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  • Asticot (drôle de)

    « Lorsqu'il voulait se relâcher l'esprit un peu plus longtemps, il cherchait des araignées qu'il faisait battre ensemble, ou des mouches qu'il jetait dans la toile d'araignée, et regardait ensuite cette bataille avec tant de plaisir, qu'il en éclatait quelquefois de rire. » (Vie de Spinoza par Jean Colerus)

    Qu'est-ce qu'il vient nous embrouiller avec cette histoire, Monsieur Colerus ? Il pouvait pas nous laisser avec la belle image d'Épinal sur faïence de Delft ? Pourquoi ce coup de patte à la réputation flatteuse du bonhomme ?

    Jusqu'ici c'était quasiment les Fioretti, style François d'Assise murmurant à l'oreille des loups, dansant avec les ours, chantant avec les piafs.

    Mais à voir Spinoza s'employer à asticoter une araignée pour suicider les mouches, Dieu me rédime là on est carrément dans Seven.

    Comment interpréter

    1) le fait en soi

    2) que le pasteur Colerus ait jugé bon de cafarder à la postérité sur ce sujet somme toute de peu d'importance (deux trois faucheux, une épeire au pire, vu qu'on peut supposer que les mygales couraient pas les rues en Hollande durant le petit âge glaciaire).

    1 a Spinoza était arachnophobe. N'importe quoi. Dans ce cas il ne serait pas allé les chercher. Car par Saint Sigmund qui dit phobie dit évitement (par exemple au hasard d'un chien).

    (N.B. Je ne suis pas plus arachnophobe que Spinoza. Lui pour les chiens je sais pas, Colerus est muet sur ce point).

    1 b Spinoza négligeait les affects arachnéens, les flottements d'âme muscatiens (mouchiens, mouchistes ?) Souscrivait-il pour autant sans réserve à la conception cartésienne des animaux-machine ?

    Ne nous emberlificotons pas dans un tel débat. Nous risquerions de ne pas nous en dépêtrer de sitôt. Bornons-nous à remarquer qu'il se comportait avec nos sœurs mouches et araignées comme d'autres avec de vulgaires êtres humains.

    2 a Colerus avait été approché par le LAS (lobby anti spinoziste) pour casser la réputation de notre philosophe chéri, et faire baisser le cours de ses écrits à la bourse d'Amsterdam.

    (Ah bon les œuvres philosophiques n'étaient pas cotées en bourse en ces temps obscurs ? Heureusement que maintenant … Ah bon, non plus ? Mais oui c'est vrai où ai-je la tête, ce ne sont pas des valeurs. Au temps pour moi.)

    2 b Colerus voulait avec ce petit fait montrer comment Spinoza affinait, lors d'expériences joignant l'utile scientifique à l'agréable divertissant, sa conception du conatus perseverare in suo esse.

    Conatus ? Conatus ? Drôle de nom pour une araignée.

     

     

  • Araignée

     

    Annexée à mon édition de l'Éthique se trouve « La vie de B. de Spinosa tirée des écrits de ce fameux philosophe Et du témoignage de plusieurs personnes dignes de foi qui l'ont connu particulièrement. » par Jean Colerus, Ministre de l'Église luthérienne de La Haye (1706)

    1) Spinoza étant mort en février 1677, le moins qu'on puisse dire c'est que sa vie par Colerus n'est pas un reportage en direct live.

    2) Le hasard est farceur. Colerus sonne décalé, s'agissant du biographe d'un homme que ses écrits comme le témoignage de plusieurs personnes etc. font plutôt imaginer en parangon de longanimité.

    Cela dit ce nom a-t-il rapport à l'idée de colère, par exemple à un ancêtre irascible dudit Colerus ? Pas sûr.

    3) Spinoza était-il vraiment la crème d'homme que décrit Colerus (au plan du comportement, pour ses opinions il est moins hagiographique, on le verra) ?

    Vaste question qui se pose aussi pour bien d'autres génies.

    Question inutile à mon sens. Faute de témoignages directs ou d'impressions personnelles suite à la rencontre du Spinoza de chair et d'os, fions-nous à ses écrits.

    Avoir donné l'Éthique c'est déjà pas mal dans le genre service rendu à l'humanité, non ?

