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Blog - Page 424

  • Retraite sonnée

    Retraite. (fin XII° de l'ancien verbe retraire = se retirer)

    1) Action de se retirer d'un lieu. Abandon délibéré et méthodique du champ de bataille ou d'une portion de territoire, par une armée qui ne peut s'y maintenir. (Voir décrochage recul repli débandade).

    2) Action de se retirer de la vie active ou mondaine (1580 Montaigne)

     

    La lecture de mon fidèle compagnon Robert Petit me plonge souvent dans des réflexions aussi fondamentales qu'inattendues. Ainsi je réalise tout à coup que j'ai vécu la quasi totalité de ma vie dans la retraite. A vrai dire je le savais. Mais je prenais le mot au sens dilettante du terme otium 1580 Montaigne tout ça. Voire au sens pascalien genre se retirer en repos dans une chambre pour voir si un roi sans divertissement est oui ou non un homme plein de misère. (Et c'est là qu'on est contente de n'être ni roi ni homme). Or non, ni l'un ni l'autre. Robert me révèle que j'ai vécu la quasi totalité de ma vie dans la retraite au sens clairement militaire du terme.

    En quelque sorte une Berezina au long cours.

    Abandonner une portion de territoire. Et pas qu'une portion, ni qu'une fois. En fait j'ai abandonné la plupart des portions de territoire où j'ai eu l'occasion de territerrer. L'abandon fut-il délibéré toujours ? Une chose est sûre il fut méthodique, appliqué, obsessionnel. Parfois même il eut quelque rapport avec la politique de la terre brûlée. Politique de la tête brûlée me souffle mon inconscient joueur, toujours prêt pour un petit lapsus. Quoi de plus logique, puisque lapsus signifie glissement. Or c'est bien ainsi que s'est constituée ma retraite, par capitalisation méthodique de glissades & décrochages, reculs & replis.

    Des champs de bataille j'en ai ainsi déserté beaucoup. Les quelques-uns où j'ai combattu sont de ceux qui ne vous valent pas de médaille. Guerres de résistance menées dans la clandestinité. Mais le plus souvent j'ai d'emblée hissé le drapeau blanc. Non par pacifisme militant ni au contraire par lâcheté. Mais choisir une couleur et un camp était trop compliqué.

    Théorème pacifique : Le drapeau blanc est le seul drapeau inattaquable.

    Corollaire polémique : Et la page blanche le seul texte incriticable.

     

    Mais voyons le bon côté des choses : cette habitude de la déroute est aujourd'hui mon meilleur atout. Mes contemporains arrivant comme moi à l'âge de la retraite, sommés comme moi de s'enrôler dans la dernière bataille, seront d'autant plus effarés devant la débâcle du grand fleuve pas tranquille, qu'ils auront eu l'habitude des victoires, des conquêtes et des positions tenues.

    Pour moi, grâce à ma longue expérience de surf sur Berezina, je ne me sens pas tout à fait inapte à gérer la situation. Pas belle la vie ?

     

  • Atrophique

    Vieillesse : dernière période de la vie, qui succède à la maturité, caractérisée par un affaiblissement global des fonctions physiologiques et des facultés mentales et par des modifications atrophiques des tissus et des organes.

     

    Qui succède à la maturité : désolée Robert mais pas toujours non plus. Certains ne passent pas par la case maturité, ayant le talent de devenir vieux sans être adultes. Ça vous dit quelque chose normal c'est pas de moi. N'empêche il a raison Brel. C'est beau et rebelle « vieux mais pas adulte », ça fait style « ni putes ni soumises ».

    Mais trêve de balivernes. Affaiblissement global des fonctions physiologiques et des facultés mentales : là on entre dans le vif du sujet, on atteint le noyau dur. On cesse de se payer de mots. Comme dit Nietzsche la physiologie c'est du concret réel, rien à voir avec délires & fantasmes philosophiques option platonisme et plus si affinités.

