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Le blog d'Ariane Beth - Page 72

  • Cruciverbiste (19) Jeux de société

    Affrontement à coups de pierres. Solution : go.

    Un mot qui évoque la géopolitique chinoise, et tout autant l'exhortation du capitaine des Marines à ses boys. Rigolo, non ? Je dirais même plus : MDR.

    Oui je sais, ça ne se dit plus MDR, c'est passé de mode au profit des émoticones. Je ne sais pas très bien ce qu'on va pouvoir inventer après, sachant qu'on va toujours dans le même sens simplificateur. De la phrase genre je trouve ça très drôle, j'en suis morte de rire à sa réduction morte de rire, compactée ensuite dans le sigle MDR, donc, puis exit le mot, exit la lettre, juste une image basique avec l'émoticone. Je ne vois pas très bien comment on peut réduire encore. Sauf le blanc et le silence.

    Pour en revenir au go, je n'ai jamais eu l'occasion de l'apprendre, mais je ne désespère pas. Mes petits-enfants, joueurs comme ils sont, y viendront un jour. Il paraît que ça ressemble un peu au jeu de dames, la complication orientale en plus.

    En tous cas une chose est sûre, ce n'est pas un jeu fondé sur la coopération. Comme la plupart des jeux dits de société, ainsi le fameux monopoly et autres procédant de la même logique.

    Et du coup tiens au fait : jeux de société/réseaux sociaux, on tient un truc, là, non ? Tout se passe comme si faire société consistait avant tout à lutter pour se faire sa place, une meilleure place que celle du petit copain, sans s'interdire de le piétiner le cas échéant.

    Je n'ai garde d'oublier les louables efforts de quelques fabricants pour concevoir des jeux coopératifs, à visée éducative, sur l'écologie, l'économie sociale et solidaire, l'égalité, la tolérance. Mais ces jeux rencontrent moins de succès que les autres. Étonnant non ? Non.

    C'est comme un roman psychologique versus un polar bien violent et bien glauque, un film d'Emmanuel Mouret versus un blogbuster hollywoodien camouflant sous des tonnes d'effets spéciaux l'indigence d'un scénario formaté : ça ne fait pas le poids en termes d'adrénaline et de testostérone.

    Euh bon je sens qu'il vaut mieux que j'arrête, sous peine de me faire définitivement cataloguer en vieille schnocke scrogneugneuse.

     

    Allez, histoire de calmer le jeu : font partie des neutres (6 lettres).

     

  • Cruciverbiste (18) En canon et ad libitum

    On y est attiré par des sirènes. Solution : caves.

    Alors, voilà, lecteur, lectrice, je vais te faire un aveu. Contrairement à ma déontologie d'auteur que tu sais impeccable, j'ai légèrement bidouillé cette définition. C'était en fait : on y fut hélas attiré par des sirènes.

    Mais l'évidence m'a sauté aux yeux : le présent est plus approprié, non ? Le verbicruciste aurait pu d'emblée l'employer, vu qu'il y a toujours quelque part une guerre en cours, donc des bombardements, donc la nécessité de s'en abriter. Et bien content si l'on a des sirènes qui vous avertissent, et des caves où se réfugier.

    Quant à hélas oui bien sûr, mais c'est superflu. On sait depuis le vieil Homère où le chant de certaines sirènes nous mène, hélas.

    À nous fracasser de Charybde en Scylla.

    Sauf Ulysse évidemment, qui a pris ses précautions. Instruit par dix ans de guerre à Troie, il savait à l'avance ce que chanteraient les sirènes, virtuoses de la pulsion de mort.

    Hier aujourd'hui demain, ce chant reste le même hélas : Dieu(x) que la guerre est jolie, qu'elle est belle la haine, qu'il est bon de faire du mal. (Et du coup on se demande : ce malin d'Ulysse, qui sait s'il n'a pas voulu se payer le frisson de ces plaisirs glauques, mais sans les dégâts qui vont avec ?)

    Bref les sirènes lancent l'air de rien leur petite musique : un bout de terre où l'herbe est plus verte, une autre façon de croire ou de ne pas croire, une vieille rancoeur entre nations, entre ethnies ...

    Un refrain qui se répète, qui vous enveloppe comme un lancinant canon.

