Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 2

  • Autopromotion Montaigne

    Oyez oyez lecteurs de ce blog : voici que vient de paraître aux éditions de l'Opportun un livre intitulé « Montaigne antistress », de Noëlle Guidon Mollex, que vous pouvez vous procurer pour une modique somme (autour de 10 euros) dans toutes les bonnes librairies ainsi que sur le net.

    Ceci est une autopromotion, puisque Noëlle Guidon, c'est moi, moi qui blogue pour vous sous le pseudo d'Ariane Beth (qui du coup perd en cet instant les caractères d'anonymattitude du pseudo – mais bon).

     

    Encore un livre sur Montaigne, direz-vous ! C'est vrai Montaigne est à la mode. Mais ce n'est pas étonnant.Notre époque présente bien des points communs avec la sienne. Il a connu la première mondialisation, après la découverte du Nouveau Monde. Il a connu l'absurdité des guerres de religion, venant remettre en question les convictions de l'Humanisme. Il est aussi un des premiers à penser l'individu moderne, revendiquant l'autonomie non pour s'y enfermer, mais pour construire avec l'autre un dialogue libre et authentique.

     

    Mon livre se présente sous la forme de 99 extraits des Essais, commentés brièvement : explications, échos de ma lecture. 99 « pilules philosophiques » commentées est en effet le schéma de la collection des « philosophes antistress » aux éditions de l'Opportun. Pourquoi « antistress » ? C'est l'idée que la philo est avant tout une sagesse, et que la sagesse c'est avant tout la recherche du bonheur. Alors on va voir dans les textes des grands philosophes comment ils s'y prennent, et ce qu'ils en disent.

     

    Bref mon livre est facile à lire, et propose à mon lecteur quelques passerelles vers sa propre lecture de Montaigne. En fait, si vous êtes des fidèles de ce blog depuis ses origines en déc 2012, vous avez déjà souvent rencontré Montaigne (d'ailleurs j'ai repris et retravaillé dans mon livre certains extraits que je vous ai présentés dans ce blog).

     

    Vous savez donc que dans les Essais il est question de joie de vivre gagnée sur la souffrance et les limites humaines, de relation aux autres, de choix à faire dans l'incertitude, bref de la condition humaine. Mais vous savez aussi que dans les Essais il y a surtout un homme à rencontrer. Un homme drôle, émouvant, lucide, qui nous invite à passer un moment avec lui, entre amis.

     

    Un rendez-vous à ne pas manquer. Et mon livre est là pour vous y conduire.

     

     

     

     

     

     

  • iXième

    Le X est fascinant. Rien que du point du vue grammatical, voilà une lettre qui est aussi substantif et adjectif, ce qui n'est pas donné à toutes, et même en fait à aucune autre.

    Mais surtout X fait entrer dans le territoire de l'inconnu, et par conséquent dans celui de l'imaginaire et de l'abstraction. En algèbre, symbole littéral désignant une inconnue. Souvenir de petits moments de mathématique pas trop compliquée, dans le plaisir de jouer avec cet X lors de la résolution d'une équation. Le faire passer d'un côté puis de l'autre du signe de l'égalité, comme dans une balade on repasse plusieurs fois à gué le même ruisseau, mais un peu plus haut, un peu plus bas. « Manipuler » (ainsi disaient parfois les profs) le X, le multiplier, le diviser, l'acoquiner avec des vrais chiffres en clair et sans code, mêler cet inconnu à la banalité, l'évidence d'un 2 ou d'un 210. Chaque manipulation le faisait un peu plus précis, lui ôtait du flou, jusqu'au moment où s'écrivait noir sur blanc X = 7. Moment à la fois triomphal et toujours un peu décevant. Cet X qui se cachait dans l'énigme de l'équation, auréolé du mystère, de l'indéterminé du mot d'inconnue, se retrouvait finalement là posé sur la feuille, résolu, identifié à un 7 tout bête, comme déchu de son vertigineux possible.

