Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Le blog d'Ariane Beth - Page 325

  • ... Abnegation

     

    J'imagine volontiers que la véritable tragédie des pauvres, c'est qu'ils ne peuvent s'offrir rien d'autre que l'abnégation.

    Oscar Wilde (Le portrait de Dorian Gray)

     

    Il y a une chose simple à déduire de cette phrase : les riches sont des gens hautement moraux. Oui les riches sont généreux. C'est même ce qui les caractérise.

    (Comment ils sont devenus riches alors ?) Mais c'est pas la question ! (Un peu quand même, non ?) ...

    Bref quelle plus belle générosité chez le riche que celle de faire cadeau à un pauvre de l'abnégation, tel Saint Martin se dépouillant de son manteau ?

    (Vison, cachemire, alpaga?) Mais on s'en fout c'est juste une image ! (Ah OK juste une image) ( Et juste un mot, alors. Ouf. Mais vas-y continue)...

    Les riches sont payés pour le savoir, l'abnégation est une vraie valeur, la seule sans doute. Contrairement aux viles babioles qu'un destin contraire leur assigne et que stoïquement, ils assument de recevoir. Et sans étaler leurs états d'âme, pas plus qu'ils n'étalent leur feuille d'impôt. Car les riches sont pudiques.

    (…) Quoi ? (J'ai rien dit. Vas-y continue) ...

    Mais que de souffrance muette infligée à leur fibre éthique ! La baraque à Saint Barth avec son petit coin de plage, le yacht avec ses esclaves de service, le paquet de bonnes actions de bon gros rapport …

    Mais que faire ? C'est leur destin.

    Seulement ils ont beau être gentils et généreux, les riches, y a des jours quand même où ils l'ont mauvaise de voir que les pauvres ne le leur rendent pas. Tous ces gens qui ont libre accès à l'abnégation grâce à eux, ils devraient en être un minimum reconnaissants, non ?

    Un petit merci nos bons maîtres, ça leur ferait mal ?

    Mais non, ça fait la gueule, la grève, ça revendique, ça te parle d'injustice. Bref ça fait des histoires. Salauds de pauvres ...

    Oh et puis flûte !

    (Dom Pérignon pour moi c'est possible ?)

    … Qu'ils en profitent, de leur abnégation ! On s'en fout, tout le reste est à nous.

    (Ah tiens ça me fait penser, tu devais pas me donner la combinaison du coffre ?) ...

     ... Quel coffre ?

     

     

     

  • I can't get no ...

    En ce monde, il n'y a que deux véritables tragédies. La première est de ne pas obtenir ce que l'on désire, et la seconde est de l'obtenir.

    Oscar Wilde (L'éventail de Lady Windermere)

     

    Comme il y a des antibiotiques à spectre large, il y a des aphorismes passe-partout.

    Dans la vie moderne, rien ne fait autant d'effet qu'une bonne platitude. Aussitôt, tout le monde a l'impression d'être en famille. (Un mari idéal)

    J'adore cette phrase, elle est juste et très jolie. Savourer une bonne platitude, ça délasse. C'est comme passer sa robe de chambre et ses pantoufles après la soirée en talons hauts et robe ajustée (ah je vois que ça vous parle).

    Cependant ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit : ce n'est pas parce qu'une idée est plate qu'elle est fausse.

    (Contrairement à la terre) (quoi absurde?) (parce que vous croyez que la terre est plate, vous?) (bon alors).

     

    Bien sûr, oui : désir satisfait = contradictio in terminis.

    Même quand on obtient ce qu'on désire, on voit vite que finalement c'est pas ça. Pas vraiment, pas tout à fait. Le désir se déplace sur un autre objet.

    Indéfiniment (disons jusqu'à la mort, après on sait pas).

    C'est que, explique Lacan, dans l'objet désiré ce n'est pas sa nature qui est en jeu (en clair ça peut être vraiment n'importe quoi), mais juste sa fonction.

    Tout se passe comme s'il y avait pour chacun un objet porteur de la fonction cause du désir. Qui n'est pas à proprement parler un objet (on est chez Lacan, hein) mais disons la formule d'une équation personnelle de désir, dont les objets successifs (réels ceux-là, êtres ou choses) dessinent la courbe au long d'une vie.

    Vous suivez ? (Non, pas la courbe. Quoique).

    Bref Lacan l'appelle objet a. (Pourquoi petita ? Je vous le dirai un jour si vous êtes sages) (et si j'ai pas la flemme) (donc c'est pas gagné) (je parle de ma flemme) (pour le reste je ne me permettrais pas).

    À part ça la perpétuelle insatisfaction du désir est-elle tragique ? Bien sûr que non, et la phrase de Wilde est ironique. Oui mais, dira le lecteur, si on n'a pas été élevé au porridge et au flegme britannique ?

    Encore moins de tragédie (échapper au porridge ça vous fait forcément voir la vie en rose).

     

    Mais n'oublions pas qu'il en y a une, de véritable tragédie : l'insatisfaction du besoin, surtout s'il est du genre vital.

     

     

     

  • Effet dominos

    Je ne m'adonne, je le crains, à aucun sport d'extérieur, à l'exception des dominos … Il m'est parfois arrivé d'y jouer, en France, à la terrasse d'un café.

    Oscar Wilde (Dans la conversation)

     

    Si l'on rapproche cette déclaration du célèbre No sport de Winston Churchill, on risque d'en tirer une déduction hâtive : les Britanniques seraient aussi peu portés sur l'exercice physique qu'ils le sont au contraire sur l'humour.

    Déduction hâtive pour trois raisons.

    1)La théorie essentialiste de supposés traits de caractère dominant chez tel ou tel groupe humain est une stupidité dangereuse, menant tout droit à des réflexes racistes, qu'ils soient grossièrement naïfs, ou subtilement pervers.

    2)Les British n'ont pas tous le sens de l'humour. C'est une légende urbaine. Thatcher par exemple n'a pas vraiment fait rire grand monde (OK quelques-uns à la City de toutes leurs dents longues).

    Ou Farage qui se crut drôle dans son numéro de clown brexitien. Remember ?

    Avant : Le money que nous pique cette bloody Europ, je le filerai à notre système de santé. Après : Actually c'était a private joke. Funny, isn't it ?

    Y en a plus d'un qui a ri yellow, actually, I say.

    3)D'après le panel de sujets de Her Gracious Fiscaloptimistic Majesty que j'ai l'honneur de fréquenter ici au village, ils sont plutôt du genre qui se bouge. Jardinage, natation en saison, longues balades pour promener le chien (et cela par tous les temps bien sûr) (avec une préférence pour un bon petit crachin parce que c'est si vivifiant).

    3bis)Nous pratiquons d'ailleurs ensemble un intense sport d'extérieur.

    Dès les premiers balbutiements des beaux jours et jusqu'aux froids indiscutables c'est dans le jardin que nous jouons au bridge.

    Dommage qu'Oscar soit un peu trop mort pour se joindre à nous.