Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Le blog d'Ariane Beth - Page 408

  • Ou bien

    Résolution n°9 : Arrêter de prendre des résolutions.

    Car de deux choses l'une. Ou bien vous tenez facilement une résolution, ou pas. Si vous la tenez sans vous contraindre, c'est qu'il ne tient qu'à vous de la tenir, il ne tient qu'à vous d'être et d'agir selon elle. Ce qui veut dire qu'elle correspond à votre tempérament profond. Et par conséquent vous l'auriez tenue sans même avoir à la prendre. Vous saisissez CQFD ?

    Mais si vous avez trop de mal à tenir une résolution, toute fondée et justifiée qu'elle vous apparaisse, s'il vous faut entrer en lutte avec vous-mêmes, renier vos mouvements spontanés, ou encore que vous passez votre temps à l'oublier, c'est signe d'un truc pas vraiment arrêté, genre tricot qui se démaille, ourlet qui se découd. Alors le mieux est de couper court à vos velléités de réforme. On ne met pas une pièce nouvelle à un vieux vêtement.

    Dans ce cas-là faut carrément changer de tailleur, de patron, de tissu peut être. Imageons le propos à l'aide d'un exemple pris au hasard. Dire lampion ne dénote-t-il pas l'effort artificiel d'afficher un esprit de fête ? Dans un cas désespéré, la véritable réforme ne consisterait-elle pas à devenir lampion, à laisser son être tout entier se lampionniser ?

    Un peu comme se faire ver luisant si vous voulez (amoureux d'une étoile si possible). Ce qui permettrait d'ailleurs de satisfaire de façon plus essentielle à une autre résolution : au lieu de s'échiner à en écrire, se faire vers soi-même. Une résolution bien concrète, bien terre à terre : l'idéal.

    Tiens c'est vrai, Dieu me rimaille je ferais un octosyllabe fort présentable j'en suis sûre cf note Huit du 19 septembre dernier … Euh. Bon. Cesser d'être légèrement obsessionnelle en fait de classement, cesser d'être un tout petit peu phobique : des résolutions que je ne risque pas de me risquer à prendre.

    Pour réactiver ma compulsion à l'échec ? Non merci trop peu pour moi. (Je dis pas qu'il ne m'arrive jamais de tendre au ratage ou à la rature. Mais c'est à la marge).

    D'un autre côté, comment ne pas voir qu'en toute logique il est absurde d'imaginer que la résolution « arrêter de prendre des résolutions » connaisse un autre sort que les autres. Illusoire de croire que la pulsion résolutionnaire ne reprendra jamais le dessus, nous contraignant à arrêter d'arrêter. Décidément tout ça est mal barré. Quoique.

    Sans me vanter étant presque aussi habile dans l'art de la synthèse que qui vous savez (je parle de Hegel who else?), j'entrevois une possible solution à ce problème de résolutions.

    Il suffira d'opter pour l'option « prendre une irrésolution » de façon à gagner sur les deux tableaux. En faisant brillamment preuve d'esprit décisionnaire sans pour autant s'interdire de changer d'avis.

    Un mouvement aussi alternatif que perpétuel. Le paradis du scepticisme. Exactement ce qu'il me faut.

     

     

     

  • Quoique

     

    Résolution n°8 : Arrêter de dire lampion une fois par jour.

    Je crois que c'est plus raisonnable, ce sera mieux pour tout le monde. Autant prendre l'initiative de la rupture plutôt que laisser les choses s'effilocher. Je ne suis pas capable de tenir une résolution aussi exigeante, vous avez vu la dernière fois c'est pas passé loin que je me vautre.

    Je mesure les dommages de ma renonciation, les attentes déçues, les rancoeurs inextinguibles que va susciter une telle décision. Mais tant pis j'assume.

    Cela dit, je me demande si je ne fais pas une grosse connerie. Car entamer une conversation en sachant qu'on dispose d'un mot en permanence sur le bout de la langue pour le cas où, c'est un peu comme prendre le volant avec la roue de secours dûment arrimée dans un coin du coffre (ou par là, non ?).

    Chaque fois que l'échange se tarit, qu'il menace de tourner au vinaigre, ou encore lorsque la vérité ne serait pas si bonne à dire qu'on veut bien le dire, hop vous dégainez votre mot de secours. Exemple.

    Vous habitez au dernier étage de votre immeuble. Vous prenez donc l'ascenseur, au moins pour monter. Quoique. Si vous avez des problèmes de rotules un conseil prenez-le aussi pour descendre.

    Quoique. En fait il y a trois paramètres les os, les muscles, le souffle. Trois paramètres à combiner chaque fois avec l'un des deux cas descente ou montée. Euh, bon.

    C'est pas si simple que ça en a l'air, finalement. Le problème d'ascenseur serait-il aussi casse-tête que ses célèbres frères en problémitude qui envisagent robinets ou trains qui se croisent ?

