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Blog - Page 448

  • ... Et deux anagrammes

    « Je me laisse aller comme je me trouve » écrit Montaigne.

     

    Il s'agit tout à la fois de ses pensées, de sa vie, de son écriture, et fondamentalement, de son être. Une phrase qui signe un détachement, une joyeuse indifférence à l'égard du souci narcissique de l'image. Et tout autant un lâcher-prise envers les exigences d'un idéal moral (qui d'ailleurs ont plus souvent qu'à leur tour partie liée au narcissisme). De ce détachement naît la radicale énergie à s'adonner à la vie comme elle vient. Bref cette phrase dans sa simplicité est un des « oui » les plus forts qui aient été répondus à la vie.

     

    Mais c'est pas tout ça, voici la clé des mots (peut être avez-vous trouvé tout à fait autre chose, là est le plaisir des charades).

    1er et 6° : jeu. 2° et 7° : meuh. 3° : lait. 4° : salé. 5° : com' (= communication, càd en clair propagande pour vendre lessive, voiture, jeu vidéo, président de la république etc.). 8° : trou. 9° : vœux.

     

    Passons à présent à la 2°charade.

     

    Mon 1er est fin prêt.

    Mon 2° est bien fatigué.

    Mon 3° travaille dans la toile.

    Mon 4° est une forme d'amour qui a oublié son début.

    Mon 5° accompagnait souvent jadis une dame ou une damoiselle.

    Nous sommes au tout début de mon 6°.

    Ma 7° est d'autant plus forte qu'elle est fine.

    Mon 8° est la lettre la plus tendre de l'alphabet.

    Mon 9° est souvent concurrent de Truc ou de Machin.

     

    Mon tout est une phrase de Spinoza. Spinoza ? Ben oui. Deuxième personne de ma trinité fétiche, c'était fatal qu'il se pointât. Vous direz que je ne me renouvelle guère. Mais vous savez quoi : ils le font pour moi.

    Du coup vous subodorez j'imagine de qui sera la troisième phrase, support de ma troisième charade …

     

    Mais auparavant vous aurez bien sûr la solution la prochaine fois. Et puis voici une deuxième anagramme-cadeau :

     

    L'Ethique de Spinoza : quiz de philo séante.

     

     

     

  • Trois charades ...

    Pour fêter le début d'année, j'ai décidé, chers lecteurs, de nous offrir une petite pause dans la lecture au long cours de Zarathoustra. Je pense que ce ne sera pas du luxe pour vous non plus ? Parce que bon Nietzsche c'est un peu comme le foie gras accompagné de Sauternes, c'est difficile de trouver mieux côté plaisir subtil, mais faut pas en abuser sous peine de difficultés digestives.

     

    Je m'en vais donc en guise de récré soumettre à vos esprits aussi vifs que sagaces trois charades à deviner. Chacune d'elle vous proposera une résolution pour aborder dans la sérénité et le dynamisme l'année à venir. Prêts pour la charade n°1 ?

     

    Mon 1er est l'activité que nous pratiquons en ce moment-même.

    Mon 2° s'entend dans les verts pâturages …

    tandis que s'y fabrique mon 3°.

    Mon 4° est parfois petit, mais toujours costaud.

    Mon 5° est une apocope bien trop envahissante dans nos sociétés.

    (Récré d'accord mais on reste dans un blog option intello, c'est comme ça)

    Mon 6° nous y sommes toujours depuis mon 1er.

    Mon 7° fait écho à mon 2°.

    Il vaut mieux faire mon 8° qu'y tomber.

    Je vous présente mes meilleurs .

     

    Et mon tout est une bien belle phrase de notre ami Monsieur des Essais, que je mets en exergue de cette année, histoire de nous exhorter à la vivre dans la coolitude, autant que faire se peut et « toutes choses égales par ailleurs ».

     

    La solution sera dans la prochaine note. Creusez-vous la cervelle d'ici là.

    Mais pour finir, comme je suis très très gentille, en cadeau voici une anagramme pour saluer notre auteur chéri :

     

    Les Essais de Montaigne : sagesse mondiale, tiens !

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • A distance respectueuse

    « Depuis qu'il y a des hommes, l'homme a trop peu été dans la joie : voilà, frères, notre seul péché originel. Et mieux nous apprenons la joie, d'autant mieux nous désapprenons à faire du mal aux autres, et à concevoir le mal. » (Ainsi parlait Zarathoustra. Des compatissants)

     

    Voilà qui évoque irrésistiblement Spinoza et son Ethique. La joie puissance, la joie source d'agir positif. Et réciproquement la joie signalant qu'on peut inscrire le signe plus sur une motion psychique. Aucun hasard : Nietzsche ne se cache pas d'avoir été impressionné par la lecture de Spinoza.

    Le discours Des compatissants contient des notions-clés de la pensée nietzschéenne. Ce qui ne gâte rien, elles sont exprimées dans une clarté fort agréable, pour ne pas dire reposante. La lampe est juste réglée comme il faut pour qu'on y voie bien clair sans se sentir agressé par une pléthore de photons. Pas l'éblouissement et l'éclair dont il est si coutumier, tel le midi d'été « flambant » du discours De la canaille (on en parlera bientôt). On est toujours dans l'option lucidité maximale, mais pour une fois Zarathoustra la module en une lumière douce.

     

    En fait, lecteur, me voici saisie par la tentation de te dire : va lire ce discours de bout en bout, il se passe de commentaires. Pour ma part il me touche surtout parce qu'on y perçoit une présence tendre et délicate, infiniment respectueuse de l'autre. Mitleidigen : c'est à dire compatissants, oui, mais sans nuance de condescendance.L'idée de « prendre part » à l'autre, mais sans intrusion, en lui laissant son autonomie, son périmètre personnel.

    « Si ton ami est malade sois un lieu d'accueil pour sa souffrance, mais sois un lit dur, un lit de camp : c'est ainsi que tu lui seras le plus utile. »

    La compassion oui, l'infériorisation non. Aider l'autre à (re)trouver sa force, plutôt qu'à s'abandonner. Bref donner vraiment, sans taxer au passage un petit bénéfice secondaire sous forme d'emprise affective, de gain d'image.

     

    1) Ceci est du vécu de toute évidence pour ce souvent souffrant que fut Nietzsche, et donc parfois « aidé ».

    2) Dommage qu'il n'ait pas eu d'enfants : quel père, quel éducateur il aurait été ! Quoique « Je me sacrifie à mon amour, et mon prochain comme moi-même, ainsi s'expriment tous ceux qui créent. Ils sont durs, les créateurs.» Et égoïstes forcément. Le tout est qu'ils soient des égoïstes heureux (mais c'est l'espèce la plus rare). Ainsi dans leur œuvre ils mettront un peu de joie, pour qu'elle y demeure. Et qu'on puisse aller l'y chercher.