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  • Onomatopées

    « Onomatopée n.f. XVI° latin onomatopea du grec onomatopoiia création (poiein faire) de mots (onoma).

    Ling. Création de mot suggérant ou prétendant suggérer par imitation phonétique la chose dénommée ; le mot imitatif lui-même.

    Onomatopée désignant des sons naturels (atchoum, cocorico, miam, toc-toc) ou artificiels (broum, pin-pon). Les onomatopées servent à former des noms (gazouillis, roucoulement) et des verbes (chuchoter, ronronner, vrombir) dérivés. »

     

    Robert tel qu'en lui-même.

    Précision scrupuleuse de la date, du traçage (le mot latin intermédiaire).

    Fétichisme du classement et de la distinction (la création et son résultat, les naturels et les artificiels ... )

    Et ce zeste de psychorigidité qui le conduit aux confins de l'absurdité. Ou prétendant suggérer franchement Robert ! Si on suggère, c'est bien qu'on prétend suggérer. Et ce qu'on prétend suggérer évidemment on le suggère du même mouvement, non ?

     

    Euh pardon j'ai l'impression que son ergotage déteint sur moi.

     

    Bref je me suis dit : par les temps anxiogènes que nous vivons, si je proposais au lecteur un petit truc léger (quoi pour changer ?). D'où l'idée d'un parcours dans les onomatopées.

    Parcours alphabétique bien sûr. Parce que bon sans être fétichiste du classement, je préfère que ça soit à peu près rangé.

     

     

  • Foules sentimentales (16/16) Libido et liberté

    « Au cours de cette recherche, maintenant parvenue à un terme provisoire, se sont ouvertes à nous différentes voies latérales, que nous avons d'abord évitées (…) Nous allons maintenant revenir sur une partie de ce que nous avons laissé de côté. »

    (Freud Psychologie des foules et analyse du moi chap.12 Annexes)

     

    Et de cette partie pour ma part je retiens les trois points suivants.

    1) « Le moment où s'est réalisé le progrès que constitue le passage de la psychologie des foules à la psychologie individuelle. »

    Pour Freud (après dit-il échanges avec Otto Rank sur l'article la figure de Don Juan), le chaînon manquant entre le père de la horde et le meneur de la foule est le héros mythologique. Mais le mouvement ne s'arrête pas.

    « Le mensonge du mythe héroïque culmine dans la déification du héros. » Après l'élimination par les fils du père de la horde, « la chronologie des dieux s'établirait ainsi dès lors : déesse mère/héros/dieu père (monothéismes). »

    Ce qui précise-t-il n'est pas tout à fait un (éternel) retour à la case départ. Car ce dieu père est un peu plus père et un peu moins tyran. Quoique. Y a des moments on en doute, hein ?

     

    2) Retour sur l'idée que les foules sont par essence sentimentales. Autrement dit elles carburent à la libido, et sont de ce fait soumises aux fluctuations de l'articulation entre pulsions sexuelles directes et inhibées quant au but.

    L'occasion de mentionner le complexe d'Oedipe (occasion rarement boudée par Papa Sigmund), et d'insister sur la réversibilité entre refoulement et défoulement pour l'individu enfoulé (cf note précédente).

     

    3) Relation amoureuse et enfoulement font rarement bon ménage. En particulier dans les grandes foules artificielles que sont l'Eglise et l'Armée. « La relation amoureuse entre hommes et femmes reste extérieure à ces organisations. »

    Et lorsqu'il y a carrément bannissement structurel, c'est le signe certain que l'institution la ressent comme une menace vitale (ex la dead line du célibat des prêtres, inexplicable autrement).

    « L'amour pour la femme (la formule a l'air d'exclure l'amour homosexuel – ce n'est pas nécessairement son propos, quoi qu'on en dise, mais disons plutôt l'amour tout court) rompt les liens à la foule propres à la race, à la division en nations et au système social des classes, et accomplit de ce fait (c'est moi qui souligne) des réalisations culturelles importantes. »

     

    Aujourd'hui en beaucoup de lieux ces liens de race, nations, classes se resserrent jusqu'à l'étouffement. Cela se fait moyennant divers enfoulements réels ou virtuels, éphémères ou organisés, idéologiques et/ou religieux ou pas.

    Ils ont en commun la perversion, aussi habile que paradoxale, de la réalisation culturelle importante qu'est l'individualisme moderne.

  • Foules sentimentales (15/16) Refoulement enfoulement défoulement

    Il me semble que dans cet essai, c'est surtout là où voulait en venir Papa Freud, à son Urvater (père originaire).

    Une fois qu'il l'a rencontré dans Totem et Tabou, il le ressort de son chapeau à maintes reprises, et jusqu'à son œuvre finale L'homme Moïse et la religion monothéiste (1938) (en particulier fin de la deuxième partie, Résumé et récapitulation paragraphes g et h).

     

    Mais un dada peut en cacher un autre.

    « Ce par quoi nous avons contribué à l'explication de la structure libidinale d'une foule se ramène, nous le reconnaissons, à la distinction du moi d'avec l'idéal du moi, et au double mode de lien rendu par là possible – identification et installation de l'objet à la place de l'idéal du moi. »

    (Psychologie des foules et analyse du moi chap.11 Un stade dans le moi)

    Au cours de sa quête d'élucidation du fonctionnement psychique, Freud ne cessera de tresser les deux fils (comme un fil de coton, pas un fiston, dans le contexte ça peut prêter à confusion) : la phylogenèse et l'ontogenèse. C'est à dire l'héritage commun à l'espèce, et ce qui façonne chaque individu à partir de son histoire personnelle.

    Avant la boucle finale que noue le Moïse entre les deux fils, deux autres points nodaux : précisément l'essai que nous lisons et, quelques années après, Malaise dans la culture.

     

    Propos du chap.11 : l'individu au cours de son développement doit construire un moi cohérent compatible avec son environnement social. Pour cela il lui faut refouler son moi primitif de Narcisse totalitaire, lequel va constituer (dans l'inconscient donc) le noyau de l'idéal du moi.

    Ich Ideal, Ideal Ich (idéal du moi, moi idéal) Freud passe d'une nomination à l'autre. On dit parfois que Moi idéal est un bourrin sans frein, et Idéal du moi le cheval, dûment bridé par un dresseur nommé Surmoi, apte à être monture docile du moi. La distinction n'a qu'une relative pertinence : à l'arrivée le principe de réalité est la continuation du principe de plaisir.

     

    La tension qui pèse sur l'individu social est celle du moi tiraillé entre le pôle normatif et le pôle hors la loi de son idéal. C'est pourquoi « il se crée toujours une sensation de triomphe quand quelque chose dans le moi coïncide avec l'idéal du moi. »

    Une telle coïncidence a lieu quand l'individu enfoulé s'abandonne au meneur, projection de son moi idéal. À partir de ce moment le principe de plaisir peut non seulement outrepasser le cadre du principe de réalité, mais pulvériser ses propres records.

    On entre alors dans un au-delà du principe de plaisir dans lequel Freud (voir essai éponyme), décèle la pulsion de mort. Une explication peut être pour l'oscillation des foules entre liesse bon enfant et violence débridée.