    Bref posez les calculs de votre côté et on se tient au courant (au fait la panne de courant quand on est dans l'ascenseur, vous y pensez jamais ? Non ? Ça se voit que vous êtes pas phobiques, veinards).

    Bref s'il y a plein de monde dans l'ascenseur, on a un peu trop chaud certes, on est obligé de se serrer, mais au moins pas de stress conversationnel. Deux cas.

    1) la conversation est bien entretenue (comme l'est l'escalier par les bons soins de la gardienne, qui ne fait pas ça que pour les étrennes mais parce qu'elle a le goût du travail bien fait), et vous pouvez écouter d'une oreille distraite, opinant de temps en temps histoire de montrer une empathie de bon aloi et de bon voisinage.

    2) la conversation se meurt, mais comme vous êtes plusieurs, le soin de la réanimation ne vous incombe pas particulièrement. D'autre part si vraiment personne ne se précipite pour la soutenir et qu'elle défaille définitivement, eh bien vous partagerez entre copro et/ou coloc une minute de silence, ce qui ne peut manquer de souder votre communauté immobilière.

    Mais si vous n'êtes que deux, le silence va se faire plus gênant. Si bien que lorsque vous aurez épuisé le colloque météorologique, le point circulation du jour, le bulletin de santé de vos enfants respectifs, éventuellement leur bulletin scolaire si aucun de vous n'est prof, vous sentirez la gêne monter.

    Alors peut être ne cracherez-vous pas sur la possibilité de murmurer lampion sur un ton interrogateur, afin de relancer la conversation jusqu'au palier du dernier étage.

     

     

  • Pourquoi pas

    Et puis pendant qu'on y est :

    Résolution n°7 : Peindre Guernica.

    Variante 1 de la R7: Composer La Flûte enchantée.

    Variante 2 de la R7 : Écrire Roméo et Juliette.

    D'autres s'en sont déjà chargés ? Eh oui en fait c'est bien le problème (le seul sinon quoi ?) : déjà fait. Mais pas d'angoisse, il y a une solution alternative. Un joker qui se joue avec une phrase de Joann Sfar (je vous l'ai déjà citée il y a quelque temps. Pour ceux qui suivent. Où ça ? Un indice ? Même pas en rêve) : « Ce que je regarde, je le dessine avec mes yeux. »

    Il arrive ça, qu'on dessine avec ses yeux la ligne pure des collines dans le couchant. Qu'on plonge dans le rouge vibrant des coquelicots, regard happé, cœur exultant. Que l'on soit tout entier dans le parcours du dessin d'un visage, retrouvant l'extasiement du premier regard.

    (OK extasiement n'existe pas, mais extase ça dit pas bien la même chose je trouve)

    Pourquoi que cette intense proximité on l'aurait pas tout pareil avec quelques belles choses par la grâce desquelles n'être plus qu'un homme (une femme) qui dit oui ? Oui évidemment : avec Roméo et Juliette, dans les œuvres à lire avec son stylo à soi on mettra Le gai savoir. Et les Essais ça va sans dire.

    Et puis on mettra Illuminations, et aussi Les Frères Karamazov avec L'Idiot au bras d'Un Cœur simple, suivis d'Un Roi sans divertissement, qui serait toutes Illusions perdues forcément, et n'aurait plus qu'à brûler un cierge à Notre-Dame de Paris. Bon, arrêtons-nous là, sinon ça nous mènera vite fait jusqu'à l'année prochaine.

    Tiens c'est une idée. Au lieu d'infliger au lecteur mes machins à moi, je pourrais me contenter de recopier dans ce blog de belles choses qui valent vraiment la peine. Comme on dit on ne change pas une équipe qui gagne. Euh c'est pas ça. Tu vas pas réinventer le fil à couper le beurre ? Oui. Enfin non, justement, je voulais dire oui c'est ça.

    D'un autre côté, faut voir que si on y était allé par là, si chacun s'était mis à inhiber sa petite pulsion créatrice devant le premier chef d'œuvre venu, l'humanité ne serait pas allée bien loin.

    Les gens se seraient arrêtés de peindre genre après Lascaux. De squatter des auberges sauf la Grande Ourse. D'échafauder des viaducs après le Pont du Gard. Résultat si l'envie nous prenait d'aller de Montpellier à Clermont-Ferrand, on serait encore obligé de traverser Millau et bonjour les embouteillages.

    Et de proche en proche en remontant, il est clair que personne, pas même un petit chouïa d'atome qui aurait traîné dans le coin, n'aurait osé faire quoi que ce soit après le Big-Bang. Or globalement malgré tout, on se dit qu'on a tendance à préférer qu'il y ait ce qu'il y a plutôt que rien.

    Donc tant pis autant continuer. D'écrire ce blog j'entends. Pour le reste j'ai déjà moins mon mot à dire. Oups ! Au fait : lampion. (Sais pas si je tiendrai toute l'année, là déjà il était moins cinq).