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Blog - Page 344

  • A bon entendeur salut

    « L'homme du commun qui aime pratiquer la vertu et faire le bien est un dignitaire sans charge. Le mandarin qui cherche à obtenir des prérogatives et achète des faveurs est un mendiant sur un trône. »

    Hong Zicheng (Propos sur la racine des légumes I,93)

     

     

    « Il faut être pur et libre comme l'eau et les nuages pour administrer un pays dans l'intérêt de tous. Une seule pensée de lucre précipite dans un piège redoutable. » (I,46)

     

     

    « Les gens qui réussissent et font œuvre utile sont en général modestes et conciliants. Les gens qui n'ont que des échecs et des occasions manquées sont certainement obtus et obstinés. » (I,97)

     

     

    « Étudier sans en tirer une leçon de sagesse, c'est être comme le copiste qui grave les livres.

    Administrer sans veiller au bien du peuple, c'est être un bandit en tenue de mandarin.

    Enseigner sans surveiller son propre comportement, c'est invoquer le Bouddha sans croire en lui.

    Oeuvrer sans cultiver la vertu, c'est n'avoir sous les yeux qu'une fleur éphémère. » (I,56)

     

     

    Mais bon hein, comme on dit : moi je dis ça je dis rien.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Parle pour toi

     

    « On considère comme un bonheur d'avoir un nom et un rang car on ignore que le plus vrai des bonheurs est de n'avoir ni nom ni rang.

    On considère comme un tourment d'avoir froid et faim car on ignore que les tourments de ceux qui n'ont ni froid ni faim sont encore pires. »

    Hong Zicheng (Propos sur la racine des légumes I,66)

     

    Il est mignon, Hong, mais y a des fois il charge un peu la jonque.

    Quelqu'un dans mon genre sans nom et sans rang, et plus encore quelqu'un qui a froid et faim, serait bien fondé à lui répondre : changeons, Hong. Tu prends ma vie je prends la tienne.

    Allez deux trois mois pas plus et après on fait un debriefing : ton tourment et ton bonheur sur une échelle de 0 à 10 ?

    Attention, Hong. Ta phrase peut passer au mieux pour de l'indifférence, au pire pour du cynisme. Y en a qu'ont viré rousseauistes pour moins que ça : alors dis-toi qu'en tant que mandarin t'es pas à l'abri des pépins.

    (Je reviens pas sur l'histoire du mandarin de Rousseau vous l'avez en tête je l'ai suffisamment radotée) (Quoi Euh … ? Bon allez je suis sympa : voir ce blog 19-12-2016. Mais c'est bien parce que c'est vous.)

    Les plus ou moins sexagénaires parmi nous se souviennent du fameux il faut voir d'où on parle, phrase fétiche des penseurs (ou simili) des années 70. Dommage que la mode en soit passée, je persiste à trouver cela pertinent.

    (La mode de cette expression, j'entends, pas celle de penser. Quoique.)

    Il est du dernier tartufe (dirait-on en langue de Molière) de s'autoriser à donner des leçons d'humilité et frugalité à son prochain, lorsqu'on a nom et rang.

    Càd de nos jours une quelconque audience quelque part assortie d'un revenu supérieur ou égal au revenu médian. Soit environ 1600 euros (Voyez avec Hong pour la conversion en yuans).

    Et estimez-vous heureux j'aurais pu mettre la barre au niveau du RSA ou du minimum vieillesse. (Perso sans me vanter même dans ce cas je garderais voix au chapitre pour bavasser sur la joie spinoziste ou quoi que ce soit).

    (Quant à Spinoza lui-même j'ai pas le cours du florin milieu XVII° en tête, mais il me plaît d'imaginer nos fortunes comparables – toutes choses égales par ailleurs).

    Mais je n'ai garde pour autant de fermer la bouche à notre Hong. Dès l'instant qu'il nous évite les leçons de stoïcisme à la mode tartufe, libre à lui de nous causer tant qu'il veut de morale ou de politique, de diplomatie, d'art, de littérature, depuis sa place de mandarin lettré.

    Tout cela intéresse aussi les pas riches pas célèbres. Car aussi étonnant que cela paraisse, pauvre inconnu(e) ne rime pas forcément avec stupide inculte.

    Sans me vanter.

     

     

     

  • Si on dansait

     

    « Mieux vaut encore, pour vivre à son aise, éviter l'action qu'y prendre plaisir et, pour préserver son intégrité, ne pas avoir d'aptitudes qu'en avoir beaucoup. »

    Hong Zicheng (Propos sur la racine des légumes II, 2)

     

    Voilà qui m'évoque la fameuse boutade de Keynes rétorquant aux objections aquabonistes devant ses propositions « C'est vrai que de toutes façons à moyen terme on sera tous morts ».

    Éviter l'action et d'y prendre plaisir : double renonciation, double négation de l'énergie et du dynamisme. Se boucler à double tour, que ce soit dans une tour d'ivoire, une cellule monastique, ou même le tonneau du cynique.

    Préserver son intégrité, sa pureté en renonçant à faire quoi que ce soit. Et si par hasard on agit, mettre en œuvre aussi peu d'aptitudes que possible.

    Je vois bien le prof disant à l'élève : « ouh là petit, surtout cultive pas trop tes aptitudes, hein, tu y perdrais ton intégrité, pauvre chou. »

    Ce serait comme je sais pas moi un genre d'imam ou quoi que ce soit disant à une femme : « ne te mêle de rien, ma fille (soeur, femme), il faut préserver ta pureté. » Quand on dit intègre l'intégrisme n'est jamais très loin. Et la dévitalisation qui va avec.

    Hong ne va pas jusque là. Et la sagesse orientale a ses qualités, soit.

    Zénitude, acceptation des choses comme elles sont, pas de révolte inutile, relativisation de ses petits soucis en les replaçant dans un cadre universel et intemporel … Oui oui.

    Mais il y a un revers à la médaille : c'est une sagesse immobile. Comme revenue de tout. Sauf que souvent elle y est même pas allée.

    En tous cas c'est ce que je ressens à la lecture de cette phrase de notre Hong.

    Beaucoup de philosophes occidentaux ont flirté avec la sagesse orientale. Mais après s'en être nourris, l'avoir digérée, y en a qui plutôt que piquer un roupillon post-prandial, se sont remis en mouvement, ont repris la route de crête philosophique.

    Oui Nietzsche par exemple.

    Suivant Schopenhauer, il s'est intéressé au bouddhisme. Mais à un moment il a discerné la pulsion de mort derrière certaines recherches nirvanesques de calme plat.

    Alors, à la sagesse immobile et ses assurances, il a préféré l'élan du danseur de corde.