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Le blog d'Ariane Beth - Page 403

  • Et cetera

     

    Écervelé pas vraiment.

    Éclairant, dissolveur de ténèbres

    (oui dissolveur, parce que dissolvant ça sonne manucure et dissoudeur ça fait job mal payé), sans haine de la nuit mais dans la passion du jour. Lucide et précis. Polisseur de lentilles (à plus de dix sous de l'heure) et étudiant l'arc-en-ciel.

    Édifiant, architecte phrase à phrase d'une œuvre de liberté.

    Égrotant toujours, la faute à une santé faiblarde et un manque de confort.

    Élitiste ? N'aimant en tous cas ni les cons ni les menteurs ni les violents. À ce compte l'élitisme n'est-il pas un humanisme ?

    Élucubrant ? Oui car au premier sens élucubration = ouvrage exécuté à force de veilles et de travail (dit Robert en ses propres élucubrations).

    Élyséen, roi au séjour des bienheureux.

    Émancipateur, libérateur, anti-tristesse, anti-passivité.

    Embrasé, certains auraient bien voulu l'y voir sur quelque bûcher. Mais il ne quitta pas la protectrice Hollande.

    Émigré il ne le fut jamais, mais ses pères l'avaient été, fuyant le Portugal, et avant eux ils furent tant d'autres à fuir. Mon père était un araméen errant.

    Émouvant au sens propre, à vous remuer les neurones, à vous déloger de vos certitudes, à vous arracher à vos inerties, à vous enthousiasmer.

    Empêcheur de tourner en rond, les mouches en savent quelque chose. (cf Asticot)

    Endetté non, enrichi non plus, détaché de l'argent tout simplement, ne vivant que dans la valeur d'usage des choses, au plus près de ses besoins.

    Entêté un peu quand même, disons persévérant dans ses affirmations.

    Entomologiste, les mouches et araignées en témoigneront.

    Entrepreneur, créateur de richesse oui, mais syndiqué au Medef pas que je sache. Divergence d'interprétation du mot valeur ?

    Épicier il cessa de l'être, laissant le commerce familial à son frère. Chacun ses spéculations.

    Épineux oui forcément (cf Baruch), pas toujours commode, et subtil, aigu, pointu, précis.

    Épistolier beaucoup, dans la République des Idées s'échangeaient moult missives.

    Époux ben non, la faute à cette mijaurée de Melle Vanden Ende (cf Bible).

    Éprouvé et réprouvé, rejeté bêtement par cons & méchants associés.

    Essentiel quoi d'autre ?

    Esthétique comme peut l'être une démonstration mathématique. Pour le reste pas moche sur ses portraits (beaux yeux surtout) mais peut-on s'y fier ?

    Éthique. Forcément.

    Exact : exact.

    Excentrique, inscrit dans aucun cercle.

    Exigeant autant qu'exemplaire.

    Existant

    "car le sage étant, par une certaine nécessité éternelle, conscient de soi, de Dieu et des choses, jamais il ne cesse d'être."

    (Scolie final de l'Éthique)

     

  • Désir

     

    Urgence peut être mais vu le rythme qu'on a pris, on n'est pas rendu à Z. Il nous faudrait un Spinoza Tour en 8 jours genre visite de l'Europe pour classe moyenne chinoise.

    Ou alors un Spinoza speed-dating. Un speedoza quoi. (Le calembour destroy, comment y renoncer, car tel est le conatus de ma façon).

    Mais soit, je vous ai compris, ô mes lecteurs, je vais accélérer le mouvement pour ne pas vous lasser. Et accessoirement pour ne pas me lasser moi-même, car inlassable je ne suis hélas.

    Bref donc : le désir. Imaginons que je sois paresseuse et que je copiecolle en gros ce que j'écrivis dans ce même blog sur ce même sujet, le 16 juillet 2013.

    « "Par Affects j'entends les affections du corps qui augmentent ou diminuent, aident ou répriment, la puissance d'agir de ce corps, et en même temps les idées (= représentations mentales) de ces affections." (P3 déf 3)

    L'affect est donc une force d'impact aussi bien dans le plan réel des corps, que dans celui, abstrait et imaginaire, de leurs représentations en idées.

    Comme toute force, il se caractérise en deux paramètres : intensité et direction.Toute la machine des affects dans l'Éthique fonctionne par combinaison de ces deux paramètres.

    L'intensité de la force permet de distinguer affects actifs et affects passifs. Les affects passifs diminuent la puissance, les actifs l'augmentent.

    La direction de la force permet de distinguer ce qui va dans le sens du conatus, ce qui l'aide, de ce qui va à son encontre, le freine, le réprime.

    Le moteur de la machine est le désir (cupiditas), moteur démarrant sous un impact quelconque.

