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Blog - Page 474

  • Noctambule

    Une rime riche, que dis-je richissime, avec somnambule. Des mots si proches, quasi siamois. Noctambule = promeneur de nuit, somnambule = promeneur de sommeil. Bon si on veut creuser le sujet, on pourra constater que noctambule suppose un point de vue objectif et somnambule un point de vue subjectif. La nuit est à tout le monde et n'intervient qu'à des moments précis du temps qui précisément s'appellent nuit, alors que chacun est dans son sommeil à sa façon et à des moments variés pas nécessairement nocturnes. Et puis les deux mots dénotent des tempéraments légèrement différents. Le somnambule ne demanderait qu'à dormir, c'est un dormeur contrarié. Contrarié dans le relâchement musculaire et l'inhibition motrice qui est quand même un must du sommeil. Bref être somnambule ne doit pas être de tout repos.

    Être noctambule non plus certes, mais au moins on a un but essentiel, le divertissement : personne qui se promène ou se divertit la nuit, dixit Robert qui lui la nuit reste assis à son bureau pour concocter ses définitions. Côté divertissement l'écriture nocturne est une valeur sûre j'en conviens. Bien davantage en tous cas qu'un noctambulisme conformiste et quasi pavlovien, tel que fréquentation de lieux style boîtes ou bars où on s'amuse à peu près autant que Pascal dans ses espaces infinis. L'espace en moins, justement, vu qu'on est entassé façon sardines & maquereaux dans un cubage minimal de béton. Laissons donc.

    Avisons-nous plutôt qu'il peut exister un noctambulisme version écolo et baba, style rando de nuit dans la campagne. Dans ce cas-là le noctambule aura tout à gagner à être également nyctalope, car côté éclairage nocturne les chemins de campagne profonde c'est pas les Champs Zé.

     

    Cela dit, pourquoi le noctambulisme ? Parce que l'insomnie, what else ?

    Or si niveau noctambulisme je suis nulle en insomnie j'assure.

    D'où un petit conseil utile destiné aux insomniaques non nyctalopes (dont je suis) : misez sur le classique, la grille de mots croisés, le petit verre de lait chaud, le bouquin sympa mais pas trop palpitant. Certes cela ne marche pas toujours, et il pourra arriver que vos heures d'insomnie se passent à élaborer en votre for intérieur la feuille de route de l'ONU pour les 100 ans à venir, à rédiger le plan d'un roman équivalent à trois fois « Guerre et Paix », à fignoler le storyboard de chacun des films que vous avez en projet sur les opéras de Mozart, les principales pièces de Molière, le dialogue philosophique entre Montaigne et Spinoza ...

    Mais pas d'angoisse. Viendra toujours le moment où il ne vous restera plus qu'à vous lever pour sortir tout ça de votre for intérieur et le mettre sur papier. Et c'est alors que vous viendra la pensée : et si je dormais un peu, plutôt ?

    Votre insomnie sera vaincue.

     

    Et votre réveil fêtera aussitôt la victoire en fanfare. 

  • Mirabelle

    Voilà un mot qu'on se demande bien ce qu'on pourrait lui reprocher, un mot si mignonnet et gentillet qu'on croit voir ses tresses avec des nœuds roses, un mot qu'on lui ferait bien de gros bisous qui claquent sur ses belles joues rebondies. Mirabelle, un mot de cour de récré d'école maternelle. D'ailleurs c'est un fruit proche du joujou. Ça a quelque chose d'une boule de boulier, d'une grosse perle en plastique du collier qu'on offrira à Maman pour la fête des Mères. Et en plus c'est bon la mirabelle, moins que la reine-claude sans doute, mais faut dire qu'avec un nom pareil celle-ci doit assurer, la mirabelle de fait a moins de pression, il suffit qu'elle ait un petit goût agréable et une apparence itou.

    Mirabelle rime avec prunelle ce qui est logique vu leur commune prunitité. Elle rime aussi avec pimprenelle. Alors ... piment, pimenter, pimpant … ah voilà : Pimprenelle n.f. Latin médiéval pipinella, p.ê. de piper « poivre ». Plante herbacée, à fleurs généralement rouges, dont les feuilles servent à relever les salades.

