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  • Objet non identifié

     

    Il ressort au moins une chose du concept de Dieu chez Spinoza : il  est clairement inepte (= adaptable à rien de connu) comme dirait Montaigne. Ce qui oblige à revoir notre logiciel comme disent les médias.

    Un concept trop simple, trop cétévidentesque pour un amateur de byzantinismes adorant l'alibi métaphysique.

    Concept au contraire trop subtil pour un fondamentaliste de toute marque. (NB Les fondamentalismes comme les marques de lessive c'est un même produit sous différents conditionnements).

    On a reproché à Spinoza de se forger ce concept précisément à sa main. Comme Louis Soleil dit L'état c'est moi, lui dit en quelque sorte Dieu est ce que j'en dis.

    Colerus en est tout chamboulé le pauvre homme. « Il se donne la liberté d'employer le nom de Dieu, et de le prendre dans un sens inconnu à ce qu'il y a jamais eu de Chrétiens. »

    Mais là où ça coince vraiment, et pour bien d'autres que ce bon vieux Colerus, c'est que Spinoza établit une jonction hardie entre les deux concepts de liberté et de nécessité. Voici donc :

    La minute nécessaire de Monsieur Spinoza

    Minute c'est une façon de parler, en fait Spinoza dirait plutôt « un certain aspect d'éternité ». (Pas d'affolement on verra ça à Temps). 

    « Est dite libre, la chose qui existe par la seule nécessité de sa nature et se détermine par soi seule à agir ». (déf 7 Partie 1)

    Se détermine par soi seule à agir : les lois en fonction desquelles DSN évolue (en leur complexité de combinatoires ça va sans dire) ne lui sont pas extérieures (voir Ni ni). Il/elle est ces lois-mêmes. Tout en se constituant dans l'existence sous l'action de leur processus.

    Bref donc nature « naturée » (versant nécessité) et nature « naturante » (versant liberté) sont la même chose, sous deux modalités simultanées.

    « Cet Étant éternel et infini que nous appelons Dieu, autrement dit la Nature, agit avec la même nécessité par laquelle il existe. » (Préface Partie 4)

    Spinoza a bien vu que sur ce coup-là tous les Colerus friseraient l'apoplexie.

    « Je ne doute pas qu'il s'en trouve beaucoup pour rejeter cette proposition comme absurde pour la seule raison qu'ils ont l'habitude d'attribuer à Dieu une autre liberté, bien différente de celle que nous avons dite ; à savoir une volonté absolue. » (Partie 1, prop 33, scolie 2).

    Entre nous ceux-là se simplifieraient la vie en admettant (à vrai dire en constatant) que DSN ne veut rien et se contente d'être. D'être juste ce qui se fait, selon le procès de l'espace-temps.

    Dont participe chaque chose, dans la même libre nécessité. Vous, moi, Hulot, Einstein, Spinoza, Melle VE, les graminées, les araignées, l'arc-en-ciel.

    Et toutes les organisations émergeant de l'activité de la nature. Et de celle des hommes. Mais là c'est une autre histoire, beaucoup plus problématique côté liberté comme nécessité.

     

     

     

  • Obligés

     

    Ethique 

    Partie 4 : De la servitude humaine, autrement dit de la force des affects, Appendice (chap 10 à 13)

     

    « En tant que l'Envie ou un affect de Haine les porte les uns contre les autres, les hommes sont en cela contraires les uns aux autres, et par conséquent sont d'autant plus à redouter que leur puissance l'emporte sur celle des autres individus = composantes ) de la nature.

     

    Les esprits cependant ne se vainquent pas par les armes, mais par l'Amour et la Générosité. (cf Générosité bien ordonnée)

     

    Il est avant tout utile aux hommes de se joindre par des comportements communs, et de s'enchaîner mutuellement de liens par lesquels ils fassent d'eux tous un seul plus apte, et de se mettre, absolument, au service du renforcement des amitiés.

     

    Mais il y faut de l'art et de la vigilance. Les hommes sont divers (car rares sont ceux qui vivent selon ce que la raison prescrit) et de fait la plupart sont envieux, et plus enclins à la vengeance qu'à la Miséricorde. Et donc avec chacun d'eux être soi-même et se retenir d'imiter leurs affects demande une singulière puissance de l'esprit.

    Et ceux qui, au contraire s'entendent à déchirer les hommes, à réprouver les vices plutôt qu'à enseigner les vertus, et à briser les esprits des hommes au lieu de les affermir, ceux-là se pénalisent eux-mêmes et pénalisent les autres ;

    et c'est ainsi que beaucoup, l'esprit débordé et dans un faux zèle de religion, préfèrent vivre parmi des brutes plutôt que parmi les hommes ;

    on dirait des enfants ou des adolescents qui n'ayant pas le bon sens de supporter les réprimandes de leurs parents, voient un refuge dans une obéissance militaire, préfèrent les inconvénients de la guerre et la domination d'un tyran au confort d'un chez-soi et à l'éducation d'un père, et supportent qu'on leur impose n'importe quel fardeau, pourvu qu'ils se vengent de leurs parents. »

    Baruch Spinoza

     

     

     

     

     

     

  • Ni ni

     

    « Cet Étant éternel et infini que nous appelons Dieu, autrement dit la Nature »

    (Préface Partie 4 de l'Éthique)

     

    Le rapprochement Dieu/Nature a parfois suscité le réflexe lexico-pavlovien de coller l'étiquette « panthéisme » sur la pensée de Spinoza. Simpliste, non ?

    Absurde, surtout. Spinoza était un type conséquent dans sa lucidité : il ne se serait pas escrimé à dissoudre l'image monothéiste pour diffracter ensuite le divin dans un kaléidoscope.

     

    D'accord le panthéisme a ses atouts. C'est mimi et poétique, a priori plus inoffensif que le monothéisme (qui induit logiquement une pensée totalisante et exclusive).

    Mais cela n'empêche qu'il participe du même tropisme de transcendance. Le panthéisme est transcendance camouflée, comme infusée à l'intérieur du réel.

     

    Pour Spinoza c'est kif kif, auquel répond son ni ni. Ni Dieu-Maître, ni non plus « nixe nicette aux cheveux verts et naine ». (C'est d'Apollinaire : joli, non ?)

    Sa nature à lui, estampillée DSN, est pure et simple, par-faite dit-il. Porteuse par elle-même et elle seule de la potentialité de se réaliser.

    L'occasion de vous seriner une fois de plus ma citation-fétiche « Par réalité et perfection j'entends la même chose ». (P2 définition 6, reprise dans l'appendice P4).

    DSN est donc sans « arrière-monde », comme dirait Nietzsche, qu'on situe ledit arrière-monde au-delà ou en dedans. Mais précisons encore.

     

    La nature estampillée DSN n'est pas à identifier aux choses de la nature, fleurs, petits oiseaux, gros poissons, araignées, mammifères humains ou pas, graminées, volcans, fleuves. Ni même étoiles, trous noirs, cellules, atomes, quarks, voire boson de Higgs.

    Elle inclut tout cela, incluant tout le réel réalisé. Mais le terme désigne aussi bien les lois physiques de la matière, du mouvement, de l'énergie.

    C'est une « fonction nature-espace-temps », en permanente potentialité de réaliser du réel.

     

    En conclusion je dirai que Spinoza ne voit pas d'incompatibilité entre les points de vue d'Albert Einstein et de Nicolas Hulot. (Ici pas de ni ni)

     

    Remarquons cependant qu'il voit plutôt les choses à la façon d'Einstein.

    Nobody's perfect.