    "Le désir est l'essence-même de l'homme en tant qu'on la conçoit déterminée, par suite d'une quelconque affection d'elle-même, à faire quelque chose. (P3 déf1)

    J'y embrasse ensemble tous les efforts (conatus) de la nature humaine que nous désignons sous les noms d'appétit, volonté, désir ou impulsion (appetitus voluntatis cupiditatis vel impetus) lesquels varient en fonction des variations de l'état d'un même homme, et il n'est pas rare de les voir tellement opposés entre eux que l'homme, tiraillé en des sens divers, ne sache où se tourner." (Explication déf 1).

    (CQNPD en effet).

    Il y a deux autres affects de base, qui déplacent le curseur dans des sens opposés sur l'échelle mesurant la puissance.

    "La joie est le passage de l'homme d'une moindre perfection à une plus grande (déf 2) La tristesse est le passage de l'homme d'une plus grande perfection à une moindre."(déf 3)

    Ni joie ni tristesse ne sont des valeurs absolues, mais bien des différentiels de perfection (= d'adhésion à tout le réel, déjà actualisé ou encore potentiel).

    C'est donc le passage, le mouvement du curseur qu'il faut repérer. D'où les procédures qui balisent le parcours éthique

    1/ repérer quand le moteur Désir se met en marche

    2/ observer dans quelle direction il déplace le curseur Joie/Tristesse

    3/ ramener ce curseur à un niveau compatible et si possible favorable pour son conatus. » (écrivais-je donc en ce temps-là).

    Conclusion : Voilà toute l'affaire. Reste plus qu'à le faire. C'est pas facile ? Qui a dit le contraire ?

    Remarques :

    a)On cite souvent "le désir est l'essence-même de l'homme" en oubliant "en temps qu'on la conçoit déterminée". (cf Conatus)

    b)Il met dans le même sac désir et volonté. Et ça, "c'est vraiment lui".

     

     

  • Démontrable

     

    Cette histoire de façon géométrique (more geometrico) est l'élément qui contribue généralement à dissuader le lecteur lambda de lire l'Éthique (y a aussi le fait que c'est un gros livre avec beaucoup de pages en petits caractères).

    Il va alors chercher des leçons de vie dans le dernier bouquin de filozofs buzzeurs z'et médiatiques z'et nettement plus lizibles sans z'effort que Spinoza mais z'un peu moins zéniaux ze dirais.

    Certes tous les conatus sont dans la nature. Mais :

    1) Je ne suis pas sûre que ce soit un bon calcul côté rapport qualité/prix. Mon édition bilingue (latin + traduction) assortie d'annexes aussi croustillantes que la vie de Spin par Colerus ne m'a coûté que 10 euros.

    Comparez.

    2) Pourquoi le géométrique spinoziste est-il si dissuasif pour l'éventuel lecteur ? (That is the very question comme ne disait pas Spinoza). Réponse parce qu'on croit généralement la logique mathématique difficile à suivre.

    3) Cette croyance est un préjugé, ou alors le post-trauma d'une scolarité sous le signe du zéro en math. Chiffre ô combien complexe et dans ce cas devenu complexant.

    Spinoza a perçu le risque de perdre des lecteurs en «(procédant) à ces démonstrations selon notre prolixe ordre Géométrique »

    (Éthique partie 2 scolie prop 18).

    Raisonner ainsi étant tisser une toile fil à fil, et sans perdre le, il y faut c'est vrai de la patience, qualité peu pratiquée de nos jours.

    Et avant pas tellement non plus, car ambitionnant d'autres lecteurs que les patientes araignées de son plafond, Spinoza se résout à quelques entorses à l'ordre géométrique.

    Préface à chaque partie (sauf la P1 commençant dans une abruptalité qui est un bon test de motivation), démonstrations assorties de scolies* propres à faire eurêker le lecteur insuffisamment aigu.

    Ainsi à quelque niveau d'acuité ou d'arachnéisme qu'on en soit, on peut faire deux lectures parallèles du livre (dit Deleuze).

    L'une pas à pas dans l'ordre des propositions sans lâcher le fil de sa logique abstraite. L'autre plus buissonnière voire papillonnante, à travers les passages plus concrets ou imagés.

    Naturellement le but est d'avoir tout lu à l'arrivée, du moins si l'on veut vraiment comprendre. Mais le mieux est de s'y prendre à sa façon.

    Spinoza a adopté la forme d'écriture géométrique pour une raison simple et déterminante. L'avantage du raisonnement mathématique c'est qu'au premier décrochage ou inattention on est paumé.

    Par conséquent c'est un parfait garde-fou anti-flou. Et ainsi on ne perd pas de temps en débats oiseux. Et donc l'apparent long détour de toutes ces démonstrations est en fait économie de temps et d'énergie.

    Économie indispensable parce que l'éthique, de son temps comme du nôtre, c'est urgent.

     

    * Robert dit : scolie ou scholie n.fém et masc (un mot accommodant, non ?)

    1)au féminin : annotation philologique et historique due à un commentateur ancien, et servant à l'interprétation d'un texte

    2)au masculin : remarque à propos d'un théorème ou d'une proposition (c'est donc çui-là dans l'Éthique. Quoique. Du 1, « y en a aussi » comme il est dit dans une immortelle séquence des Tontons flingueurs.)