     

    X c'est aussi le chromosome X, un chromosome fort sympathique ma foi, que se partagent les hommes et les femmes. En revanche accoucher sous X est nettement moins réjouissant. Et puisqu'on est dans cette sorte de choses, parlons des films X, du « porno ». Voilà un mot aussi moche et vulgaire que ce qu'il dit. C'est déprimant de penser que la plupart des adolescents aujourd'hui ont pour premier aperçu de l'acte amoureux le sexe vu par l'industrie du porno, une mécanique répétitive de gestes aussi formatés que les parties du corps utilisées. Espérons que leur sensibilité et leur aptitude sentimentale soient les plus fortes face à ces aberrations, dont la stupide indigence n'a d'égale que l'angoisse haineuse à l'égard du corps féminin. Angoisse déniée, refoulée, qui constitue l'alpha et l'oméga de toutes les formes de l'antiféminisme, des plus soft aux plus abjectes.

     

    Mais ne restons pas sur cette triste note, car l'X présente aussi le charme expérimental du fameux sonnet en X de Mallarmé, qui est à lui seul une pub pour le dictionnaire :

    Ses purs ongles très hauts dédiant leur onyx,

    L'Angoisse, ce minuit, soutient, lampadophore,

    Maint rêve vespéral brûlé par le Phénix

    Que ne recueille pas de cinéraire amphore.

     

    Sur les crédences, au salon vide : nul ptyx,

    Aboli bibelot d'inanité sonore …

     

    Et pas que sonore, hein ?

  • Witz

    Witz ? Warum ? Es ist kein französisches Wort, oder ? Ja, ich weiss, Du Kartoffel ! Et d'ailleurs je dois à la vérité de dire que Robert n'a pas mis ce mot dans son W. Eh bien moi je le mets, c'est mon blog et je fais ce que je want. Et que Robert ne vienne pas me chercher des noises, lui qui n'hésite pas à définir waouh, wech ou wiki …

     

    Le Witz est une histoire drôle, ou plus exactement drôlement tournée, car il repose surtout sur le jeu avec les mots. Quelqu'un de witzig est quelqu'un qui a de l'esprit, qui a le sens de la plaisanterie. Ce qui est déjà une bonne raison de faire honneur à ce mot. Mais il faut surtout mentionner que Freud lui a consacré un de ses livres, « Le Witz et sa relation à l'inconscient », ouvrage publié pour la première fois en 1905 (il aurait donc pu employer le mot vasouiller, en français dans le texte). Ce livre nous dit d'abord une chose essentielle : Freud n'était pas le grincheux névrosé obsessionnel que d'aucuns se plaisent à décrire. Enfin un peu peut être, mais pas seulement. C'était aussi quelqu'un qui aimait rire et sourire, savait goûter les plaisanteries, les jolies rencontres de mots (entre autres celles que lui offrait l'écoute de ses patients). Et il n'est que de le lire sans a priori pour déceler dans son écriture la capacité de distance ironique qui fonde le meilleur sens de l'humour. Et cela y compris dans les démonstrations les plus serrées. Il dit d'ailleurs à propos du Witz que « c'est la plus sociale de toutes les activités psychiques ayant pour but un gain de plaisir ».

    J'espère t'en avoir dit assez, lecteur de ce blog, pour piquer ta curiosité, car je crois bien qu'après cet abécédaire qui n'est plus qu'à trois lettres du mot fin, nous nous en irons vadrouiller du côté de la freuditude.

     

    Parmi les histoires citées dans le livre sur le Witz, il y en a dont Freud dit que ce sont des Witz « sceptiques », car « ils attaquent la sûreté de notre jugement lui-même, qui est un de nos biens spéculatifs ». Celle-ci vaut le détour et a été amplement commentée (entre autres par Lacan) :

    Deux Juifs se rencontrent dans un train en Galicie. « Où vas-tu ? » demande l'un. « A Cracovie », répond l'autre. « Regardez-moi ce menteur ! » s'écrie le premier furieux. « Si tu dis que tu vas à Cracovie, c'est bien que tu veux que je croie que tu vas à Lemberg. Seulement moi je sais que tu vas vraiment à Cracovie. Alors pourquoi tu mens ? »

     

    Voilà je trouve qui n'est pas sans rapport avec la manière dont Kafka* gère sa corbeille à papiers ...

     

     

     

    * voir le K de cet abécédaire.