    Alors on se met à le reprendre en choeur, et c'est gagné : vogue la galère entre Charybde et Scylla. Indéfiniment.

    En effet, dès qu'on a accumulé suffisamment de morts de part et d'autre (et maintenant ça va vite, on n'en est plus au feu grégeois comme les petits joueurs des vieilles guerres), on se dit : ah ben non on va pas s'arrêter maintenant ce serait trahir nos morts. Alors on continue à trahir les vivants.

    Que l'on ne se mettra à respecter que lorsqu'ils seront assez morts pour mériter respect.

    Certains parfois sont tentés de s'arrêter, de dire pourquoi, à quoi bon, tentés de faire taire les sirènes.

    Mais ils hésitent : faudrait pas que les autres les prennent pour des caves, hein ?

     

    Allez, à la guerre comme à la guerre, la suite : affrontement à coups de pierres (2 lettres).

     

  • Cruciverbiste (17) Toucher le fond

    Son coup ne donne pas bonne mine. Solution : grisou.

    Grisou, ça pourrait être un mot en VO bisounourslandaise. Exemple le SMS : « Coucou Chouchou, n'oublie pas de prendre du pain en rentrant. Et puis Loulou a oublié son doudou à l'école, tu y passes ? Merci mon Minet et gros grisou. »

    Mais non le mot amène d'autres évocations : la force épique de Germinal, les gueules noires, la silicose, les explosions, les larmes et la sueur ravinant la suie sur les visages. Et puis la poigne de fer de Thatcher, de grands films britanniques aux héros humiliés mais qui trouvent dans leur solidarité la force de résister.

     

    On est paraît-il partagé sur l'étymologie de grisou. Certains y voient un mot wallon dérivé de grégeois (vous savez le feu grégeois capable de brûler sur l'eau, guerre de Cent ans tout ça). D'autres disent mais non le rapport c'est avec gris.

    Je ne saurais trancher, n'ayant jamais creusé la question.

     

    Les mines de charbon maintenant ferment ou sont fermées, certaines transformées en musée, dont un à Saint-Étienne que j'ai visité (pas avec Mémé, pour une fois). Quoique : fermées. En Allemagne et surtout en Pologne, elles restent pour beaucoup en activité.

    Et même ici on est en train d'en rouvrir, vu que la guerre d'Ukraine nous oblige à revoir notre approvisionnement en énergie. Guerre dont le foyer de départ est la région minière du Donbass*. Quand ça veut pas, hein …

    Quant à notre parade absolue à tous les problèmes d'énergie, j'ai nommé le nucléaire ? Ben euh. On commence à voir la réalité : si cette énergie passait pour être un bon calcul, c'est juste qu'on en minimisait (par cynisme ou optimisme ou les deux) le coût réel, en gestion des déchets, en entretien, en investissement pour améliorer la technique. Résultat le fiasco des EPR, les notes qui grimpent, et maintenant l'obligation de mettre des réacteurs à l'arrêt, sous peine de catastrophe, vu les négligences de maintenance depuis des années. Mais qu'importe, les actionnaires auront eu le temps de tirer leurs marrons du feu, c'est l'essentiel.

     

    Mais cessons de broyer du noir, positivons. Mon conseil au jeune qui cherche sa voie : mineur, c'est pas le bon filon, mon petit. Fais-toi plutôt lobbyiste pour une grande entreprise, tu auras pareil le plaisir du travail de sape, mais sans les dangers.

    Et terminons sur une charade (vous connaissez sans doute, mais c'est l'occasion).

    Mon premier est l'exclamation d'un touriste arrivant au petit matin dans un village de Lorraine, et tout étonné de trouver un café ouvert.

    Mon deuxième, ce sont deux sangsues au travail. (N.B. attention au piège, actionnaires du CAC quarante ne peut être la solution : ils sont plus de deux).

    Mon tout est une grande œuvre musicale.

    Réponse : Concerto en sol mineur de Beethoven. (Oui. Bon).

     

    Allez, pour rester dans la thématique « jusqu'ici tout va bien » : on y est attiré par des sirènes (5 lettres).

     

    *Voir Anthracite de Cédric Gras (Stock 2016), roman qui se passe en 2014 dans le Donbass : très éclairant sur cette guerre, sa genèse, les rapports entre Ukraine et Russie.