    On en apprend tous les jours. Pimprenelle dans mon idée jusqu'ici c'était aussi un fruit bien sucré, ou alors une petite fleur. Les gens de ma génération comprendront pourquoi. Pimprenelle était la sœur de Nicolas dans Bonne nuit les petits, une émission que sur mes cinq ans je n'aurais ratée sous aucun prétexte. En fait je dois avouer que je trouvais ladite Pimprenelle nunuche (oui déjà à cinq ans je vous assure les gamins ont plus d'esprit critique qu'on n'imagine), et son frère concon. En plus je sentais la rupture logique, indice d'une rupture d'égalité entre les sexes : la fille avait un nom de fruit ou de fleur (croyais-je, mais si j'avais su qu'il s'agît de salade cela eût peu modifié mes réflexions) et le garçon un vrai nom de vrais gens. Même s'il rimait avec chocolat, la raison peut être pour laquelle on l'avait choisi. Mais quand même, le garçon du côté de l'humain, la fille du côté du végétal. A l'un la conscience et l'aptitude au concept, à l'autre la simple évidence de l'être-là, sans compter sa possible comestibilitude, avec un nom pareil. Comme quoi Bonne nuit les petits ça mène à tout, y compris à la lecture de Simone de Beauvoir.

     

    Dans BNLP il y avait aussi Ulysse le marchand de sable, que je trouvais fadasse avec sa flûte, un peu comme est fadasse Tamino dans La Flûte Enchantée par rapport à Papageno. Dans BNLP l'équivalent de Papageno était Nounours, et c'était lui mon personnage préféré. Quant aux scénarios de ce programme quotidien, je les ai oubliés, je pense qu'ils auraient eu du mal à rivaliser avec Psychose ou La Maison du Dr Edwards, mais apparemment le but n'était pas de provoquer des cauchemars dans le public des 0-5 ans. Je constate aujourd'hui que, outre m'amener à Simone de Beauvoir, à Mozart et à Hitchcock, Bonne nuit les petits reste une de mes madeleines. Une madeleine à goût de mirabelle. Il paraît que le mot vient du nom propre Mirabel, localité où poussait le fruit. Moi je crois qu'il vient surtout de « mirabilis », qui a donné merveilleux.

  • Là-bas

    Là-bas s'oppose à ici.

     

    Là-bas à Fukushima. Ici chez nous.

     

    Là-bas à Fukushima et plus généralement au Japon existent des risques naturels tels que séismes, inondations, tsunamis.

    Ici chez nous, en tout lieu du territoire français et plus spécialement le long de la vallée du Rhône ou aux abords de la commune de Fessenheim, de tels risques n'existent pas. Ou alors il y a longtemps, ou pas longtemps, ou rarement.

     

    Là-bas à Fukushima ils ont construit une centrale nucléaire, et plus généralement d'autres centrales ailleurs au Japon, sans se poser la question des risques naturels. Ou alors il y a longtemps, ou pas longtemps, ou rarement.

    Ici chez nous on a aussi construit des centrales, sans se poser la question des risques naturels. Jamais. Ce qui est raisonnable, puisque des risques naturels, il n'y en a pas. Et chez nous on est raisonnable, on est logique car on est le pays de Descartes.

     

    Là-bas à Fukushima il y a un empereur, ce qui n'empêche pas le régime d'être démocratique. Ici chez nous on est le pays de la Révolution Française & des Droits de l'Homme, ce qui implique que nous sommes la démocratie-même, en tout, pour tout.

     

    Là-bas à Fukushima au Japon il y a des lobbies.

    Ici chez nous il n'y a pas de lobbies, mais des conseils en décision qui sont juge et partie. Nuance. Ici chez nous en France, au pays de l'esprit et de la finesse, tout est nuance.

     

    Là-bas à Fukushima au Japon, pays de rudes samouraïs, les choix énergétiques se font de façon brutale, opaque, sans information et encore moins consultation des populations.

    Chez nous ici en France, pays de Descartes, de la nuance, de la Démocratie et des Droits de l'Homme, les choix énergétiques se font dans une douce opacité cartésienne, démocratique et nuancée.

     

    « Là-bas : vx Au-dessous, spécialement (1532) désignait l'enfer ».

     

    Là-bas à Fukushima.

    Là-bas à Fukushima ils tiennent bon.

    Ici chez nous je pense à eux, je les salue.