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Le blog d'Ariane Beth - Page 66

  • C comme (oui encore) ...

    (Oui encore, j'ai sélectionné beaucoup de C)

     

    « Comédie.

    Pièce au cours de laquelle pas un seul de nos camarades acteurs n'est manifestement tué. »

    (Ambrose Bierce Le dictionnaire du diable)

    Ainsi on peut la jouer ad libitum. Mais du coup la représentation d'une tragédie, qui liquide allègrement nos camarades acteurs, devrait logiquement n'être qu'un one-shot.

     

    « Comédie.

    Le métier du politicien, la science du médecin, le savoir des critiques, la religion des prédicateurs à sensation, en un mot le monde. »

    À chacun d'enrichir la liste en fonction de son expérience, de ses goûts et opinions …

     

    « Concilier (se).

    Appeler un bouledogue « gentil toutou » quand il vous tient fermement par derrière. »

    Ou (ce n'est qu'un exemple entre mille hélas, le premier qui me vient) faire profil bas avec le serveur qui daigne enfin venir prendre votre commande, de peur que, si jamais vous avez l'audace de montrer un léger agacement, il ne décide en rétorsion de vous laisser carrément mourir de faim.

     

    « Culpabilité.

    État d'une personne dont on connaît les faux pas, par opposition à l'état de celle qui a su brouiller les pistes. »

    Bien envoyé contre les errements possibles du système policier et judiciaire. Mais j'y vois aussi un aspect psychologique. Le cynique, voire le pervers, saura brouiller les pistes pour embrouiller les tribunaux. Mais c'est surtout devant le tribunal de sa conscience qu'il lui faut dénier sa culpabilité, car elle n'est pas tant faux pas que porte-à-faux de tout son être.

     

    « Courage.

    Reconnaître sa lâcheté. »

    Oui. Ainsi j'assume de reconnaître la mienne dans mon choix de la conciliation face au bouledogue ou au serveur de restaurant.

     

    « Cran.

    Ce qui manque à ceux qui écrivent des lettres anonymes aux journaux. »

    Situation qui a dû souvent provoquer une certaine nausée chez le journaliste Bierce. De nos jours il lui serait conseillé d'éviter certains comptes de résasociaux, sous peine de passer son temps à vomir.

     

  • C comme ...

    « Calembour.

    Une forme d'humour à laquelle le sage condescend et le crétin aspire. »

    (Ambrose Bierce Le dictionnaire du diable)

    Eh bien c'est clair je suis une crétine de concours, car j'adore les calembours. Mais pour ma défense, je verse au dossier cet élément, trouvé un peu plus loin dans le dictionnaire :

    « Legs (legacy).

    Don de celui qui quitte le monde à toutes jambes (legs) ou a déjà un pied dans la tombe. Peut on à juste titre appeler « legs de guerre » l'infirmité d'un soldat unijambiste ? Voilà une question d'étymologie qui a fait couler beaucoup d'encre. »

     

    « Cénotaphe.

    Tombe d'où le corps s'est absenté, pour aller vivre ailleurs. La tombe dont la pierre portait l'inscription fameuse : Ci gisent mes deux enfants chéris L'un en vieille Irlande Et l'autre ici était un cénotaphe, en ce qui concerne celui qui est ''en vieille Irlande'' ».

    C'est bien, hein ? Pas de doute, c'est vraiment l'humour noir qui stimule le mieux la verve de Bierce.

     

    « Choeur.

    À l'opéra, un groupe de derviches hurleurs qui terrorisent l'auditoire pendant que les chanteurs reprennent haleine. »

    Voilà qui laisse mon clavier muet.

     

    « Circonlocution.

    Artifice littéraire au moyen duquel l'écrivain qui n'a rien à dire en fait part au lecteur – avec tact. »

    Dois-je le prendre pour moi ? Merci au moins pour le tact, Ambrose.

     

    « Club.

    Association d'hommes qui se proposent l'ivrognerie, la gloutonnerie, une dégoûtante hilarité, le meurtre, le sacrilège et la calomnie des mères, des épouses et des sœurs. Je dois cette définition à plusieurs femmes respectables disposant des meilleures sources d'information : leurs maris font partie de divers clubs. »

    Bierce manie avec aisance l'art de la définition à double détente, l'implicite. On en a un bel exemple ici : car on n'ose ici deviner les circonstances où il a eu l'info de la part de ces dames ...

     

  • B comme ...

    « Baptiser.

    Affliger d'un nom avec solennité un enfant démuni. »

    (Ambrose Bierce Le dictionnaire du diable)

    C'est vrai que le pauvre bébé est à la merci de lubies parentales plus ou moins inspirées, et souvent au goût du jour, qui n'est pas toujours le bon goût.

    Il lui reste la solution de changer de nom dès que ce lui sera possible légalement, à sa majorité par exemple.

     

    Mais ce n'est pas si facile :

    « Voici la seule astuce du baptême : l'enfant est mouillé pour que le nom colle. »

    Joli, non ? Elles sont assez nombreuses dans le livre, de telles définitions un tantinet loufoques, voire carrément surréalistes.

     

    Et ça fait du bien, vu la teneur globalement sombre du propos.

    « Bombe ou obus.

    Argument de l'assiégeant en faveur de la capitulation, mis avec doigté à la portée des femmes et des enfants. »

    Beaucoup de définitions de ce dictionnaire du diable sont marquées par l'expérience de la guerre vécue par Bierce*. Et encore il est mort avant de voir celle de 14, œuvre du diable particulièrement réussie, au point que depuis la méchanceté humaine a eu à cœur de ne pas démériter en ce domaine.

     

    « Biographie.

    Hommage littéraire rendu à un grand homme par un petit. »

    Alors ça, ça se discute. Pour ma part je trouve que les biographies écrites par Stefan Zweig signent sa propre grandeur. Qui consiste en la capacité à comprendre finement l'autre, comme de l'intérieur. Et quel souffle dans celle qu'il consacre à Montaigne, quelle lucidité (et à son propre usage) dans celle d'Érasme.

     

    *cf sa présentation (Appareil littéraire malveillant 23 septembre)