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Blog - Page 471

  • Witz

    Witz ? Warum ? Es ist kein französisches Wort, oder ? Ja, ich weiss, Du Kartoffel ! Et d'ailleurs je dois à la vérité de dire que Robert n'a pas mis ce mot dans son W. Eh bien moi je le mets, c'est mon blog et je fais ce que je want. Et que Robert ne vienne pas me chercher des noises, lui qui n'hésite pas à définir waouh, wech ou wiki …

     

    Le Witz est une histoire drôle, ou plus exactement drôlement tournée, car il repose surtout sur le jeu avec les mots. Quelqu'un de witzig est quelqu'un qui a de l'esprit, qui a le sens de la plaisanterie. Ce qui est déjà une bonne raison de faire honneur à ce mot. Mais il faut surtout mentionner que Freud lui a consacré un de ses livres, « Le Witz et sa relation à l'inconscient », ouvrage publié pour la première fois en 1905 (il aurait donc pu employer le mot vasouiller, en français dans le texte). Ce livre nous dit d'abord une chose essentielle : Freud n'était pas le grincheux névrosé obsessionnel que d'aucuns se plaisent à décrire. Enfin un peu peut être, mais pas seulement. C'était aussi quelqu'un qui aimait rire et sourire, savait goûter les plaisanteries, les jolies rencontres de mots (entre autres celles que lui offrait l'écoute de ses patients). Et il n'est que de le lire sans a priori pour déceler dans son écriture la capacité de distance ironique qui fonde le meilleur sens de l'humour. Et cela y compris dans les démonstrations les plus serrées. Il dit d'ailleurs à propos du Witz que « c'est la plus sociale de toutes les activités psychiques ayant pour but un gain de plaisir ».

    J'espère t'en avoir dit assez, lecteur de ce blog, pour piquer ta curiosité, car je crois bien qu'après cet abécédaire qui n'est plus qu'à trois lettres du mot fin, nous nous en irons vadrouiller du côté de la freuditude.

     

    Parmi les histoires citées dans le livre sur le Witz, il y en a dont Freud dit que ce sont des Witz « sceptiques », car « ils attaquent la sûreté de notre jugement lui-même, qui est un de nos biens spéculatifs ». Celle-ci vaut le détour et a été amplement commentée (entre autres par Lacan) :

    Deux Juifs se rencontrent dans un train en Galicie. « Où vas-tu ? » demande l'un. « A Cracovie », répond l'autre. « Regardez-moi ce menteur ! » s'écrie le premier furieux. « Si tu dis que tu vas à Cracovie, c'est bien que tu veux que je croie que tu vas à Lemberg. Seulement moi je sais que tu vas vraiment à Cracovie. Alors pourquoi tu mens ? »

     

    Voilà je trouve qui n'est pas sans rapport avec la manière dont Kafka* gère sa corbeille à papiers ...

     

     

     

    * voir le K de cet abécédaire.

  • Vasouiller

    " Fam. Être hésitant, peu sûr de soi, maladroit. 'Je n'ai vasouillé qu'un peu au début' (Jules Romains) Voir : cafouiller, s'embrouiller, merdoyer."

    Jules Romains, vous voulez que je vous dise, n'est qu'un petit joueur. Car par exemple moi perso je ne me suis pas contentée de vasouiller « au début ». (Au début de quoi, d'ailleurs ? Mais ne nous égarons pas, ne laissons pas vadrouiller notre imagination comme un lycéen pas sérieux sous les tilleuls de Charleville-Mézières). J'ai vasouillé au début, je vasouille maintenant, et les dieux du vasouillage m'accorderont je l'espère de vasouiller itou jusqu'à la fin, dans une constance vasouillarde qui ne peut que forcer l'admiration.

    De plus, sans me vanter, contrairement à ce petit bras de Jules, je ne vasouille pas qu'un peu, mais beaucoup, passionnément, à la folie. Je dis cela sans vanité aucune, mais juste je ne vois pas pourquoi je passerais sous silence mon meilleur domaine de compétence. Comme dit Montaigne De dire de soi moins qu'il n'y en a, c'est sottise, non modestie. Car soyons clairs : le mot vasouillage offre à le sonder des abîmes de subtilité. Au fait, pourquoi donc n'y a-t-il pas un chapitre des Essais intitulé « Du vasouillage » ? me rétorquera le lecteur histoire de m'embrouiller. Mais parce que le mot n'était pas encore là ! Il n'est entré dans la langue qu'en 1904, dixit Robert qui jamais n'hésite, ne cafouille ni merdoie dès qu'il s'agit de préciser une date.

