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Blog - Page 223

  • Atchoum

    Très construit pour une onomatopée. On pourrait se contenter, il me semble, de tch, ou de tchi.

    Mais soit, la création d'onomatopées est un genre littéraire qui peut prétendre aussi bien qu'un autre à la sophistication. Atchoum mérite donc une analyse approfondie.

     

    At est-il le début du mot attention ?

     

    « Truculent : ça monsieur lorsque vous pétunez

    La vapeur du tabac vous sort-elle du nez

    Sans qu'un voisin ne crie au feu de cheminée »

     

    « Attention, alerte ! Menace d'explosion sternutatoire. La population est priée de gagner immédiatement les abris prévus à cet effet. Je répète : menace d'explosion sternutatoire ... »

    (C'est vrai qu'en ces temps épidémiques, un plan orsec anti-atchoum est une évidence).

     

    La finale en oum ne peut qu'évoquer, elle, le son émis par un yogi en posture de lotus. De fait ce son se module en a-oum : on y reconnaît notre onomatopée, sous une forme que l'amuïssement des consonnes adoucit et empreint de zénitude.

     

    En rapprochant ces deux observations, on doit conclure que l'onomatopée atchoum est la formule d'une résilience :

    une perturbation du prana, suivie d'éclatement et de dégâts collatéraux en forme de postillons, résolue par l'effet apaisant d'une séance de yoga.

     

    Mais comment terminer cette analyse aussi indispensable que magistrale sans mentionner qu'Atchoum est aussi, surtout, un des sept nains du dessin animé.

    Puis, passant du dessin animé à la BD, après les nains nous rencontrons logiquement les Stroumpfs.

    Stroumpf : onomatopée bien appropriée aussi à l'éternuement.

     

  • Onomatopées

    « Onomatopée n.f. XVI° latin onomatopea du grec onomatopoiia création (poiein faire) de mots (onoma).

    Ling. Création de mot suggérant ou prétendant suggérer par imitation phonétique la chose dénommée ; le mot imitatif lui-même.

    Onomatopée désignant des sons naturels (atchoum, cocorico, miam, toc-toc) ou artificiels (broum, pin-pon). Les onomatopées servent à former des noms (gazouillis, roucoulement) et des verbes (chuchoter, ronronner, vrombir) dérivés. »

     

    Robert tel qu'en lui-même.

    Précision scrupuleuse de la date, du traçage (le mot latin intermédiaire).

    Fétichisme du classement et de la distinction (la création et son résultat, les naturels et les artificiels ... )

    Et ce zeste de psychorigidité qui le conduit aux confins de l'absurdité. Ou prétendant suggérer franchement Robert ! Si on suggère, c'est bien qu'on prétend suggérer. Et ce qu'on prétend suggérer évidemment on le suggère du même mouvement, non ?

     

    Euh pardon j'ai l'impression que son ergotage déteint sur moi.

     

    Bref je me suis dit : par les temps anxiogènes que nous vivons, si je proposais au lecteur un petit truc léger (quoi pour changer ?). D'où l'idée d'un parcours dans les onomatopées.

    Parcours alphabétique bien sûr. Parce que bon sans être fétichiste du classement, je préfère que ça soit à peu près rangé.

     

     

  • Foules sentimentales (16/16) Libido et liberté

    « Au cours de cette recherche, maintenant parvenue à un terme provisoire, se sont ouvertes à nous différentes voies latérales, que nous avons d'abord évitées (…) Nous allons maintenant revenir sur une partie de ce que nous avons laissé de côté. »

    (Freud Psychologie des foules et analyse du moi chap.12 Annexes)

     

    Et de cette partie pour ma part je retiens les trois points suivants.

    1) « Le moment où s'est réalisé le progrès que constitue le passage de la psychologie des foules à la psychologie individuelle. »

    Pour Freud (après dit-il échanges avec Otto Rank sur l'article la figure de Don Juan), le chaînon manquant entre le père de la horde et le meneur de la foule est le héros mythologique. Mais le mouvement ne s'arrête pas.

    « Le mensonge du mythe héroïque culmine dans la déification du héros. » Après l'élimination par les fils du père de la horde, « la chronologie des dieux s'établirait ainsi dès lors : déesse mère/héros/dieu père (monothéismes). »

    Ce qui précise-t-il n'est pas tout à fait un (éternel) retour à la case départ. Car ce dieu père est un peu plus père et un peu moins tyran. Quoique. Y a des moments on en doute, hein ?

     

    2) Retour sur l'idée que les foules sont par essence sentimentales. Autrement dit elles carburent à la libido, et sont de ce fait soumises aux fluctuations de l'articulation entre pulsions sexuelles directes et inhibées quant au but.

    L'occasion de mentionner le complexe d'Oedipe (occasion rarement boudée par Papa Sigmund), et d'insister sur la réversibilité entre refoulement et défoulement pour l'individu enfoulé (cf note précédente).

     

    3) Relation amoureuse et enfoulement font rarement bon ménage. En particulier dans les grandes foules artificielles que sont l'Eglise et l'Armée. « La relation amoureuse entre hommes et femmes reste extérieure à ces organisations. »

    Et lorsqu'il y a carrément bannissement structurel, c'est le signe certain que l'institution la ressent comme une menace vitale (ex la dead line du célibat des prêtres, inexplicable autrement).

    « L'amour pour la femme (la formule a l'air d'exclure l'amour homosexuel – ce n'est pas nécessairement son propos, quoi qu'on en dise, mais disons plutôt l'amour tout court) rompt les liens à la foule propres à la race, à la division en nations et au système social des classes, et accomplit de ce fait (c'est moi qui souligne) des réalisations culturelles importantes. »

     

    Aujourd'hui en beaucoup de lieux ces liens de race, nations, classes se resserrent jusqu'à l'étouffement. Cela se fait moyennant divers enfoulements réels ou virtuels, éphémères ou organisés, idéologiques et/ou religieux ou pas.

    Ils ont en commun la perversion, aussi habile que paradoxale, de la réalisation culturelle importante qu'est l'individualisme moderne.