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Le blog d'Ariane Beth - Page 497

  • Chapitre 7

     

     

     

    Chapitre 7 : Un déménagement est-il indiqué en cas de suspicion de paranoïa ?

     

    L'avis du sage mieux vaut en délire.

    Li Fu : Ne chinoisons pas

     

    Paranoïa n.f. 1 Délire systématisé avec conservation de la clarté de pensée, ou délire d'interprétation. 2 Troubles caractériels (orgueil démesuré, méfiance, susceptibilité excessive, fausseté du jugement avec tendance aux interprétations) engendrant un délire et des réactions d'agressivité.

     

    Pas à dire Boby là pointe, une fois de plus, l'essentiel. On sent le spécialiste des mots autant que des choses, de la naissance de la clinique et même de son âge mûr, bref le mec qui a vécu, survécu, et même, qui sait, dans une maison de santé où il a résilié comme un malade. Il n'y manque qu'une chose, que le diligent lecteur aura su repérer (et certes il faut beaucoup de diligence pour repérer un manque) : l'habituelle citation illustrative et/ou le proverbe universellement attesté.

     

    Bon, DT oblige, je suis obligée de signaler que le mot suivant sur la page, paranoïaque, nous offre tout de même, faute de proverbe, une citation, de Dali en l'occurrence.

    Activité paranoïaque-critique : méthode spontanée de connaissance irrationnelle basée sur l'association interprétative-critique de phénomènes délirants. C'est fou comme le sujet y est bien cerné, j'entends le nôtre, du moins le mien.

    Car cette citation de Dali m'éclaire enfin sur le caractère exact de mon ego cartésien. Descartes, Descartes, oui mais Descartes-Dali : méthode spontanée de connaissance irrationnelle. Et je conçois du même concept pourquoi j'ai éprouvé l'impérieux désir de philosopher sur le déménagement. Car s'il existe un phénomène délirant, c'est bien le déménagement. Ne dit-on pas à quelqu'un, pour lui signifier qu'il ne sait plus trop où il habite : tu déménages, mon pauvre vieux !

     

    • Mais c'est n'importe quoi, tu pousses le bouchon un peu loin, non ? Où tu es allée dénicher ça, ma pauvre Ariane ?

    • Où veux-tu, c'est dans Berty, c'est le n°2 de sa définition déménager, je te ferai dire ! T'as qu'à aller voir page 668, après y a déménageur, et après déménageur y a démence, alors si c'est pas une preuve, ça !

    • Écoute, je ne voudrais pas jouer les rabat-joie, mais tu devrais faire quelque chose pour ton addiction robertique …

    • T'es jaloux, Axel, c'est tout.

    • Pas du tout, mais tu devrais te rendre compte qu'à compulser compulsivement ton dico pour prof de lettres, tu perds le sens des réalités …

    • Quoi !!! Alors c'est la meilleure, celle-là. Si la réalité elle est pas dans le dico, elle est où, hein ? Et puis ça veut dire quoi ce petit ton méprisant « ton dico pour prof de lettres », vas-y traite-moi de bas-bleu, tant que tu y es !

    • Ce que tu es susceptible, quand même ! Je disais juste que plus personne de nos jours ne dit « tu déménages » à quelqu'un qui délire.

    • Et tu dirais quoi, toi, puisque tu es si malin ?

    • Tu délires.

    • Tu te rends compte comme tu es dépréciatif à mon égard, là ? Après tu viendras dire que je suis susceptible. Et pourquoi pas paranoïaque, tant que tu y es ? Mais bon je suis bien bête de me justifier. Comme dit Montaigne il est impossible de traiter de bonne foi avec un sot …

    • Désolé, mais là c'est toi qui es insultante.

    • C'est toi qui as commencé en me traitant de bas-bleu. Je pratique donc la légitime défense de ma puissance d'exister sous l'impulsion de mon conatus … et attention à ce que tu vas dire !

     

    J'épargne au lecteur la suite de cette scène de ménage : je pense que ce simple extrait aura suffi à lui faire choisir le camp de la vérité et de la rationalité, c'est à dire le mien. Je reviens donc l'âme sereine à la définition de mon chéri Bobi.

    Non mais c'est pas pour dire vous le trouvez pas un peu agressif sans raison, Axel ? Je me demande s'il lirait pas Nietzsche en cachette ? Ou pire ? Il pourrait se payer une consultation philosophique pour se calmer, se zénifier, voire se stoïciser. Pas Nietzsche. Quoique. C'est pas une blague, ça existe, les consultations philosophiques. Je ne me mêle pas de dire ce qu'il faut faire au monde, d'autres assez s'en mêlent (Essais I,28 De l'amitié) : cherchez l'erreur. « Non mais on conseille rien à la personne qui vient consulter, c'est juste pour l'aider à voir clair en elle, comme un psychanalyste », disent les consulteurs en question. Là d'accord je vois mieux : c'est juste la lutte pour les parts du MIN (marché des intellos névrosés), que la crise restreint comme tous les marchés. Vu sous cet angle, d'ailleurs, on trouvera pas bizarre que dans lesdites consultations il y ait des philosophes jamais invoqués, Marx par exemple. Bon, brisons-là, ce discours m'échauffe la bile, comme je dirais si j'étais bas-bleu. Où en étais-je ?

