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Blog - Page 220

  • Kaï kaï

    Kaï kaï est une onomatopée de BD. Elle m'évoque immédiatement Milou, Rantanplan, Idéfix (oui j'ai des références classiques en ce domaine) (comme en beaucoup d'autres en fait) s'enfuyant, queue entre les jambes, en bullant kaï kaï.

     

    Du point de vue psychologique, voire psychanalytique, kaï kaï s'interprète de toute évidence comme l'expression primaire d'une incertitude existentielle, quand le sujet se trouve brutalement confronté à l'inquiétante étrangeté freudienne.

    Quand le monde se fait kafkaïen, que faire sinon kaïkaïer son angoisse ?

     

    Au plan linguistique, le débat sur l'étymologie de ce sémantème reste ouvert.

    Pour ma part je me rallie à une conception que je nommerais compressive-hybride.

    Compressive car il s'agit de la contraction des deux termes « quoi » et « aïe ». Hybride car ils appartiennent à des catégories lexicales hétérogènes, l'un pronom l'autre onomatopée.

     

    Remarquons : pronom quoi + onomatopée aïe = onomatopée kaï.

    Ainsi comme le masculin « l'emporte sur » le féminin dans les mécanismes morphologiques d'accord, l'onomatopée, expression brute, primaire, l'emporte sur le pronom qui, lui, renvoie à la structure symbolique du langage.

     

    Obélix : Oui mais c'est quoi la structure symbolique du langage ?

    Tintin : Très simple, mon vieux. Le mot, non content de désigner une chose présente, peut faire exister la chose en son absence.

    Astérix (qui a fait grec première langue) : Oui oui car symbole vient de sun bolein = mettre ensemble.

    Idéfix et Milou : Ouah ouah je vois. Le mot et la chose sont comme deux morceaux d'un os brisé, et la signification les recolle. 

    Lucky Luke : Ouaip, ou comme les deux bouts d'un billet déchiré.

    Rantanplan : Un os, où ça ?

    Joe Dalton : Un billet, où ça ?

    Averell et Obélix : C'est pas tout ça mais quand est-ce qu'on mange ?

     

    - Et qu'est-ce qu'on boit, les moussaillons ? 

    - Ah bonjour Capitaine, il ne manquait plus que vous.

     

     

     

  • Iodlala jodlala

    Dans mon Robert, je n'ai pas trouvé d'onomatopées en i ni j (non ce n'est pas un mot japonais). Ce qui s'en rapproche le plus est le verbe iodler ou jodler.

     

    La tyrolienne, chant guttural, modulé, semble évoquer un cri d'animal (peut être est-ce son origine)

    (faudrait que je demande à Karambolage cf Brrr).

    L'animal serait un gibier à plumes bien sûr, vu que ce sont des plumes qui ornent le feutre du costume traditionnel. Et plus précisément des plumes de gallinacées.

    La tyrolienne serait donc issue du chant d'une espèce de poule faisane (ou de poulet faisan), chassée au Tyrol.

     

    On ne peut que louer duTyrolien le talent de musicien et le sens pratique.

    Le iodlala joint l'agréable à l'utile.

    Il offre le plaisir de se livrer à des acrobaties vocales, tout en remplaçant avantageusement l'appeau.

    Un appeau, ça peut tomber de la poche de la Lederhose, se fêler, se boucher peut être. Le faisan sera-t-il appâté par un congénère qui a l'air d'être enrhumé, ou pire qui chante faux ?

     

    Ainsi au Tyrol, le chasseur sachant chasser est un chanteur sachant iodler.

     

     

  • Hihan

    Autant que je me souvienne, le premier livre que j'ai lu toute seule en entier fut Les Malheurs de Sophie. Un grand livre cartonné, avec sur la couverture des couleurs vives, du doré, une Sophie échevelée et débraillée.

    J'avais marché à fond, détesté la méchante Fichini, et presque autant M. de Réan le père de Sophie, apparemment enclin à regarder ailleurs.

     

    Lorsque j'ai lu, guère après, Mémoires d'un âne, mon appréciation a été plus mitigée. Même à mon âge encore tendre, je voyais qu'il y avait trop de gnangnan dans les hihans (ou hi-han les deux pluriels sont possibles dit Robert) (ne pas perdre une occasion de s'instruire, disait Mme de Fleurville à ses petites filles modèles).

     

    Pourtant, je trouvais étonnant, vraiment inventif (je n'avais pas ce mot-là bien sûr, mais je le ressentais) de raconter l'histoire du point de vue de l'animal. Moi qui passais des heures dans le jardin de mes grands parents à observer les fourmis, je n'avais pas eu l'idée de les faire parler, de voir le monde à leur façon.

    Du coup après j'ai essayé, ce qui m'a amenée à la conviction que ma place de petite fille, malgré quelques légers inconvénients (du genre finir sa viande ou être obligée de faire la sieste), n'était pas si mauvaise.

     

    Plus tard, sortant de l'enfance, j'ai constaté qu'ils ne sont pas rares, les ânes qui racontent des histoires pour faire voir le monde à leur façon.

    Des ânes nettement moins sympathiques que Cadichon.

     

    (Cadichon franchement Sophie Rostopchine ! Cette rime avec cornichon …)