     

    Les principales fonctions physiologiques sont la respiration la circulation du sang la digestion la perception-sensation et la motricité. Genre si tout ça fonctionne ensemble ou séparément en gros vous tenez encore la route. Maintenant le truc que je sais pas c'est si la physiologie homologuée par la fac de médecine inclut la pensée ou au moins la logistique ad hoc, neurones et le toutim, transmetteurs chimiques, conducteurs d'électricité ou ce qui y ressemble. Pour ma part je mettrais tout ça dans le package physiologie. Sinon où ?

    Quand Robert parle de facultés mentales, je suppose qu'il l'entend ainsi. Mais comme une définition se doit d'être concise, il fait d'une pierre deux coups, entendant aussi par facultés mentales leur possible (je dis bien possible) résultat, à savoir la pensée. Réflexion, raisonnement, raison, intelligence, compréhension. Bref préhension des choses immatérielles, comme la préhension tout court permet de saisir les choses matérielles.

     

    Vieillir est perdre sur les deux tableaux, globalement. Le physiologique se fait poussif le mental émoussé. Je veux bien. Enfin façon de parler. En vrai je veux pas du tout. Je fais tout pour que pas. Pas tout tout OK. Mais un peu tout. Contre l'érosion physiologique par exemple, un programme d'exercices tous les matins. Pour les connaisseuses : du Pilates combiné à du yoga. Mais sans aller jusqu'au marathon de Paris (et pourtant si je voulais je pourrirais je parie paske je cours pas vite mais je peux courir longtemps).

    Quant à la dégénérescence de la caboche, paraît qu'elle se manifeste par le durcissement, la sclérose dans les circuits, la perte de plasticité neuronale. C'est donc de l'épaississement et non de l'élimage. Alors le fait est que Robert y se goure un peu dans sa définition avec le mot atrophique.

     

    Atrophique ? Atrophique ? Est-ce que j'ai une gueule d'atrophique ?

  • Dernier mot

    Vieillesse: dernière période de la vie, qui succède à la maturité, caractérisée par un affaiblissement global des fonctions physiologiques et des facultés mentales et par des modifications atrophiques des tissus et des organes.

     

    Dernière période de la vie ça dépend, en fait. Considérons le cas de quelqu'un qui meurt jeune : dans la mesure où il aura mouru, il aura forcément vivu une dernière période de sa vie, on est d'accord ? Or pour qui sera mort jeune, cette dernière période, la dernière période de sa vie, aura été sa jeunesse. Voilà CQFD.

     

    Théorème verre à moitié plein :

    Toute fin de vie n'est pas nécessairement une vieillesse.

    Scolie verre à moitié vide :

    Mais toute vieillesse est nécessairement une fin de vie. Non ?

     

    Discussion byzantine :

    Z'êtes au courant que fin a deux sens en français ?

    Oui c'est bien pour ça que Robert y dit dernière période.

    Alors pourquoi vous dites fin, vous ?

    Parce que c'est le mot courant homologué par le sens commun.

    Oui mais il est ambigu.

     

    Réflexions philosophiques

    1) Le sens commun est toujours ambigu.

     

    2) L'ambiguïté convient parfaitement ici. « Toute vieillesse est nécessairement une fin de vie » c'est à dire à la fois un moment où la vie s'approche de sa fin, mais aussi, à ce moment-là, un but dans la vie.

     

    3) Ma mère m'a dit une fois : « Bon je suis vieille c'est pas drôle, mais si j'étais pas vieille je serais morte. »

     

    4) Vrai il est frappant de constater qu'à partir d'un certain âge, chez les vieux apprenant la mort d'un ami, d'un proche, ou de n'importe qui, ce n'est pas la tristesse qui domine, mais la fierté d'être encore là, eux. Surtout s'ils sont plus vieux que le nouveau-mort. Et ainsi la fierté, affect positif, renforce leur puissance (dirait Spinoza). Une puissance qui se manifeste par leur désir de durer encore un peu. Donc de vieillir encore un peu, le plus possible.

    La vieillesse est devenue leur fin de vie. Alzheimer ou pas la logique a le dernier mot. CQFD.