     

    Ah oui : âme sereine, Bob, définition. Je vais me permettre de la compléter, la définition, par l'adjonction de l'axiome le plus anxiolytique, du postulat le moins timbré, du lemme le plus éminent, et surtout du Witz le plus évident que le sens commun ait produit sur la question : on n'est jamais paranoïaque sans raison. Ce qu'on peut formuler en sens inverse sans raison jamais de paranoïa. La paranoïa serait donc clairement un dommage collatéral de la raison. Par conséquent, faites table rase de la raison, votre paranoïa sera bonne pour la déchetterie. Déraisonnez, vous aurez raison de votre paranoïa. Convaincant, non ? Finalement je me demande si je pourrais pas essayer de faire auto-entrepreneuse en consultation philosophique. Faut que j'en cause à mon conseiller de Pôle Emploi.

     

    En tout cas nous avons un commencement de réponse à la question qui ouvrait ce chapitre. En cas de suspicion de paranoïa, un déménagement est particulièrement indiqué, puisque, selon un raisonnement d'une logique indiscutable digne de mon Spin Doctor favori, déménager = délirer = déraisonner = être sans raison = ne pas être paranoïaque. Et même n'être jamais paranoïaque, ce qui permet d'affirmer qu'un déménagement, non content de valoir deux incendies, vaut un bon vaccin anti-paranoïa. On me dira oui d'accord, mais déménager n'est pas remboursé par la sécurité sociale, alors qu'un vaccin, normalement …

    Je répondrai que sont remboursées normalement les maladies répertoriées comme normales (et donc les éventuels vaccins afférents). Or à ce jour aucune maladie mentale n'est répertoriée comme normale, pas plus la paranoïa qu'une autre, donc le vaccin ne vous sera pas remboursé. Et au moins le déménagement vous évitera la piqûre.

    C'est pas normal d'accord que les maladies mentales ne soient pas classées normales, mais du point de vue de la résorption de notre déficit c'est plus sage.

     

    En effet imaginons ce que ça ferait d'entreprendre de soigner aux frais de la sécu tous ceux de nos concitoyens que je ne vois comment qualifier autrement que de délirants au vu de leur confiance inébranlable, malgré les nombreux démentis de la réalité, dans la sécurité de nos centrales nucléaires. C'est bien simple, le trou de la sécu il ressemblerait à Ground Zero. Il convient donc de raison garder.

    La rigueur de cette démonstration se passe de commentaires. Néanmoins, je me méfie des gens méfiants, or un calcul basique de probabilités laisse craindre qu'il s'en trouve parmi mes lecteurs, je me vois donc dans l'obligation de présenter un exemple concret de victoire sur la paranoïa, pris dans notre vie quotidienne.

     

    Il serait dommageable, dit le sens unique commun, que les peuples effrayassent les gouvernements par des mouvements irrationnels tels que huelga general, mauvaise volonté électorale ou autres violences insensées. Car les gouvernants ne pourraient alors rassurer comme il se doit les Marchés à qui on doit beaucoup. Or les Marchés vivent dans la terreur continuelle, étant nécessairement paranoïaques, vu leur extrême rationalité. Alors les peuples opinent publiquement et majoritairement au sens unique commun, par élections ou sondages interposés, car ils ont le souci de la société générale. Et, sans ménager leur peine, ils s'emploient donc à rassurer les Marchés. « Ma foi ça fait toujours un peu de taf par ces temps de chômage » pensent-ils avec joie dans leur puissance d'exister ainsi augmentée.

    Certes, disent avec raison les Marchés, dans le binôme hégélien pas sûr que la place de l'esclave soit la pire, car il sait, lui, à quoi s'en tenir et peut sereinement abandonner toute espérance, dans la mesure bien sûr où le maître n'a pas de flottement d'âme quant à ses ambitions dominatrices. Ce qui est le cas des Marchés dont seule la Bourse flotte, pour la bonne raison qu'en lieu et place d'âme ils ont un lingot d'or. Forcément ça flotte moins bien.

    Ce qui permet d'énoncer un théorème d'éthique fondamentale : quand les marchés sont hégéliens les peuples sont spinozistes. La réciproque est naturellement indémontrable, l'ensemble des marchés spinozistes étant par définition un ensemble vide.

