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Le blog d'Ariane Beth - Page 406

  • Araignée

     

    Annexée à mon édition de l'Éthique se trouve « La vie de B. de Spinosa tirée des écrits de ce fameux philosophe Et du témoignage de plusieurs personnes dignes de foi qui l'ont connu particulièrement. » par Jean Colerus, Ministre de l'Église luthérienne de La Haye (1706)

    1) Spinoza étant mort en février 1677, le moins qu'on puisse dire c'est que sa vie par Colerus n'est pas un reportage en direct live.

    2) Le hasard est farceur. Colerus sonne décalé, s'agissant du biographe d'un homme que ses écrits comme le témoignage de plusieurs personnes etc. font plutôt imaginer en parangon de longanimité.

    Cela dit ce nom a-t-il rapport à l'idée de colère, par exemple à un ancêtre irascible dudit Colerus ? Pas sûr.

    3) Spinoza était-il vraiment la crème d'homme que décrit Colerus (au plan du comportement, pour ses opinions il est moins hagiographique, on le verra) ?

    Vaste question qui se pose aussi pour bien d'autres génies.

    Question inutile à mon sens. Faute de témoignages directs ou d'impressions personnelles suite à la rencontre du Spinoza de chair et d'os, fions-nous à ses écrits.

    Avoir donné l'Éthique c'est déjà pas mal dans le genre service rendu à l'humanité, non ?

    4) Mais cela n'empêche pas la curiosité que vient opportunément satisfaire Colerus.

    « Pendant qu'il restait au logis, il n'était incommode à personne. » Un bon point pour lui : il pratiquait de toute évidence le primum non nocere (cf 25 déc 2015) avec un certain succès.

    « il y passait la meilleure partie de son temps tranquillement dans sa chambre. » Oui c'est sûr rester tout seul dans son coin ça aide à ne gêner personne.

    Comme dit Pascal « tout le malheur des hommes vient d'une seule chose, qui est de ne pas savoir demeurer en repos dans une chambre. »

    (Perso j'ajouterais deux trois choses comme rivalité, pulsion de mort et tout ce qui s'ensuit, mais je dis ça je dis rien et puis ne nous égarons pas).

    « Lorsqu'il lui arrivait de se trouver fatigué pour s'être trop attaché à ses méditations philosophiques, il descendait pour se délasser, et parlait à ceux du logis (…) même de bagatelles. »

    Ça va sans dire, qui peut le plus peut le moins CQFD. Le mec qui vous écrit une définition de Dieu sans coup férir, qu'est-ce qui l'empêche de disserter sur les riens quotidiens, le prix du pain, le temps qui fraîchit.

    Ou de raconter la dernière petite blague qui court en Hollandie (ben quoi La Haye c'est en Hollandie oui ou non ?), ajoutant son grain de sel avec une verve qu'il n'est pas interdit de lui supposer.

    « Il se divertissait aussi quelquefois à fumer une pipe de tabac ». Mais ne pas déduire que c'est pour cela qu'il partait du poumon. « Quelquefois » exclut l'addiction grave.

    La phtisie ou genre qui l'a tué mettons-la sur le compte des rigoureux hivers bataves durant le petit âge glaciaire.

    En outre rappelons-nous combien on s'employa à étouffer sa liberté et qu'ils furent nombreux, admirateurs, jaloux, cons, méchants, à sérieusement lui pomper l'air.

    Le rapport avec l'araignée ? Z'êtes pas patients, hein ? Vous voulez que je vous dise vous n'en auriez pas fait une bonne d'araignée. Bon allez à suivre.

     

     

  • ABS

    Malgré les apparences ce titre n'annonce pas une publicité pour les systèmes de freinage à même d'éviter les dérapages incontrôlés sur routes verglacées. Ce qui serait d'ailleurs peu utile en cet hiver clément.

    En outre ce blog fait plutôt dans l'inutile, ça ne vous aura pas échappé.

     

    ABS ne note pas pour autant l'absence de lecteurs, de ceux qui s'abstiennent de prêter attention et temps à ce blog pourtant si passionnant. Quoiqu'inutile.

