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Le blog d'Ariane Beth - Page 75

  • Cruciverbiste (10) Déboires amoureux

    La boisson lui causa du tort. Solution : Iseut. 

    L'occasion de revenir un instant à Wagner : Tristan et Isolde, opéra certes possiblement somnifère, mais dont le prologue, lui, est d'une beauté hypnotique, ensorcelante, une des grandes réussites du maître de Bayreuth à mon goût.

    Quant au roman médiéval, combinant magistralement épique, tragique, lyrique, c'est à coup sûr un des premiers chefs œuvre de la littérature française (de langue d'oïl plus exactement), d'une modernité intemporelle.

     

    Iseut, plus rarement Iseult, apparaît régulièrement dans les grilles de mots croisés.

    C'est que ce nom offre au verbicruciste une succession de lettres qui lui facilite beaucoup de croisements. Le S pour n'importe quel pluriel, le E finale hyper-fréquente, le T pour un verbe conjugué, un participe présent, un adverbe en -ment.

     

    Dans le genre récurrent pour cause de commodité, les cruciverbistes connaissent bien une autre dame, la mythique Io.

    La plupart des définitions consistent en variations plus ou moins heureuses sur la vacherie infligée à la belle, métamorphosée en génisse par la jalouse Héra, because que ce macho de Zeus lui avait conté fleurette style l'amour est dans le pré.

    Au palmarès des définitions je décerne pour ma part le trèfle d'or à : elle vécut quelque temps avec un mufle.

    Sinon on tombe régulièrement sur : sa vie connut un taon fort, ou encore : elle dut changer de station, eut de quoi ruminer, on l'envoya paître etc.

    J'ai trouvé récemment : découverte de Galilée. Un verbicruciste branché astronomie se démarquant ainsi du troupeau de ses congénères.

     

    Et maintenant je vous laisse ruminer la définition suivante : humeur moutonnière (5 lettres).

     

  • Cruciverbiste (9) Pour tout l'or du Rhin

    Salle des coffres. Solution : opéra.

    Cette définition pour relier nos thématiques précédentes, l'activité bancaire des Dalton et l'art de la scène.

    Les artistes lyriques ont incontestablement du coffre. Certains ont encore plus d'estomac. Cela se perd, fort heureusement. Et désormais rares sont les productions qui présentent le pathétique spectacle d'une dondon et d'un bedonnant, plantés sur scène pour infliger au public leurs roucoulades plus suantes hélas que suaves.

    Finie la Walkyrie aux seins en obus, fini le Siegfried au triple menton. Finis le Don Giovanni empâté, le Chérubin boudiné, la Suzanne mémère.

    Au contraire que de jeunes artistes, beaux et belles, excellant dans le jeu comme dans le chant, avec une aisance de voix et de corps qui se convertit en bien être pour le spectateur. Car tel est le cadeau des artistes de l'art vivant (comme on dit si justement) : communiquer charnellement au public leur plaisir de chanter, de jouer.

    Côté œuvres, pour ma part je suis fan de l'opéra baroque, qui se prête à toutes les audaces de mise en scène. Et bien sûr Mozart, inépuisable, indéfiniment réinterprétable, comme au théâtre Molière ou Shakespeare.

    L'opéra italien après l'époque baroque ne m'accroche guère. Là les metteurs en scène ont du boulot pour déringardiser. Et puis le bel canto me paraît artificiel à côté de la pureté des arias de la Comtesse ou de Suzanne, de la tendresse des duos de Tamino et Pamina, de la force des imprécations de la Reine de la Nuit ou d'Elvire, de la magie du trio des Enfants, du caquètement jouissif de Papageno avec sa Papagena ...
    Bon je ne prétends pas à l'objectivité, et revendique ma monomanie mozartienne.

    Wagner ? Oui OK c'est bien, c'est fort. Mais là aussi, un sacré challenge de mise en scène. Sans quoi, comme me disait quelqu'un récemment : moi Wagner j'essaie, mais j'y peux rien ça m'endort.

    « Tant que ça ne t'incite pas à envahir la Pologne », lui répondrait Woody Allen.

     

    Allez, un tour à la buvette de l'opéra pour la suite : la boisson lui causa du tort (5 lettres).

     

  • Cruciverbiste (8) Création et récréation

    Plateaux à tartines. Solution : scènes.

    Ah le théâtre. Une autre forme de jeu. À laquelle d'aucuns trouveront plus de lettres de noblesse, plus de valeur éthique, plus de contenu. Oui sans doute. Mais jeu quand même et c'est en cela que je l'apprécie avant tout.

    « Et si quelqu'un me dit que c'est avilir les muses de s'en servir seulement de jouet et de passetemps, il ne sait pas, comme moi, combien vaut le plaisir, le jeu et le passetemps. »

    (Montaigne Essais III,3 De trois commerces)

     

    J'ai pratiqué le théâtre, outre en spectatrice bien sûr, à deux places : un peu en jouant sur scène, et aussi, un peu plus, en mettant en scène. C'est la place que j'ai préférée, qui me convient le mieux.

    C'est en tant que prof au collège ou animatrice d'atelier théâtre en MJC que j'ai mis en scène des pièces ou extraits de pièces. Je garde des souvenirs joyeux et forts de la plupart des spectacles, et peut être plus encore des répétitions, de toutes les répétitions.

    Des fous-rires, de l'émotion, de la tension. Des remaniements de distribution pour cause de ruptures amoureuses (un must des groupes d'ados). Et puis des engueulades, de fréquence inversement proportionnelle au temps restant avant le spectacle.

    Les miennes avaient toujours la même cause : « Tu comptes l'apprendre quand, ton texte, Julien ? Et la solidarité de plateau hein ? Tu vas pas m'obliger à reprendre ton rôle, quand même ? » (L'angoisse s'il avait dit : oui vas-y Ariane, j'y arrive pas).

    Au total j'ai vraiment aimé voir s'épanouir leur créativité, leur énergie, les voir entrer de plus en plus finement dans le texte, les constater capables d'assurer devant les aléas, de s'investir à fond pour la réussite de leur spectacle . Bonheur d'admirer le talent de certaines (oui des filles surtout, faut dire c'est statistique : dans les groupes de théâtre beaucoup plus de filles).

    Jenny qui savait tout faire, donner du relief à un petit rôle (avec un rien, un accent, un geste), tenir le rôle principal en entraînant le groupe par son leadership tout en distance et en humour. Hilla qui mit le public au bord des larmes, un soir, dans un monologue de Phèdre, puissante et effondrée, rageuse et tendre. (Sûr que ce jour-là la tartine sur le plateau fut délectable). Scarlett inventive, osant tout, toute en joie de jouer. Sacha si précise et concentrée qu'elle était capable de « récupérer » chacun de ses partenaires en cas de problème.

     

    Bref je terminerai en adressant une demande aux autorités karmiques compétentes.

    « Les gars, dans votre prochain casting de réincarnations, pensez à moi pour Peter Brook, Patrice Chéreau, Ariane Mnouchkine (euh pas tant qu'elle est là bien sûr) (le plus longtemps possible espérons)

    Ou même allez, réincarnez-moi en Molière. Ou en Shakespeare. »

    Faut pas être petits joueurs.

     

    Bon, de la cassette d'Harpagon à : salle des coffres (5 lettres).