     

    « Je vois pas bien le rapport avec le déménagement », dira le lecteur, prouvant par là qu'il est peu au fait des prix du marché de l'immobilier. Pour nous, en outre, l'effet vaccin anti paranoïa se précisa lors de la signature de l'acte d'achat de la maison au Rible où nous vivons désormais. Signature qui eut lieu fin mars chez Maître Groscaillou. Les notaires sont appelés maîtres, certes, mais pas plus que les avocats par exemple, il ne faut donc pas bloquer sur ce mot.

    En tous cas Maître Groscaillou donna de l'acte une lecture rapide et sans fioritures, laissant peu de place aux possibilités d'interprétation, et par conséquent de délire de. Lecture ponctuée en outre de regards directs de par derrière ses lunettes de notaire, pour s'assurer que nous suivions et n'avions pas de questions. Regard direct s'opposant diamétralement au regard en coin, de biais, ou torve, bref au mauvais œil qu'il convient d'éviter à tout prix en cas de suspicion de paranoïa. En fait pour tout dire Maître Groscaillou ne nous parut pas antipathique à 100% (seulement à environ 10%, montant des frais exigés).

     

    • Il est passable ce notaire, non ? Dit Léna en remontant dans la voiture.

    • Au moins il se la joue pas trop notable. Et puis c'était gentil je trouve, quand il t'a félicitée « pour ce premier achat ». Un peu cérémonieux mais gentil, ai-je répondu.

    • C'est vrai.

    • Oui enfin c'était aussi un peu le message : « bravo, vous avez choisi le bon camp, celui des proprios ». Il est peut être pas hégélien ton notaire, mais enfin c'est pas Mère Térésa non plus.

    • Tu aurais eu confiance, toi, Axel, de signer un acte d'achat avec Mère Térésa ?

    • A mon avis elle devait pas être hyper cool en affaire, y a qu'à voir sa position sur les préservatifs.

    • Oui, et puis si tu cherches le fric pour les pauvres, tu peux être rapiat sans états d'âme, pour la bonne cause.

    • Tu crois qu'il a des flottements d'âme, Groscaillou ? Ah mais alors peut être que l'Ethique est au programme du cursus pour être notaire, maintenant ... Ah mais alors ça serait super parce qu'il serait peut être partant pour qu'on organise des conférences-débats ...

    • En tous cas, moi qui étais assise juste en face de lui, je peux vous dire qu'il a eu du mal à retenir un fou rire quand Damien lui a expliqué qu'il s'était trompé d'étude …

     

    Ah Damien. Le meilleur vaccin anti-paranoïa qu'il nous ait été donné de rencontrer à ce jour. Quasiment un bienfaiteur de l'humanité à lui tout seul, d'une déraison si naïve et résolue, source inépuisable de joie, le Spinoza des agents immobiliers ... Euh là je me laisse peut être un peu emporter, je sais pas si j'oxymorise pas un chouïa. Quoique. Maintenant que Spinoza est au programme de la première année de droit …

    (Oui je sais que peu de mes lecteurs connaissent Damien à ce jour, privilège réservé à ceux qui ont lu mon précédent ouvrage sur le rapport au monde immobilier. Mais qui sait, s'ils sont sages, il y auront droit un jour ou l'autre).

     

    En tous cas il nous fut impossible de démêler la raison pour laquelle il avait tenu à nous donner rendez-vous pour un « état des lieux » à la maison des vendeurs anglais, qui n'était encore leur, actually, que pour quelques minutes (comme on dit chez les notaires) avant d'être nôtre. Peut être pour n'avoir pas l'air de toucher sa commission indûment ?

    Nous trouvâmes la maison lessivée et Ophelia and Lear lessivés de même. Du moins métaphoriquement s'entend, car au sens propre il m'apparurent nettement négligés, vêtus de fringues de trois jours minimum, les cheveux gras, les ongles noirs. Bref le look déménageant, que pour notre part nous n'arborions pas encore, grâce au décalage d'agenda pour cause de préavis à l'agence. Comme quoi d'un mal peut sortir un bien. Ophelia arborait en outre un œil au beurre noir. Pourquoi ? Réponses possibles :

     

    1. Lear la bat, c'est un pervers cachant une violence abjecte sous des dehors flegmatiques et britanniques, tel Mr Hyde grimaçant sous le bon Dr Jekyll. Solution séduisante, permettant de faire bifurquer l'écriture de mon ouvrage ici présent vers celle d'un thriller haletant. Et consécutivement d'accroître le nombre de mes lecteurs potentiels. Il est probable que c'est la solution que me conseillerait un éditeur. Mais il se trouve que je n'en ai pas, ce qui me permet de respecter ma DT, et de continuer ce précis aussi cartésiennement que possible. On m'objectera que les thrillers pèchent rarement par défaut de cartésianisme, et qu'au contraire ils se présentent comme des récits d'une terrorisante logique. Pas faux. L'ennui c'est que si je choisissais cette option, mon lecteur en cours de déménagement ne pourrait plus décrocher du bouquin et vous voyez d'ici les dégâts quant au respect des délais, aux relations avec l'agence de location, l'entreprise de déménagement etc. Alors que si nous en restons au traité philosophique, seuls les accro de Spinoza ou Montaigne encourront ces désagréments. Et ils ne sont pas légion. Paraît-il. Incroyable mais vrai.

