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Le blog d'Ariane Beth - Page 220

  • Miam

    En même temps que le plaisir de manger quelque chose de bon, miam en exprime le désir. On dira miam en dégustant le plat, et aussi bien en le voyant arriver.

    Ou même à la seule mention de son nom. D'où l'inventivité des cartes de restaurant.

     

    « Beignets de putois putride à la graisse de vidange finement rouillée, et leur coulis de dégueulis verdâtre, sur lit de paille marinée en pourriture … miam ! Si on prenait ça, Chouchou ? Ça doit être une tuerie ! »

     

    Au delà du plaisir et du désir de manger, miam en tant qu'onomatopée en exprime le besoin, c'est à dire la faim elle-même, de la façon la plus simple, la plus brute, et donc la plus adéquate.

     

    La prononciation du son m en initiale et finale mime le mouvement des lèvres se refermant sur l'aliment. Et par là appelle la venue de l'aliment à portée de bouche.

    (Le redoublement du m se retrouve ainsi dans « mama », nomination quasi universelle de la mère nourricière dans les bouches de bébés). 

     

    Bref dans cette onomatopée, comme dans un cri d'animal, c'est le corps qui parle. C'est une onomatopée vraiment pulsionnelle, comme peut l'être, sur le versant opposé, pour exprimer non plus le plaisir ou le désir, mais la douleur, un « aïe » (ou kaï) bien senti.

     

     

  • Kaï kaï

    Kaï kaï est une onomatopée de BD. Elle m'évoque immédiatement Milou, Rantanplan, Idéfix (oui j'ai des références classiques en ce domaine) (comme en beaucoup d'autres en fait) s'enfuyant, queue entre les jambes, en bullant kaï kaï.

     

    Du point de vue psychologique, voire psychanalytique, kaï kaï s'interprète de toute évidence comme l'expression primaire d'une incertitude existentielle, quand le sujet se trouve brutalement confronté à l'inquiétante étrangeté freudienne.

    Quand le monde se fait kafkaïen, que faire sinon kaïkaïer son angoisse ?

     

    Au plan linguistique, le débat sur l'étymologie de ce sémantème reste ouvert.

    Pour ma part je me rallie à une conception que je nommerais compressive-hybride.

    Compressive car il s'agit de la contraction des deux termes « quoi » et « aïe ». Hybride car ils appartiennent à des catégories lexicales hétérogènes, l'un pronom l'autre onomatopée.

     

    Remarquons : pronom quoi + onomatopée aïe = onomatopée kaï.

    Ainsi comme le masculin « l'emporte sur » le féminin dans les mécanismes morphologiques d'accord, l'onomatopée, expression brute, primaire, l'emporte sur le pronom qui, lui, renvoie à la structure symbolique du langage.

     

    Obélix : Oui mais c'est quoi la structure symbolique du langage ?

    Tintin : Très simple, mon vieux. Le mot, non content de désigner une chose présente, peut faire exister la chose en son absence.

    Astérix (qui a fait grec première langue) : Oui oui car symbole vient de sun bolein = mettre ensemble.

    Idéfix et Milou : Ouah ouah je vois. Le mot et la chose sont comme deux morceaux d'un os brisé, et la signification les recolle. 

    Lucky Luke : Ouaip, ou comme les deux bouts d'un billet déchiré.

    Rantanplan : Un os, où ça ?

    Joe Dalton : Un billet, où ça ?

    Averell et Obélix : C'est pas tout ça mais quand est-ce qu'on mange ?

     

    - Et qu'est-ce qu'on boit, les moussaillons ? 

    - Ah bonjour Capitaine, il ne manquait plus que vous.

     

     

     

  • Iodlala jodlala

    Dans mon Robert, je n'ai pas trouvé d'onomatopées en i ni j (non ce n'est pas un mot japonais). Ce qui s'en rapproche le plus est le verbe iodler ou jodler.

     

    La tyrolienne, chant guttural, modulé, semble évoquer un cri d'animal (peut être est-ce son origine)

    (faudrait que je demande à Karambolage cf Brrr).

    L'animal serait un gibier à plumes bien sûr, vu que ce sont des plumes qui ornent le feutre du costume traditionnel. Et plus précisément des plumes de gallinacées.

    La tyrolienne serait donc issue du chant d'une espèce de poule faisane (ou de poulet faisan), chassée au Tyrol.

     

    On ne peut que louer duTyrolien le talent de musicien et le sens pratique.

    Le iodlala joint l'agréable à l'utile.

    Il offre le plaisir de se livrer à des acrobaties vocales, tout en remplaçant avantageusement l'appeau.

    Un appeau, ça peut tomber de la poche de la Lederhose, se fêler, se boucher peut être. Le faisan sera-t-il appâté par un congénère qui a l'air d'être enrhumé, ou pire qui chante faux ?

     

    Ainsi au Tyrol, le chasseur sachant chasser est un chanteur sachant iodler.