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Blog - Page 352

  • Principe de précaution

    « En avril ne te découvre pas d'un fil, en mai fais ce qu'il te plaît. »

     

    Ah les proverbes & dictons du domaine météorologique ...

    Que serait le sens commun ou les échanges entre voisins sans eux ? La motivation rationnelle de leurs allégations laisse à désirer, certes.

    Mais quel terrain fertile à la fleur de rhétorique !

    Dont ils pratiquent la culture intensive, se fichant bien pas mal d'aboutir à des images surréalistes. 

     

    À la sainte Luce, les jours croissent du saut d'une puce.

    Ça voudrait dire quoi ? Comme Arletty sa gueule d'atmosphère, le jour aurait un look de puce ? On voit bien qu'on a juste cherché la rime.

    On pourrait faire remarquer qu'il y en avait de plus flatteuses.

    À la sainte Luce, s'effilochent les cumulus.

    À la sainte Luce, Nemo sort du nautilus.

    Oui je sais les puristes diront que ce n'est pas une vraie rime, juste à l'oreille. À quoi je rétorquerai

    à la sainte Luce on ne manque pas d'astuce.

     

    Cela dit j'exagère un peu. Les proverbes de cette catégorie ne sont pas tous entièrement dépourvus de sens.

    Noël au balcon Pâques au tison s'appuie ainsi sur la croyance ô combien rationnelle en une justice transcendante, qui veillerait entre autres équilibres à celui des moyennes annuelles de température.

    Et qui par la même occasion révélerait son penchant pour une morale sadique. « Vas-y, profite de l'hiver doux, mon ami : ça se payera. Eh eh. »

    À moins qu'il ne s'agisse d'une ébauche de réflexion sur l'incidence météorologique locale du réchauffement climatique global.

     

    En avril ne te découvre pas d'un fil, en mai fais ce qu'il te plaît.

    Je m'avise que ce proverbe ne déparerait pas les pages vie pratique d'un magazine féminin aux côtés de :

    En octobre change de garde-robe, en novembre apprends la viole de gambe.

    En décembre mange du gingembre, en janvier plante un goyavier.

    En février fais le poirier, en mars change de godasses.

    En juin achète un drap de bain, en juillet va t'ensoleiller.

    En août loue un igloo, en septembre mets ton collier d'ambre.

     

     

     

     

     

     

     

  • Un point partout

    « Tout vient à point à qui sait attendre. »

     

    On sait que l'humanité se divise en deux catégories : ceux qui sont toujours en avance et ceux qui sont toujours en retard.

    Mais peut-on affirmer avec certitude lesquels sont les plus patients ? Il faut sur ce point éviter les conclusions hâtives.

     

    On aurait spontanément tendance à dire : les avançards sont nécessairement plus patients.

    À force de passer leur temps à attendre, la fonction finit par créer l'organe en quelque sorte. Plus tu es en avance, plus tu accumules de temps d'attente, plus tu pratiques la patience. Vu que tu n'as pas le choix.

    Et ainsi à force de pratiquer la patience, elle devient partie intégrante de ton être.

    C'est le propos bien connu de Pascal : faites comme si vous aviez la foi, eh bien au bout d'un moment vous verrez vous serez croyants. Miraculeux, non ?

     

    Mais on peut tout aussi bien argumenter à l'inverse.

    Qui est systématiquement en avance, c'est que sa nature le porte à aller plus vite que la musique. Le genre qui anticipe le retour au moment du départ, qui envisage toujours le coup d'après. Bref il est par excellence d'une nature impatiente.

    L'avançard est donc un être paradoxal, patient et impatient à la fois.

     

    Le retardataire ce sont les autres qui l'attendent.

    Par définition il n'attend jamais, n'a donc jamais à faire preuve de patience. Ni d'impatience. Quel est-il donc réellement ?

    Pour en décider, tentons une expérience de pensée.

    Imaginons un rendez-vous entre avançard (A) et retardataire (R) où les rôles pour une fois s'inversent.

     

    R attend. Depuis une bonne demi-heure maintenant.

    Curieux inconfort psychologique jamais éprouvé : dépendre de l'autre. Ne pas être seul maître du tempo. Être délogé de son égocentrisme.

    Bref plus le temps passe plus l'agacement le gagne.

    Arrive A.

    R : Ah quand même ! Qu'est-ce que tu foutais ? T'as vu l'heure ?

    A : Oui, enfin non justement ... Mais c'est pas si grave, on n'est pas aux pièces, si ? Faut déstresser, prendre la vie comme elle vient …

    R : C'est pas marrant d'attendre.

    A : Déconne ! Moi j'adore figure-toi, et je te remercie de m'en avoir si souvent donné l'opportunité.

    R : Tu te fous de moi ?

    A : Ben oui. Chacun son tour. Ça fait un moment que j'attendais … l'occasion.

     

     

     

     

  • Convois

     

    « Les chiens aboient la caravane passe. »

     

    Dit le bon sens caravanier. À quoi le bon sens canin ne manquera pas de répliquer : les chameaux blatèrent, la meute trace.

    Tout dépend de quel point de vue on se place.

     

    Le débat se complique si l'on poursuit : qui va à la chasse (avec ou sans son chien) perd sa place (au choix dans la caravane, la niche ou le chenil).

    Bref ce qu'il y a de plus clair c'est qu'un clou chasse l'autre.

     

    À propos de clou, encore un proverbe fait pour remuer le couteau dans ma plaie phobique.

    Par exemple là je ne me vois ni du côté des chiens ni de celui des chameaux. Ou dromadaires je sais pas (faudrait que je travaille cette histoire de bosses).

    D'ailleurs avouez qu'on dit rarement à quelqu'un qu'il est chien ou chameau dans l'intention de lui faire plaisir. On doit s'attendre à une riposte cinglante :

    « Dromadaire, dromadaire, est-ce que j'ai une gueule de dromadaire ? »

     

    De toutes façons pour revenir à moi (ce qui est bien l'essentiel), j'ai tendance à ressentir tout animal comme menaçant. Sauf les tout petits, mais à condition qu'ils n'aillent pas vite.

    Genre l'escargot, mon favori. On voit tout de suite qu'il se sent lui aussi plus menacé que menaçant.

    L'escargot limace la poule déboule.

     

    Je sais je ne suis pas rationnelle sur ce point (et c'est bien le seul). Vu que le pire prédateur sur terre est l'être humain. Y compris et surtout pour lui-même.

    Chose vérifiée depuis la nuit des temps, particulièrement dans les époques obscures où les lumières ont surtout brillé par leur absence.

    Je ne dis pas cela pour déblatérer sur la nôtre.

     

    Quoique.