      Du moins si j'en crois un éditeur putatif qui m'a dit un jour « Montaigne et Spinoza vous savez ça n'accroche pas grand monde, par exemple moi l'Ethique j'ai jamais dépassé la définition 1 de la partie 1 sur la cause de soi, j'aime pas les auteurs bavards ». N'ayant pas encore déménagé à l'époque, j'étais encore un peu paranoïaque et je l'ai mal pris. Mais bon je suis pas là pour vous raconter ma vie.

       

    2. Ophelia a réchappé de justesse à l'agression d'un déménageur serial killer. Solution impossible, d'une part parce que nous avons démontré dans le précédent chapitre qu'aucun déménageur ne serialkille dans l'exercice de ses fonctions (un peu comme le Dr Jekyll en fait), d'autre part parce que Lear et Ophelia se sont tapé le déménagement tout seuls. Ce qui est de la folie à leur âge, nous sommes d'accord. Ils ont en effet facile dix ans de plus qu'Axel et moi. Enfin pas la somme de nos âges bien sûr, sinon ils seraient les doyens de l'humanité depuis longtemps. Je crois que la raison c'est qu'ils sont près de leurs sous.

      Là le lecteur a le choix entre deux options.

       

      L'option essentialiste, expliquant le fait par un caractère ethnique distinctif, et supposant que Lear et Ophelia ont quelque atavisme écossais. Et qu'ils sont en conséquence avares comme les Allemands sont organisés, les Italiens dragueurs, les Grecs tricheurs et les Espagnols hâbleurs.

      L'option marxiste, elle, privilégierait l'explication économique. Grâce aux efforts de Madame Thatcher et de ses successeurs, les sujets de Sa Gracieuse Majesté ont consenti de guerre lasse à la destruction de leur protection sociale, et se sont constitué une retraite par capitalisation. Laquelle, sous l'effet de la spéculation des Marchés (bénis soient-ils), s'est révélée suicidaire pour leur train de vie. On fait pas de marge sans casser de manœuvres, comme on dit dans les entreprises de BTP cotées en Bourse.

     

    En fait moi j'incline à expliquer le coquard par un simple accident de déménagement, lors d'un transport de cartons de livres. Faut pas être parano à la place des autres, on a assez à faire de ce côté-là pour soi. Je parle pour moi, ça va de soi. Chacun sa merde.

     

    Comme dit Montaigne.

  • Chapitre 6

     

    Chapitre 6 : Déménager est-il bon pour la santé ?

     

    A chaque bobo son placebo.

    Dr Baba Spin : Même pas mal

     

    Cette question ne peut être abordée que dans le cadre d'une définition rigoureuse du mot santé. Raison pour laquelle nous ferons appel une fois de plus aux compétences de notre petit ami Robert. Il affirme sans ambages, page 2307, entre santal et santiag, que la santé c'est : bon état physiologique d'un être vivant, fonctionnement régulier et harmonieux de l'organisme pendant une période assez longue (indépendamment des anomalies ou des traumatismes qui n'affectent pas les fonctions vitales).

     

    Oui. Bon. Je ne sais pas en quelle forme était Bob-Art ce jour-là, mais il y a dans cette définition un je ne sais quoi de flottant, d'indécis. Un peu comme s'il voulait se couvrir, ayant eu vent de l'augmentation exponentielle des procès intentés au corps médical pour des diagnostics chevronnés mais erronés, des pronostics avérés autant qu'atterrants, des protocoles en cas d'école ou de récidive, voire pour des guérisons trop spontanées pour être honnêtes. Le moins qu'on puisse dire c'est qu'il n'insulte aucune hypothèse, balise le terrain à mort, et laisse un max de portes ouvertes.

     

    Ainsi pendant une période assez longue Assez est évidemment le mot-clé de la première porte. Deux acceptions pour ce mot, premièrement en suffisance, deuxièmement moyennement. L'une comme l'autre sont insatisfaisantes pour un sujet normal (et je vous laisse imaginer ce qu'il peut en être pour un hypocondriaque). Qui viendra dire, en effet, qu'il a été en bonne santé en suffisance ou dans un temps suffisant ? « Bon voilà, j'ai eu mon comptant de bon pied bon œil, teint frais et bouche vermeille. J'en ai assez, que viennent la maladie, et l'affaiblissement, et l'incapacité et les fièvres, voire plus si affinités. » Quant à avoir la santé pour une période moyennement longue, c'est comme pour l'oral de l'ENA, la taille du pénis ou l'espérance de vie, on a tendance à préférer être au-dessus de la moyenne. C'est humain.

