« Vous donc, priez ainsi :
Notre Père qui es aux cieux,
fais connaître à tous qui tu es,
fais venir ton règne,
fais se réaliser ta volonté
sur la terre à l'image du ciel.
Donne-nous aujourd'hui le pain dont nous avons besoin,
pardonne-nous nos torts envers toi,
comme nous-mêmes avons pardonné à ceux qui avaient des torts envers nous,
et ne nous conduis pas dans la tentation,
mais délivre-nous du Tentateur. » (Matthieu 6, 9-13)
Bon voilà on va tenter de comprendre ce qu'on peut de ce texte pas si simple qu'il en a l'air (en a-t-il l'air d'ailleurs?). J'ai recopié la traduction de la TOB, et la confronterai pour certains éclairages à celle de Chouraqui.
Vous donc, priez ainsi. Jésus vient de dire comment il ne faut pas prier : en frimant « pour la galerie » (cf 5). Il enchaîne, logiquement, en disant comment on peut prier, en donnant sa propre conception de la prière.
Notre Père qui es aux cieux. Notre Père des ciels dit Chouraqui. Perso je préfère dire céleste, car il s'agit d'un caractère, non d'un « lieu », fût-il symbolique. On l'a déjà vu, il n'est pas question de séparer un « au-delà » de l'ici et maintenant, ni de se situer ailleurs que sur notre terre à nous humains*. Comme dit Nietzsche, il n'y a pas d'arrière-mondes.
Il s'agit donc de travailler à rendre ce monde nôtre conforme à ce caractère céleste défini (comme est définie une fonction mathématique) par les béatitudes (cf mon précédent parcours).
Or mener à bien l'œuvre de « célestification » de la terre n'est pas facile, c'est pourquoi on va demander l'aide du père, qui, du fait de la « célestitude » qu'on lui suppose, doit pouvoir donner un coup de main. C'est l'objet de la première partie (on verra la seconde la prochaine fois).
fais connaître à tous qui tu es, (sanctifie ton nom dit Chouraqui)
fais venir ton règne,
fais se réaliser ta volonté
sur la terre à l'image du ciel.
Tout ça est bien, mais concrètement, comment ça va se faire ?
Le comment est déductible d'un mot dans l'adresse au père céleste, le mot clé : « notre ». Le travail de rendre le monde conforme à la célestitude divine commence pour l'humanité par le fait de se concevoir comme un « nous ». De comprendre que le père céleste est le père de tous, comme la terre est en partage à tous les humains (cf mon précédent parcours 2/9 et 4/9).
Remarquons ainsi que cette nomination de notre père vient, à mon sens, donner une issue au drame de la déchirure du lien fraternel entre Caïn et Abel que le mythe biblique pose à l'orée de l'histoire humaine autour de la question : à qui de nous deux va la bénédiction de dieu ? (Genèse 4).
*cf en particulier dans le précédent parcours Comme un fils d'homme (7/9)