    ABS n'est pas davantage le sigle d'une association reconnue d'intérêt public telle que : « Auteurs Brutaux et Satiriques », « Amis de la Bêtise Savante », « Affligeants Bavards Superflus », « Activistes pour le Bannissement de la Sottise » etc.

     

    En fait la dernière n'est pas sans rapport. Car j'entends par ABS : Abécédaire de Base sur Spinoza (Ou Abécédaire à Base de Spinoza, ou Alpha Bêta Spinoza, etc. brodez à votre idée).

    Je me propose de consacrer les jours qui viennent à l'écrire.

    Il nous fera flâner dans la vie et l'œuvre du susnommé, l'une comme l'autre (surtout l'autre car elle est nettement plus connue) propres à nous instruire et nous édifier.

    Ce qui n'est plus à démontrer. Mais vaut toujours la peine d'être répété.

     

    Je l'avoue, de Spinoza j'aurais volontiers été l'élève. En philo comme en polissage de lentilles. Surtout le deuxième, à la réflexion. Au moins je saurais un truc concret, utile.

     

    Ce qui est sûr c'est que Spinoza est un ami. Un ami mort, certes. Mais pas moins présent pour autant.

     

    Si forte, si passionnante est son œuvre, que lorsqu'on s'en est une fois approché, il devient ensuite difficilement évitable de vivre ou penser sans revenir régulièrement passer un peu de temps (selon la belle expression de Deleuze)

    « au milieu de Spinoza ».

     

    Ce à quoi nous allons nous adonner dès la prochaine fois.

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Et inversement

     

    « Que philosopher c'est apprendre à mourir » titre le chapitre 20 du livre I des Essais. La forme latinisante, toute spontanée qu'elle soit sous la plume de Montaigne, lui donne pour nous lecteurs modernes une solennité compassée.

    Pourtant ici comme ailleurs, Montaigne, tout en développant des propos aussi convenus que stoïco-compatibles, ne laisse de répondre au rictus de la Camarde par un sourire, de déjouer l'angoisse par le charme de l'ironie.

    Et de fait ce titre incite diablement au jeu du détournement.

    Que philosopher c'est apprendre à mourir.

    Que mourir c'est cesser de philosopher. Mais que cesser de philosopher n'est pas le pire désagrément de la mort. Si on y réfléchit.

     

    Que philosopher c'est apprendre à mourir.

    Que mourir ça nous apprendra à essayer de philosopher. Tout ça pour ça. On aurait mieux fait de faire un truc utile à l'humanité je sais pas moi genre trader.

     

    Que philosopher c'est apprendre à mourir.

    Que philosopher c'est entreprendre de sourire avant que de pourrir. Avec Desproges entre autres. Sourire avec Desproges je veux dire, pas pourrir. Quoique. Que philosopher c'est accepter de pourrir pourvu qu'on ait souri.

     

    Que philosopher c'est apprendre à mourir.

    Qu'apprendre l'humour c'est pas pour les ripoux ni pour les faux fols.

     

    Que philosopher c'est apprendre à mourir.

    Que rire des sots c'est comme prendre de la poudre. En plus euphorisant. Quoique tout aussi addictif. Enfin j'imagine. Je dis j'imagine parce que sinon vous allez vous imaginer des choses.

     

    Que philosopher c'est apprendre à mourir.

    Qu'apostropher les mous du genou c'est facile quand on peut courir.

     

    Que philosopher c'est apprendre à mourir.

    Que fesser Sophie n'est pas lui apprendre à vivre. « Émile ça lui donne le fou-rire, mais c'est pas ma faute. » Rousseau confessons-le fut philosophe certes mais un martinet paranoïaque. Euh un tantinet. Pourquoi mais ?

     

    Que philosopher c'est apprendre à mourir.

    Que filer la métaphore et affoler les mots sens dessus dessous, ça fait Belle Marquise d'amour mourir (sans dessous du tout ?)

     

    Que philosopher c'est apprendre à mourir.

    Que jouer au bridge c'est parfois faire le mort pour tuer le temps.

     

    Que philosopher c'est apprendre à mourir.

    Que philosopher c'est trouver sa récompense mort ou vif.

    Disons vif ?