     

    Quant à la parenthèse, dans quels abîmes de perplexité ne fait-elle pas plonger le lecteur du dico (et plongée en apnée, parce qu'après être vivant, c'est tintin pour la moindre virgule c'est pas une définition pour asthmatique ni pour gros fumeur). Personnellement pour ne prendre que mon cas propre j'aimerais que quelqu'un m'explique ce qu'est une anomalie ou un traumatisme qui n'affecte pas les fonctions vitales. D'accord je veux bien il suffit de savoir faire jouer le curseur de vitales. Il existe un « minimum vital », auquel correspondent des « minima sociaux ». Je ne sais si on définit le minimum vital en fonction des sommes disponibles pour les minima sociaux, ou l'inverse. C'est une question essentielle qui, on le voit aisément, détermine la philosophie, l'esprit de toute une société.

    Raison pour laquelle, à l'instar des prétendus « responsables » politiques, nous la laisserons pendante.

     

    Si on entend par fonctions vitales juste respirer, s'alimenter, avoir un organisme qui honore grosso modo son contrat de fonctionnement, alors d'accord on ne peut pas dire en rigueur de termes qu'un déménagement affecte de manière significative la santé. Dès lors que vous avez retrouvé le carton étiqueté cuisine, repéré la supérette la plus proche, vous pourrez éviter l'inanition. Et à moins d'être sadiquement enterré sous une avalanche de cartons par des déménageurs serial killers, vous continuerez à respirer normalement.

     

    Des déménageurs serial killers, il en existe forcément, car tout existe en ce bas monde, mais je pense qu'ils sont assez rares, ou en tous cas que ceux qui sont dans ce cas ne serialkillent qu'en dehors des heures de travail. Voilà une affirmation gratuite direz-vous. Pas du tout. Démonstration. Tous les profilers s'accordent à dire qu'un serial killer est en demande de reconnaissance sociale, pour des raisons que l'on déniche en fouillant dans son passé. Lequel n'est pas sans rapport avec une déchetterie, plein de cochonneries inutilisables. Or un déménageur n'a aucun déficit de reconnaissance sociale, témoin la difficulté que vous avez eu à faire inclure votre déménagement dans son emploi du temps. D'autre part un serial killer assouvit par ses crimes – dixerunt toujours les profilers – un besoin exacerbé de rituel obsessionnel. Or le besoin de rituel obsessionnel est largement satisfait, dans le cas d'un déménageur, par le rangement des cartons et meubles dans le camion. Il est même probable, notre discussion m'en fait m'en aviser, que c'est pour cette raison, une raison prophylactique en somme, que la contenance du camion est toujours calculée ric-rac par rapport au volume de votre mobilier & cartons. Histoire que les tendances serialkillesques soient étouffées dans l'œuf.

     

    Mais, pour revenir à la définition de Little Bob, on peut essayer de mettre un peu plus dans le concept de fonctions vitales, même sans être trop exigeant, par exemple ordre et beauté, luxe, calme et volupté. Car je vous fais remarquer que la définition parle bel et bien d'un fonctionnement harmonieux desdites fonctions. Et là, pas besoin de vous faire un dessin, le moindre déménagement présente une forte incidence sur tout ou partie des éléments cités. Il y introduit de façon caractéristique les anomalies qui ne manqueront pas de provoquer les traumatismes suggérés par Bobo.

     

    Nous conclurons donc que, voilà c'est comme ça, le déménagement n'est pas bon pour la santé. C'est un point sur lequel les autorités sanitaires devraient se pencher sans tarder. Une campagne de santé publique s'impose de toute urgence. Je suggère que les camions de déménagement portent désormais des bandeaux avertisseurs :

    déménager peut perturber gravement votre cadre de vie ; les déménageurs réguliers s'exposent à des anomalies de la mobilité ; un déménagement vaut ½ incendie ; déménager pendant la grossesse accroît les risques de dépression post partum ; déménager réduit le luxe, provoque des luxations, pour la luxure on sait pas mais dans le doute déménagez couverts ; tout déménageur est un serial killer en puissance.

     

    Bon pour le dernier, on est d'accord c'est pas entièrement vrai voir plus haut, mais dans les campagnes de prévention c'est comme ça, il faut effrayer beaucoup pour espérer obtenir une petite prise de conscience. Exactement comme on ferait par rapport aux risques du nucléaire – à supposer bien sûr que nous n'eussions pas le bonheur de vivre dans le seul pays à l'abri de tout traumatisme dans ce domaine, vu qu'aucune de nos centrales ne présente, n'a présenté ni ne présentera jamais la moindre anomalie de fonctionnement.