    4) Mais cela n'empêche pas la curiosité que vient opportunément satisfaire Colerus.

    « Pendant qu'il restait au logis, il n'était incommode à personne. » Un bon point pour lui : il pratiquait de toute évidence le primum non nocere (cf 25 déc 2015) avec un certain succès.

    « il y passait la meilleure partie de son temps tranquillement dans sa chambre. » Oui c'est sûr rester tout seul dans son coin ça aide à ne gêner personne.

    Comme dit Pascal « tout le malheur des hommes vient d'une seule chose, qui est de ne pas savoir demeurer en repos dans une chambre. »

    (Perso j'ajouterais deux trois choses comme rivalité, pulsion de mort et tout ce qui s'ensuit, mais je dis ça je dis rien et puis ne nous égarons pas).

    « Lorsqu'il lui arrivait de se trouver fatigué pour s'être trop attaché à ses méditations philosophiques, il descendait pour se délasser, et parlait à ceux du logis (…) même de bagatelles. »

    Ça va sans dire, qui peut le plus peut le moins CQFD. Le mec qui vous écrit une définition de Dieu sans coup férir, qu'est-ce qui l'empêche de disserter sur les riens quotidiens, le prix du pain, le temps qui fraîchit.

    Ou de raconter la dernière petite blague qui court en Hollandie (ben quoi La Haye c'est en Hollandie oui ou non ?), ajoutant son grain de sel avec une verve qu'il n'est pas interdit de lui supposer.

    « Il se divertissait aussi quelquefois à fumer une pipe de tabac ». Mais ne pas déduire que c'est pour cela qu'il partait du poumon. « Quelquefois » exclut l'addiction grave.

    La phtisie ou genre qui l'a tué mettons-la sur le compte des rigoureux hivers bataves durant le petit âge glaciaire.

    En outre rappelons-nous combien on s'employa à étouffer sa liberté et qu'ils furent nombreux, admirateurs, jaloux, cons, méchants, à sérieusement lui pomper l'air.

    Le rapport avec l'araignée ? Z'êtes pas patients, hein ? Vous voulez que je vous dise vous n'en auriez pas fait une bonne d'araignée. Bon allez à suivre.

     

     

  • ABS

    Malgré les apparences ce titre n'annonce pas une publicité pour les systèmes de freinage à même d'éviter les dérapages incontrôlés sur routes verglacées. Ce qui serait d'ailleurs peu utile en cet hiver clément.

    En outre ce blog fait plutôt dans l'inutile, ça ne vous aura pas échappé.

     

    ABS ne note pas pour autant l'absence de lecteurs, de ceux qui s'abstiennent de prêter attention et temps à ce blog pourtant si passionnant. Quoiqu'inutile.

    ABS n'est pas davantage le sigle d'une association reconnue d'intérêt public telle que : « Auteurs Brutaux et Satiriques », « Amis de la Bêtise Savante », « Affligeants Bavards Superflus », « Activistes pour le Bannissement de la Sottise » etc.

     

    En fait la dernière n'est pas sans rapport. Car j'entends par ABS : Abécédaire de Base sur Spinoza (Ou Abécédaire à Base de Spinoza, ou Alpha Bêta Spinoza, etc. brodez à votre idée).

    Je me propose de consacrer les jours qui viennent à l'écrire.

    Il nous fera flâner dans la vie et l'œuvre du susnommé, l'une comme l'autre (surtout l'autre car elle est nettement plus connue) propres à nous instruire et nous édifier.

    Ce qui n'est plus à démontrer. Mais vaut toujours la peine d'être répété.

     

    Je l'avoue, de Spinoza j'aurais volontiers été l'élève. En philo comme en polissage de lentilles. Surtout le deuxième, à la réflexion. Au moins je saurais un truc concret, utile.

     

    Ce qui est sûr c'est que Spinoza est un ami. Un ami mort, certes. Mais pas moins présent pour autant.

     

    Si forte, si passionnante est son œuvre, que lorsqu'on s'en est une fois approché, il devient ensuite difficilement évitable de vivre ou penser sans revenir régulièrement passer un peu de temps (selon la belle expression de Deleuze)

    « au milieu de Spinoza ».

     

    Ce à quoi nous allons nous adonner dès la prochaine fois.