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Le blog d'Ariane Beth - Page 70

  • Cruciverbiste (25) Robert et l'aber

    Résonnent du bruit des rieuses. Solution : rias.

    Ria a pour synonyme aber, les deux désignant une vallée fluviale envahie par la mer.

    Dans le genre il y a aussi le fjord bien sûr, qui lui est une vallée glaciaire (latitude oblige).

    Robert nous apprend qu'aber est un mot breton et ria un mot espagnol, qui s'est ajouté au corpus lexical français moyennant un passage par l'allemand (il ne dit pas en suivant quels tortueux méandres).

    Voilà en tous cas qui a de quoi nous plonger dans des abîmes de perplexité, car aber est justement un mot allemand, qui signifie mais. Exemple : « das Wörterbuch von Herr Doktor Robert weisst ja viele Sache, aber nicht alles ».

    Traduction : ce bon vieux dico Robert sait pas mal de trucs OK, mais il sait pas tout.

    Mais qu'importe, quand le verbicruciste, lui, est inspiré :

    Résonnent du bruit des rieuses … Voilà un bel octosyllabe, aux allitérations et assonances évocatrices en effet du rire des mouettes.

    L'occasion de me laisser porter par ce souffle poétique, et pondre un quatrain genre Hugo à Guernesey (toutes choses égales par ailleurs) :

     

    Quand les rias résonnent du bruit des rieuses

    Sur la lande en écho monte une plainte amère

    Murmure en mémoire des vies laborieuses

    Érodées au ressac des rochers de l'aber ...

     

    Tiens, à propos de Hugo (indice) : animent des tables rondes (8 lettres).

     

  • Cruciverbiste (24) Un quatuor et des duos

    Domine le naïf. Solution : tréma.

    Un autre grand must des mots-croisés, la définition fondée non sur le signifié, mais sur le signifiant.

    Exemple c'est facile au début avec pour solution fa, ou encore passage de pommade avec pour solution po, de ou ma. Une forme de définition très basique mais qui présente l'intérêt de vous donner des lettres qui vont vous permettre d'avancer peu à peu dans la grille.

     

    Domine le naïf c'est déjà un peu plus élaboré, et ça m'évoque un épisode du Nom de la rose.* Guillaume de Baskerville et son novice Adso cherchent l'ouverture d'un passage secret vers la bibliothèque du couvent (où ils savent trouver des infos utiles à élucider la série de meurtres qui décime la communauté).

    Ils ont pour indice la phrase sibylline griffonnée sur un bout de papier trouvé sur l'un des morts : age primum et septimum de quatuor.

    Pousse le premier et le septième des quatre, traduit Adso. « Mais ça ne veut rien dire, c'est quatre, ou c'est sept ? ».

    Et là Baskerville prouve une fois de plus au lecteur qu'il n'a rien à envier à ses illustres confrères docteurs es énigmes, Sherlock Holmes of course (on n'est pas Baskerville pour rien), ou ceux que nous avons déjà rencontré, Maigret, Poirot ou Colombo. Il montre surtout que son créateur est un sémiologue, au fait de tous les jeux possibles entre signifiant et signifié.

    Il repère une inscription sur le manteau de la cheminée, contenant quel mot je vous le donne en mille ? Quatuor. Et Guillaume de pousser les lettres Q et R, soit la première et la septième du mot. Sur quoi le mur se met à coulisser, livrant le passage espéré. « Et voilà », conclut Baskerville avec son flegme tout britannique. Élémentaire, mon cher Adso.

     

    Un must de la fiction en général, ce duo du disciple naïf et du maître initiateur (ça peut se décliner au féminin).

    Basique dans les séries policières, complexifié dans de grands romans comme avec Rubempré et Lousteau d'Illusions perdues, ou bien sûr Candide et Pangloss.

    Et puis, certaines œuvres ont le génie de savoir jouer avec ce duo, le décaler, le rendre paradoxal. Ainsi qui est l'initiateur entre Don Quichotte et Sancho Pança ? Don Quichotte apprend certes, ou veut apprendre, à son serviteur les codes de la chevalerie, mais celui-ci contribue à lui apprendre la réalité (savoir autrement précieux). De même entre Jacques le fataliste et son maître, qui mène le jeu, qui est le maître du récit ?

    Et entre Tintin et Haddock ? Lucky Luke et Rantanplan ?

     

    Mais continuons notre parcours initiatique à nous : résonnent du bruit des rieuses (4 lettres).

     

    *Umberto Eco (1980)

     

  • Cruciverbiste (23) Au pied de la lettre

    Valise pour le motel. Solution : mot.

    Motel est la contraction des deux mots motor et hotel. Un procédé créant le mot-valise.

    Dont voici la définition par Robert :

    « 1956. De l'anglais portmanteau word créé par Lewis Carroll.

    Mot composé de morceaux non signifiants de deux ou plusieurs mots (ex.motel, cultivar, progiciel). »

     

    On en apprend tous les jours avec Robert (faut dire qu'il a un bon bagage).

    L'âge de ce mot déjà : je ne le croyais pas si vieux, il l'est presque autant que moi … Poor thing, dirait Lewis Carroll.

    Deuxièmement Lewis Carroll. Je n'aurais pas deviné, j'aurais plutôt attribué le terme à l'oulipo. Sauf si l'on m'avait proposé un QCM du genre

    Le mot mot-valise a été inventé par :

    a)Le Père Lachaise

    b)Lucky-Luke

    c)Homère

    d)Lewis Carroll

    « Voyons voyons réfléchissons (me serais-je dit). Le Père Lachaise, non. Lui aurait pensé à  vers-mot, et de là à mot-chenilles-processionnaires. Lucky Luke non plus. Lui il aurait pensé mot-malle-poste-de-diligence (mais pas facile à dire plus vite que son ombre). Homère : ben non. Il aurait appelé ça : mot-cheval-de-Troie, quoi d'autre ?

    Bon alors, ça ne peut être que Lewis Carroll » (aurais-je logiquement conclu).

     

    Enfin cette définition m'a appris le mot cultivar. Bon, il n'est pas d'un immense apport sémantique à vrai dire. À supposer qu'il y ait des locuteurs pour l'employer.

    Parce que Robert certes est plus fiable qu'un influenceur de résasociaux, mais de là à prendre tout ce qu'il dit au pied de la lettre ...

     

    Enchaînement tout trouvé pour la définition suivante : domine le naïf (5 lettres).