     

    Bébert donne comme il fallait s'y attendre des citations et des exemples d'emploi du mot. J'en retiens un de chaque. La citation est de Bergson : une santé intellectuelle se manifeste par le goût de l'action, la faculté de s'adapter. Elle nous permet de conclure sans hésitation que Bergson présentait donc de bien meilleures aptitudes déménagistes, fussent-elles intellectuelles, que cette feignasse de Baudelaire avec son ordre son calme et sa volupté. Oui alors ici je vois ce qu'on va m'objecter. Si Baudelaire squattait les hamacs sous de vastes portiques que les soleils marins teignaient de mille feux (je pense qu'il devait s'agir d'un petit hôtel sympa à Maurice), ce n'était pas par feignasserie, mais bien pour soigner sa dépression spleenique.

    Eh bien c'est là ou Robert est très fort, car il a prévu le hic, enfin l'objection, témoin l'exemple d'emploi qui suit. Maison de santé : maison de repos privée où l'on soigne principalement les maladies nerveuses ou mentales.

     

    J'en profite pour m'adresser aux dépressifs, mélancoliques et autres serial spleeners parmi mes lecteurs. Vous avez bien sûr compris qu'il faut éviter tout déménagement, aussi nuisible à la santé psychique qu'à la santé physique. Vous voyez ici en outre que si jamais un destin contraire vous obligeait néanmoins à le faire, déménagez dans n'importe quelle maison, mais surtout pas dans une maison de santé. D'ailleurs aucun agent immobilier sain d'esprit ne mettrait dans son annonce : charmante maison de repos privée. C'est comme on dirait : charmante maison en confort déficiente, ou : charmante maison en espace limitée.

     

    Cela dit, face au traumatisme que constitue un déménagement, il y a toujours des possibilités de résilience. Le concept de résilience peut être assez bien cerné en faisant une fois encore appel au spécialiste déjà convoqué, puisque nous l'avons sous la plume – enfin le clavier, je dis plume ça fait plus sympa style mon ami Pierrot – j'ai nommé Baudelaire lorsqu'il écrit : sois sage ô ma douleur et tiens-toi plus tranquille. On remarquera que la résilience, selon cette formule, ne consiste pas en une annulation de la douleur considérée, mais en sa domestication, sa transformation en animal de compagnie, en génie familier. Ainsi peut-on faire avec les traumas inhérents au déménagement.

     

    Prenons comme exemple la lettre circonstanciée envoyée par l'agence de location dès réception de notre préavis de départ. Elle mettait un malin génie à détailler les « retenues locatives » envisageables suite à l'état des lieux de sortie, assorties de leur coût en euros : 6 euros par ampoule manquante, 2 euros par trou de cheville, 18 euros par rayure du plancher etc. Elle nous permit de comprendre illico que, quel que fût l'état dans lequel nous rendrions l'appartement, quel que fût son rapport avec celui dans lequel il nous avait été fourgué (dont j'épargne les détails aux âmes sensibles), tout ou partie des retenues annoncées viendraient amputer, voire liquider notre caution.

     

    Ce serait alors bien le cas de parler d'une anomalie de notre santé, en particulier celle de notre compte en banque. Mais nous n'avions malheureusement plus la solution que nous eussions gagné à adopter dès notre rencontre avec cette agence de pourris, à savoir la fuite, dont Spinoza affirme à juste titre qu'elle demande parfois autant de courage que le combat, d'autant qu'il y va de notre conatus. Et dont Montaigne précise à tout autant juste titre que c'est la seule attitude envisageable devant les cons si vous ne voulez pas leur ressembler : Il est impossible de traiter de bonne foi avec un sot. Mon jugement ne se corrompt pas seulement à la main d'un maître si impétueux, mais aussi ma conscience (Essais III 8 De l'art de conférer).

     

    Restait la résilience. Elle ne consisterait donc pas, d'après Charly Bod, en ce qui nous aurait fait pourtant le plus de bien, déchirer la lettre objet de notre ressentiment. Il s'agissait au contraire de la transformer en quelque chose de familier. Nous optâmes donc pour une subversion esthétique l'intégrant à notre nouvelle déco sous la forme d'un sous-verre que nous placardâmes bien en vue au-dessus de la cheminée, à côté de notre diplôme des Déménageants les Plus Cartésiens de France. Pour parfaire l'ensemble je plaçai artistiquement sur la tablette de la cheminée quelques origamis créés à partir des dernières pages rescapées de ma thèse putative sur « L'absolutisation de la relativité du concept d'ambivalence considéré dans une lecture comparative du chapitre 2 du livre III des Essais (Du repentir), et du scolie de la proposition 39 de la partie III de l'Ethique (De l'origine et de la nature des affects) ».

    Alliance parfaite du yin et du yang : consistance serrée du papier, évanescence subtile du sujet. Pas à dire, nous approchions de l'esprit feng-shui.

