dû facilement trouver des locuteurs (marchands probablement) pour le faire passer sur la côte sicilienne.

    De là il aura gagné Rome où tous les chemins mènent (au grand dam de Mateo Salvini) (qui réfléchit sans doute aux moyens de rendre inconstitutionnel ce proverbe).

    Pour finir par traverser les Alpes, la chair mordue par les frimas d'altitude.

    Mais le cœur réchauffé par l'accueil de quelques polyglottes assez inconséquents pour se rendre coupables du délit de solidarité langagière.

     

    1) Ironie, raillerie insultante voir dérision moquerie.

    « La dérision et le sarcasme et l'injure sont des barbaries » (Péguy)

    Pas faux.

    On leur préférera donc le concept de mépris civilisé promu par Carlo Strenger : dire tout le mal qu'on pense d'une thèse sans attaquer la personne qui la porte. C'est pas forcément évident, mais enfin dans les situations genre débat avec Salvini ou Orban à propos de l'Europe, ça se tente, non ?

     

    2) Un, des sarcasmes. Trait d'ironie mordante voir quolibet, raillerie.

    Robert, pauvre inconscient !

    Et la rationalisation des dépenses publiques, et la préservation des ressources naturelles, tu en fais quoi ?

    Donne-toi de toute urgence l'objectif de réduire ton volume en supprimant quelques pages, diminuant ainsi les frais de rédaction, sauvant quelques arbres.

    Car franchement ce n°2 s'impose-t-il ? La distinction entre l'acte de railler et le détail de ses performances était-elle indispensable ?

     

    Cela dit le mot quolibet est injustement négligé, c'est bien qu'il y ait quelqu'un qui en parle.

     

     

  • Coriace

    MARASME

    3) (1923) Petit champignon à pied coriace (agaricacées) dont une variété, le mousseron d'automne, est comestible.

     

    J'adore le mot coriace. Je sais pas pourquoi. Je nourris l'espoir (vainement jusqu'ici) qu'un jour enfin quelqu'un me complimentera d'un « t'es une vraie coriace, toi ».

    Coriace veut dire dur comme du cuir. C'est oublier qu'il y a des cuirs souples, mais bon qui suis-je pour contredire l'étymologie.

    Pour le champignon cependant si je peux me permettre, Robert, il eût mieux valu dire ligneux, non ? Ou fibreux ?

     

    Mais cessons d'ergoter. Je le disais la dernière fois, cette troisième partie de la définition est propre à nous requinquer.

    Dans l'automne crépusculaire où tout se décompose, dans l'eau stagnante et glauque des marais du marasme, voici que pointe le pied coriace d'un petit mousseron.

    Petite moisissure certes, quoi d'autre : c'est ainsi, il y a quelque chose de pourri au royaume du marasme. Mais moisissure comestible.

    Cette fin de définition nous offre ainsi une belle métaphore de la résilience, à la hauteur de la sublimation baudelairienne des Fleurs du mal. Non ?

     

    Après pour ceux qui se demandent : agaricacées = famille de champignons basidiomycètes à lamelles, dont la plupart sont comestibles.

    Lamelleux aussi c'était pas mal à la place de coriace (ah si, ça existe, j'ai cherché).

    Quoique. J'aimerais pas trop qu'on me dise « t'es une belle lamelleuse, toi ». Par contre « quelle sacrée basidiomycète tu fais », là je dis pourquoi pas.

     

    Sur la date de 1923 je m'interroge. Ce champignon est-il né à ce moment-là ?

    Sans être grande mycologue (ni petite d'ailleurs) je suis prête à soutenir qu'il était déjà là du temps des dinosaures ou pas loin.

    Mais il n'avait pas encore de nom. On disait : j'ai fait une fricassée de petits machins à pied coriace. Un jour de 1923 quelqu'un en a eu marre, et lui a trouvé ce nom, marasme.

    À six ans de la crise de 1929 franchement c'était pas si mal vu. Comme quoi on peut allier un certain flair en économie avec le goût des champignons (sauf les nucléaires ça va de soi).

     

     

     

     

  • La crise

    MARASME

    2) COUR. Situation stagnante et mauvaise. « Marasme politique » (Mirabeau)

    «Le marasme des affaires. Marasme économique » voir crise.

     

    Robert était à son affaire, disions-nous, avec le marasme version spleen et désespoir romantique, nous le sommes ô combien pour notre part (de marché) avec cette définition, la COUR.

    COUR signifie courant (n'y voir donc, malgré la référence à Mirabeau, nulle allusion à l'Ancien Régime et à l'entourage de Loulou 16).

    Définition courante sans conteste car sans me vanter je ne connaissais ni la précédente ni la suivante, qui pourtant est la meilleure. Pour la découvrir, ne manquez pas ma prochaine intervention dans ce blog …

    Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a, Blanche ?

    - Tu vas la laisser, la dernière phrase ?

    - Pourquoi, elle te gêne ?

    - C'est à dire l'autopromotion, j'ai toujours du mal ...

    - Faut ce qu'il faut, ma vieille Blanche. Vu l'exacerbation de la concurrence sur le marché du temps de cerveau disponible, et son incidence en termes de marasme dans le domaine des industries culturelles, il convient de booster notre communication et de doper notre plan marketing si on veut pas dévisser sur la courbe du lectorat …

    - C'est bon si c'est pour entendre ça, moi je me barre.

    - Vas-y barre-toi, de toutes façons t'es qu'une rature, euh une ratée ...

     

    Euh bref. Qu'est-ce qu'on disait ?

    En fait courant ça marche avec Mirabeau style sous le pont Mirabeau coule la Seine. En revanche marasme au sens de situation stagnante s'oppose de toute évidence à courant (quoique ça dépend, dans un parti politique c'est pas forcément incompatible).

    Finalement cette définition se révèle plus compliquée que prévu.

    Mais ne tombons pas pour autant dans le marasme et la désabusation … (comment ? ah désabusement ? si tu veux Robert c'est toi le dico)

    (qu'est-ce qu'ils ont tous aujourd'hui ?)

    Il est vrai que jusqu'ici nous avons connu quelques perturbations avec cette définition, entre les affres de la maladie et celles de la crise économique (et encore on n'a pas parlé de l'état des centrales nucléaires).

    Mais je vous le promets, le n°3 va nous sortir de la crise. Ne manquez donc pas ...