     

    1904 c'était un bon timing. Cela a donné une petite dizaine d'années aux locuteurs de l'époque pour se mettre le mot en bouche. Ainsi ceux d'entre eux qui eurent la chance de passer quelques années à pourrir dans la boue des tranchées purent l'utiliser, comme leurs généraux les utilisaient eux en chair à canon. Le monde est bien fait. Remarquons d'ailleurs que le Poilu employait le mot à bon escient et en connaissance de cause, alors que l'Etat-Major, comme M. Jourdain avec la prose, vasouillait en virtuose, mais sans avoir la capacité de mettre sur ses stratégies ce mot qui pourtant reste le plus adéquat pour les définir. Ce qui nous ramène à Jules Romains qui a consacré des pages bien senties à Verdun. Je ne sais pas si le monde est si bien fait que ça, mais la littérature ça arrive.

     

    Je terminerai en vous offrant une occasion de briller dans les dîners en ville. Lorsque la conversation vasouillera, amenez habilement une référence à Verdun (facile avec le centenaire de la guerre 14-18), de là passez à Jules Romains et enfin, modestement, glissez : « Au fait savez-vous que Jules Romains ne s'appelait ni Jules ni Romains, mais Louis Farigoule ? »

    Louis, je n'ai pas de conseil à te donner, et c'est trop tard surtout, mais entre Farigoule qui fleure bon la garrigue, et ces Romains qui ont semé tant de cadavres dans tant de tranchées, y a pas photo.

    Tout le monde n'a pas la chance de s'appeler Montaigne, dis-tu ? C'est vrai, y a des veinards, va donc essayer de vasouiller avec un nom pareil ...

     

  • Ultra petita

    A moins de travailler dans le domaine juridique, vous ignorez j'imagine le sens de ces mots. En tous cas pour ma part je les découvre à l'instant et me laisse charmer. Voilà un mot qu'on dirait en train de faire des pointes sur la musique du Lac des Cygnes. Oui bon, j'imagine que Marius Petitpas n'est pas pour rien cette association. Entre nous, j'ai toujours trouvé ça magnifique, « le chorégraphe Marius Petitpas ». C'est comme si un banquier s'appelait Picsou dans la vraie vie. Ultra petita pourrait être aussi le nom d'une chapelle lacanienne, le groupe des ultras de l'objet « petit a ». Cet objet « cause du désir » dixit Jacques (Lacan) : ce qui sert de support à la fonction désir. Chaque objet réel de chaque désir précis peut être interprété comme une valeur prise par cette fonction « cause du désir », construisant une courbe dont petit a est la ligne asymptotique. Vous suivez ?

     

    Bref ultra petita ça veut dire : aller au-delà de ce qui est demandé. Genre l'avocat général demande deux ans de prison avec sursis, et le verdict est de quinze ferme. Autrement dit agir ultra petita c'est faire du zèle. On peut l'entendre de bien des manières et l'appliquer à bien des domaines.

    Pour moi je trouve que ça n'est pas sans étroit rapport avec le conformisme, la servitude volontaire et ce genre de choses. Finalement, oui : entrer dans le désir supposé de l'autre, lorsque l'objet petit a s'affole comme les anticorps dans une maladie auto-immune ? Je crois que me voici prête à adhérer au groupuscule lacanien.

    Oui bon. En fait je ne sais pour quelle obscure et inconsciente raison je n'arrive pas à trouver un mot en U sur lequel les mots viennent facilement … Pour ultra petita par exemple, c'est nothing ultra. Alors, pour que vous ne soyiez pas venus pour rien, je joins quelques définitions style Leiris (cf Raboudiner).

     

    Ultimatum (ou ultime atome) : procédé qui consiste à mater l'homme par la menace nucléaire.

     

    Uniformisation : mission de mettre les fourmis au format.

    Uniformisation : formation qui mise sur la frime.

     

    Urgentiste : gentil toubib qui jamais ne se désiste.

     

    Usurpateur : us de qui ruse dans sa hâte de surpasser.

     

    Utopie : au top contre le tant pis.