     

    Ce qui n'empêcha pas l'arrivée, au dernier jour du délai légal de deux mois, de la lettre faisant pendant à la précédente, à savoir le solde de tout compte de notre caution. Après le feng-shui, le fait-chier, c'était fatal. Le monde n'est qu'une balançoire toujours en mouvement. (Enfin dans le texte Montaigne dit une branloire pérenne, mais on sait jamais avec les lecteurs. Aussi bien y en a qui auraient fantasmé sur ses dispositions onanistes. Cela dit, c'est un sujet qui en vaut un autre. Peut être que si je l'avais choisi pour ma thèse, à l'heure qu'il est elle ferait un tabac en librairie?)

     

    • Axel, c'est la lettre de l'agence ...

    • Oui ? Ouvre-la.

    • J'aimerais mieux que ce soit toi, car je préfère quant à moi réduire l'image présente de l'affect passé négatif parce que sinon tu sais ce que c'est, crise de ...

    • Bon donne … Ah les sales cons ! Tu te rends compte, sur la caution plus le demi-mois, ils nous reversent seulement 100 euros !

    • Euh mais auraient-ils oublié que l'idée d'une chose quelconque ne peut être limitée que par une chose quelconque de même essence, et que par conséquent ...

    • Je te vais leur faire une lettre salée !

    • Oui, oui, faut pas hésiter ! Sale engeance immobilière ! Passe encore que ces rats grignotent notre compte en banque, mais il faut pas les laisser saper notre moral !

    • T'as encore l'énergie de filer la métaphore, toi, je vois : si tu la faisais, la lettre, après tout c'est toi la spécialiste de littérature ?

    • Euh oui, bien sûr … Bon, je la fais … Je la ferai … Demain. On la fera ?

     

    Mais demain, comme toujours, fut un autre jour. Et puis d'autres jours autres passèrent, effaçant peu à peu le stress premier. Et la lettre fut remisée dans un coin du meuble-à-ranger-ce-qui-traîne, antichambre de la poubelle et de la déchetterie. Elle y dormit quelque temps, avant de s'imposer à nouveau et inopportunément à ma conscience lors d'une séance de ménage à fond, propice à la table rase sur le meuble-à-ranger-ce-qui-traîne.

     

    • Axel, qu'est-ce qu'on fait finalement avec la lettre de l'agence ?

    • Quelle lettre ? On n'a pas fini avec eux ?

    • Si. Non. Enfin tu sais c'est la lettre où ils disaient qu'ils nous retenaient plein de trucs sur la caution. On devait pas leur répondre ?

    • Ah oui c'est vrai. On tu avais dit que tu allais leur écrire.

    • Tu crois qu'on le fait, finalement ?

    • On toi si tu le sens. Car en ce qui concerne on moi, je laisse tomber. Pas la peine de se prendre la tête avec ça.

    • Bon. Alors je la mets en sous-verre à côté de l'autre, dans la ZHR ?

    • C'est quoi ça ?

    • Ben là, au-dessus de la cheminée, la Zone de Haute Résilience.

    • Ah oui, je finis par plus voir tous ces trucs, à force de les avoir sous les yeux.

    • C'est normal, c'est même très précisément le B A BA du plan AB, Accoutumance Baudelairienne.

    • L'ennui c'est que maintenant, je la revois cette lettre, et même je vois plus qu'elle sur le mur, et si en plus on ajoute l'autre...

    • Bon alors on passe à l'option RAS ?

    • Oui, c'est mieux, je préfère.

     

    L'option RAS, Résilience Agrément Spinoziste, consista en l'occurrence à faire un usage radical de notre liberté en précipitant le trajet de la lettre depuis le meuble-à-ranger-ce-qui-traîne jusqu'à la poubelle. Une façon comme une autre d'ignorer les hommes qui par leur affects négatifs se rendent pénibles aux autres. Et ainsi de limiter la diminution de notre puissance d'être qui n'avait pas besoin de ça. Quant à la première lettre, elle rejoignit la seconde, pour une impérative raison esthétique. Les lettres ne pouvaient à la rigueur faire sens que dans une présentation en diptyque. Or qui dit diptyque dit deux. Or deux moins un égale un.

    Donc voilà.

     

    Je sais que cette renonciation à résister à l'engeance des RSA (Rats & Syndics d'Agences) ne fut pas très fair play envers les futurs autres locataires pigeons, je sais qu'il aurait été avisé autant qu'altruiste de porter l'affaire devant 60 millions de consommateurs. Mais comme dit Montaigne : chacun sa merde.

     

    • Oui mais Spinoza, lui, il dit pas qu'on est tous dans la même, de merde ?

    • Axel, s'il te plaît, restons positifs ...

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Chinoiseries

    J'ai glané (et me suis amusée à commenter) il ya quelque temps des phrases dans un recueil de sentences chinoises. Aujourd'hui je vous livre un petit parcours animalier.

