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  • Coin coin

    Sur la mare printanière glissent les canetons dans le sillage de leur mère cane, poussant de joyeux coin-coin.

    Charmant tableau se dit le promeneur, qui sort son appareil photo ...

     

    Quand tout à coup de l'attendrissante théorie émane un horrible couac ...

    Et crac : le charme est rompu.

     

    Quel est le vilain petit canard responsable de cette dissonance ?

    La mère cane a brusquement tourné la tête, comme pour intimer « chut » au perturbateur.

     

    Les canards repartent, silencieusement cette fois.

     

    Le promeneur fait son cadrage et appuie : clic-clac !

    (Merci Kodak, ajouteront les plus de 50 ans).

     

     

  • Brrr

    Parmi les onomatopées possibles en B, il y avait boum bien sûr, qui sonnait si bien pour la rime avec atchoum.

     

    Boum m'évoque une séquence du film de Luc Besson Le cinquième élément.

    Lee Loo (Mila Jovovich), alias l'être suprême venu sauver le monde (rien que ça), tombe du ciel dans le taxi de Korben Dallas (Bruce Willis). Le choc passé il se retourne, et découvre une drôle de jeune femme aux cheveux rouges (coup de foudre instantané). Dans un langage ésotérique, avec force gestes, elle mouline un récit.

    Le spectateur qui a tout vu n'a pas de mal à décoder « Je me suis retrouvée enfermée dans une caisse en verre, je me suis échappée en la cassant d'un coup de poing, on m'a poursuivie, j'étais coincée, alors je me suis jetée dans le vide. Et boum ».

    Dallas, lui, ne capte que ce dernier mot, et réplique « Yes boum, big badaboum ». Toute heureuse d'être enfin comprise, Lee Loo répète « Big badaboum bada big boum ».

    Le cinquième élément, je ne m'en lasse pas, même si à force de le revoir j'en connais par cœur presque chaque plan et chaque réplique.

    Un de mes films-culte, avec Amadeus, La guerre du feu, La liste de Schindler. (Et bien d'autres encore).

     

    Brrr s'est imposée cependant, comme une prime à la logique. Atchoum implique Brrr. Ou vice-versa ?

    Enfin ils s'accompagnent souvent.

     

    L'émission d'Arte Karambolage (auf deutsch) ou carambolage (en français) propose régulièrement un micro-trottoir : des passants des deux côtés du Rhin doivent traduire une situation par l'onomatopée correspondante.

    Dans une émission vue il y a quelque temps la situation était : qu'est-ce qu'on se gèle !

     

    100% des locuteurs français ont produit l'onomatopée glagla, tandis que 100% des locuteurs allemands ont fait brrr. Or moi c'est ce que j'aurais dit : brrr.

    Je ne pensais pas posséder si bien la langue de Goethe.

     

  • Atchoum

    Très construit pour une onomatopée. On pourrait se contenter, il me semble, de tch, ou de tchi.

    Mais soit, la création d'onomatopées est un genre littéraire qui peut prétendre aussi bien qu'un autre à la sophistication. Atchoum mérite donc une analyse approfondie.

     

    At est-il le début du mot attention ?

     

    « Truculent : ça monsieur lorsque vous pétunez

    La vapeur du tabac vous sort-elle du nez

    Sans qu'un voisin ne crie au feu de cheminée »

     

    « Attention, alerte ! Menace d'explosion sternutatoire. La population est priée de gagner immédiatement les abris prévus à cet effet. Je répète : menace d'explosion sternutatoire ... »

    (C'est vrai qu'en ces temps épidémiques, un plan orsec anti-atchoum est une évidence).

     

    La finale en oum ne peut qu'évoquer, elle, le son émis par un yogi en posture de lotus. De fait ce son se module en a-oum : on y reconnaît notre onomatopée, sous une forme que l'amuïssement des consonnes adoucit et empreint de zénitude.

     

    En rapprochant ces deux observations, on doit conclure que l'onomatopée atchoum est la formule d'une résilience :

    une perturbation du prana, suivie d'éclatement et de dégâts collatéraux en forme de postillons, résolue par l'effet apaisant d'une séance de yoga.

     

    Mais comment terminer cette analyse aussi indispensable que magistrale sans mentionner qu'Atchoum est aussi, surtout, un des sept nains du dessin animé.

    Puis, passant du dessin animé à la BD, après les nains nous rencontrons logiquement les Stroumpfs.

    Stroumpf : onomatopée bien appropriée aussi à l'éternuement.