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Le blog d'Ariane Beth - Page 111

  • Faire durer la danse

    « n°54 : La conscience de l'apparence.

    (…) Que puis-je énoncer d'une certaine essence sinon les seuls prédicats de son apparence !

    (…) L'apparence, c'est pour moi cela même qui agit et qui vit, qui pousse la dérision de soi-même jusqu'à me faire sentir que tout ici est apparence, feu follet, danse des esprits et rien de plus,

    – que parmi tous ces rêveurs, moi aussi ''l'homme de connaissance'', je danse ma propre danse, que l'homme de connaissance est un moyen de faire durer la danse terrestre, et qu'il fait partie en cela des grands intendants des fêtes de l'existence, que l'enchaînement et la liaison sublime de toutes les connaissances sont et seront peut être le suprême moyen de maintenir l'universalité de la rêverie et la toute-intelligibilité mutuelle de tous ces rêveurs, et par là justement de prolonger la durée du rêve. »

    (Friedrich Nietzsche Le Gai Savoir Premier livre)

     

    Si l'on rapproche ce texte des précédents, on voit que Nietzsche n'a pas peur de se contredire.

    À moins que ce ne soit pas là contradiction, mais recherche d'une synthèse plus profonde, celle du – paradoxe.

    (Décidément ce truc du tiret, on y prend goût) (cf 19 mars À grands flots d'encre)

     

  • Faisons l'essai

    « n° 51 : Sens de la vérité.

    Je me félicite de tout scepticisme auquel il m'est permis de répondre : ''Faisons l'essai !'' Mais je ne veux plus entendre parler de ces choses et de ces questions qui n'admettent pas l'expérience. Telle est la frontière de mon ''sens de la vérité'' : car la bravoure y a perdu ses droits. »

    (Friedrich Nietzsche Le Gai Savoir Premier livre)

     

    Oui il faut du courage, de la bravoure, pour affronter la réalité, passer ce qu'on admet pour vrai au crible de l'expérience. Mais sans cette vérification, la vérité reste un vain mot.

     

  • Terre ferme

    « n°46 : Notre étonnement.

    (…) Nous sommes tellement convaincus de toute l'incertitude et toute l'extravagance de nos jugements, ainsi que l'éternelle variation de toutes les lois et tous les concepts humains, que nous sommes vraiment étonnés de voir avec quelle fermeté les résultats de la science tiennent bon !

    (…) Perdre enfin pied ! Flotter dans les airs ! Vagabonder ! Être fou ! – cela faisait partie du paradis et de la volupté des époques anciennes : tandis que notre béatitude à nous est pareille à celle du naufragé qui a rallié la côte et se campe des deux pieds sur la bonne vieille terre bien ferme – en s'étonnant qu'elle ne vacille pas. »

    (Friedrich Nietzsche Le Gai Savoir Premier livre)

     

    Ce ne sont pas tant les résultats de la science qui tiennent bon, que la méthode qui fonde la science.

    En s'appuyant sur les résultats qui sont déjà fermement acquis, on va émettre une hypothèse, puis travailler (par le calcul abstrait et/ou l'expérimentation concrète) à voir si elle se vérifie ou au contraire est infirmée.

    Ce qui conduira à émettre une nouvelle hypothèse en conséquence, puis la passer à son tour au crible de la vérification etc.

    Ainsi pourront varier régulièrement les résultats de la science, sans que soit atteinte sa fermeté, on pourrait même dire : au contraire.

    Cette procédure d'expérimentation et de vérification est nécessaire à pallier l'incertitude et l'extravagance spontanées de nos jugements.

    Et c'est pourquoi c'est la reconnaissance de cette incertitude qui est la base de toute démarche de savoir et de pensée. Je sais une chose, que je ne sais rien.

    Ou encore : que sais-je ?