-Caban n.m. 1448 italien de Sicile cabbanu de l'arabe qaba « tunique ». Manteau court en gros drap de laine à deux rangées de boutons (porté à l'origine par les marins). Vraiment ce que j'aime chez Robert, ce sont les étymologies. On n'est jamais déçu du voyage.
-D'accord avec toi, Blanche. Robert est un guide qui sait de quoi il parle. On apprend des tas de choses sur la vie des mots, qui est forcément aussi celle des gens. Sicile île marin nu qu'a froid cabbanu marin vêtu de drap …
-C'est que les mots c'est comme les virus, pour se transmettre il leur faut un support, un vecteur.
-Pour la métaphore, franchement Blanche tu t'es pas cassée là. Si encore tu la filais astucieusement …
-Oui oui ça va Ariane le fil le tissage c'est ton rayon on sait. Mais serais-tu capable de filer la laine pour en faire du gros drap à caban, hein ?
-Chacun son job, ma chère Blanche. Aux uns le métier à tisser, aux autres les mots à texter. Quoique. Ça me fait penser à Montaigne …
-Qu'est-ce qui ne te fait pas penser à Montaigne, Ariane, je me demande ?
-Non mais tu sais quand il dit Ceux que je vois faire des bons livres sous de méchantes chausses, eussent premièrement fait leurs chausses, s'ils m'eussent cru. Demandez à un Spartiate s'il aime mieux être bon rhétoricien que bon soldat ; non pas moi que bon cuisinier, si je n'avais qui m'en servît.* Être capable de faire des choses concrètes dans la vraie vie c'est clair à choisir y a pas photo. Imagine-toi par gros temps sur ton bateau. Pour t'en sortir vaut mieux avoir appris à manier le cabestan qu'à filer la métaphore, non, Blanche ?
-Ou alors tu boutonnes bien ton caban et tu te rabats sur Épicure en attendant que ça se passe.
-Que vient faire Épicure dans cette galère ?
-Haha. Facile. Je parle de son truc comme quoi dans la tempête les hommes sont paniqués because qu'ils sentent venir le naufrage, mais y a un pourceau qui, lui, reste zen dans son être animal.
-Ouais il serait moins zen s'il savait pourquoi les marins l'ont embarqué. Tu me diras il a un petit délai, parce que dans une tempête pareille, même avec le pied marin t'es pas à l'abri de la nausée, j'imagine.
*Essais II,37 De la ressemblance des enfants aux pères