     

    Patience ! Avec le temps, l'herbe devient du lait. (Proverbe)

     

    A condition d'être vache, non ? Et de plus une vache non anorexique, car pour que l'herbe devienne du lait, il faut bien la brouter, l'ingérer, la ruminer. Il faut avoir de l'appétit, et de l'appétit pour cette herbe-là, celle du petit carré d'alpage ou du bout de lande que la vie vous a alloué. Et inutile, sous peine d'aigrir votre lait, de lorgner sur le pré d'à côté dont l'herbe paraît tellement plus verte. Quant à compter sur un hypothétique bon berger qui vous conduise aux verts pâturages de vos rêves, est-ce bien raisonnable ?

     

     

     

    Le chien au chenil aboie à ses puces ; le chien qui chasse ne les sent pas. (Proverbe)

     

     

     

    Jolie métaphore. Au passage, question : pourquoi la métaphore est-elle la figure de style par excellence ? Peut être parce qu'elle rend compte de l'énergie synesthésique qui unit la sensation, le sentiment, la pensée. Elle tient bon sur le lien corps-psyché qui est le fondamental humain. C'est pourquoi les métaphores les plus parlantes sont, comme ici, celles qui relient le prosaïque le plus quotidien, trivial, humble, et les réalités disons faute de mieux duhaut - grandes pensées philosophiques et existentielles. La métaphore est une échelle de Jacob dans l'écriture.

     

    En outre, malgré ma ridicule phobie des chiens réels, les personnages et représentations de chiens me sont particulièrement sympathiques. Il y a par exemple cette extraordinaire œuvre de Goya : un petit museau de chien émerge du noir, dans le tiers inférieur de la toile, les deux tiers supérieurs surplombant le petit chien d'un ciel-muraille noir, brun ocre, qui s'éclaire seulement d'un rectangle lumineux, évanescent, autour de la petite tête. Un tableau prodigieux, et une belle métaphore pour le coup de la tension du peintre entre la prégnance de ses pensées noires et son désir de s'en remettre à la simplicité de la vie à vivre au jour le jour.

     

    Bref, pour en revenir à ce proverbe, on est bien sûr d'une certaine façon radicalement toujours des chiens au chenil, enfermés dans les limites et les difficultés de notre condition humaine. Il faut savoir s'évader du chenil où, forcément, on ne s'occupe qu'à chercher la petite bête, où on s'épuise à la lutte perdue d'avance contre la dévoration des puces. S'évader et se consacrer à la chasse, c'est à dire se trouver un désir à pister, quel qu'il soit. On sait que beaucoup de désirs et de chasses sont dérisoires, mais qu'importe, ils sont mouvement. Et on peut y trouver notre plaisir existentiel sans en être dupe. C'est ce que dit si magnifiquement Montaigne en parlant des philosophes sceptiques dans son chapitre sur Raimond Sebond (II, 12) : Il ne faut pas s'étonner si gens désespérés de la prise n'ont pas laissé d'avoir plaisir à la chasse. Y a-t-il une meilleure définition d'une acceptation sereine et joyeuse de sa condition humaine ?

     

     

     

     

     

     

    Si vous ne pouvez empêcher les oiseaux de malheur de voler au-dessus de vos têtes, au moins vous pouvez les empêcher de faire leurs nids dans vos cheveux ! (Proverbe)

     

     

     

    Cette histoire d'oiseaux me fait immédiatement visualiser les pires scènes du film d'Hitchcock. J'ai facilement une répulsion phobique à l'égard de ces bêtes-là. Est-ce l'œil rond, les pattes plus ou moins griffues, les becs ? En plus je les trouve laids : ce gros corps sur des petites pattes, cette allure d'automates quand ils ne volent pas (comme dirait Baudelaire). Exemple les pigeons : laids, cons, et en plus qui fientent partout. Seuls trouvent grâce à mes yeux les grands rapaces en vol, à qui je reconnais une esthétique d'envergure. Mais surtout, du point de vue de la teneur de ce proverbe, ce qui est terrifiant avec les oiseaux, c'est qu'ils arrivent d'en haut, ils vous fondent dessus, comme on dit, et vous attaquent là où vous êtes le plus vulnérable, la tête, la face, les yeux. Parfaits donc pour imager autrement un complexe de Damoclès.

     

    Faire leurs nids dans vos cheveux. Rien que lire ces mots me donne la chair de poule (tiens, encore un oiseau). Je sens leurs pattes racler mon cuir chevelu, leurs becs me tirailler les cheveux et s'y emberlificoter, et leurs fientes les engluer. Beurk beurk beurk. Pour continuer dans le film d'horreur, imaginons les monstres que seraient pour une tête enfantine des poux de la taille de pigeons, hein ? Au bout du bout, je crois qu'on tombe plus ou moins sur l'image du crâne du pendu, fendu par les becs des corbeaux qui viennent y becqueter la cervelle.

     

    Bref, une métaphore efficace. Elle m'a permis un bon exercice cathartique. Car de manière plus abstraite, ce proverbe peut se résumer à une exhortation à ne pas se laisser prendre la tête par les angoisses. Et rien de tel que de les fatiguer, les angoisses, avec un petit moment hitchcockien.