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Blog - Page 354

  • Ma chandelle est morte

     

    « Le jeu ne vaut pas la chandelle. »

     

    Tiens oui au fait parlons-en. Voilà une phrase qui prouve une fois de plus que les concepteurs de proverbes sont rares à être aussi résolument positifs que Schopenhauer. (cf ce blog 3 février)

    Portons ici un diagnostic sans appel : nous avons affaire à un aquaboniste immobiliste passif agressif.

    En effet quel est le ressort dramatique qui caractérise ce type de personnage ?

    Une avarice psychique précautionneuse, soupçonneuse.

    Il s'économise, ne comptant que sur lui-même.

    Aimer ? Oui mais. À condition de tomber sur l'oiseau rare.

    Agir ? Oui mais. À condition qu'il n'y ait pas trop de risques, un minimum à investir pour un maximum à gagner.

    La vérité c'est qu'il se raconte des histoires : l'investissement il ne le fera jamais. Le risque il le laisse aux autres.

    En savourant par avance le spectacle de leur échec. Car il ne voit pas comment ils réussiraient là où il est sûr d'échouer.

    Derrière ce masque de défiance, la peur. L'aquaboniste marche (ou plutôt ne marche pas) à la peur.

    Peur que son désir ne l'emmène trop loin. Vers des rebondissements inattendus. À la rencontre de personnages étranges ou étrangers.

    Il s'emploie à se défendre de tout frisson d'émerveillement devant l'apparition d'un deus ex machina. Il ne risque pas de se laisser aller de bon cœur à rire. Ni à pleurer.

    Il a surtout peur d'être pris en flagrant délit de naïveté. D'enfantine aptitude à la joie et à l'espoir.

     

    Bref qui trouve que le jeu ne vaut pas la chandelle prouve qu'il est mauvais joueur au jeu de la vie.

    Et par corollaire mauvais public.

    Il n'a plus comme choix que de se reconvertir dans la critique :

     

    « La pièce de M. Molière, outrancier fatras d'inepties, en outre mal interprétée par de mauvais acteurs, est assurément de celles dont on peut dire : le jeu ne vaut pas la chandelle. »

    Signé Harpagon-Tartufe

     

     

     

  • De l'amour et du hasard

    « Heureux au jeu malheureux en amour. »

     

    Cartésiens, cartésiennes, envisageons ce proverbe en toute rationalité.

    Deux cas.

    1) Vous êtes malheureux en amour à cause que vous êtes parti(e) jouer avec les potes au lieu de rester auprès de votre blond(e).

    Qui forcément, las(se) d'aligner les cailloux du solitaire ou de multiplier les réussites, a fini par rechercher une autre compagnie. Enfin une compagnie.

    Auquel cas il est clair vous aviez déjà choisi de mettre votre bonheur dans le jeu. Par conséquent faut pas venir vous plaindre si le bonheur il est pas aussi du côté de l'amour.

     

    2) Vous vous mettez à fréquenter casinos et cercles de jeux (ou simplement vous vous rancardez avec les potes pour un tarot) à cause d'un chagrin d'amour.

    Auquel cas vous mettrez tout votre espoir dans la véracité de ce proverbe. Ce serait trop triste de perdre sur tous les tableaux.

    Mais il y a fort à parier que vous soyiez déçu. La Fortune et le Hasard sont comme votre blond(e) : il faut les aimer sans partage pour espérer qu'ils vous rendent la pareille.

    Au jeu, en amour, même règle : faire tapis sous peine de faire tapisserie.

     

    3) Naturellement il y a une synthèse hégélienne, une martingale pour arriver à tirer son épingle du jeu. Tomber amoureux(se) d'un(e) autre joueur(se).

    Vous me direz : oui mais où se rencontrera-t-on, sinon dans un casino, un cercle de jeux, ou un groupe de potes avec qui on joue au tarot ?

    Auquel cas il y a des probabilités non négligeables pour que cette personne se retrouve là suite à un chagrin d'amour.

    Du coup pourrez-vous miser sur elle pour réussir une relation ?

    C'est certes un pari risqué.

     

    Mais comme dit mon ami Pierrot, aimer est un jeu qui en vaut toujours la chandelle.

     

     

     

     

     

  • Saison nouvelle

    « Une hirondelle ne fait pas le printemps. »

     

    Encore un auteur de proverbe qui ne brille pas par sa gaieté de pinson. Un ours mal léché immergeant à peine de l'hibernation.

    Un vieux porc-épic qui fait rien qu'à se rouler en boule.

    C'est vrai quoi : il pouvait énoncer la même idée de façon bien plus positive.

    Un flocon de neige ne fait pas l'hiver. Un petit crachin ne fait pas l'automne.

     

    Sans compter qu'en plus cette idée est fausse.

    Une hirondelle ne fait pas le printemps ? Ah bon ?

    Et pourquoi qu'elle le ferait pas ?

    Bon d'accord soyons réalistes, il faudra qu'elle échappe à la grippe aviaire, ainsi qu'à quelques prédateurs.

    En particulier espérons qu'elle se sera envolée du nid avant qu'un cuisinier chinois passe par là.

     

    En réalité, toute hirondelle peut faire le printemps.

    Et peut être qu'une plume d'hirondelle y suffit.

     

    Peut être qu'y suffit l'audace du premier amandier, ses fleurs fragiles bravant les bourrasques encore hivernales.

    La naïveté simplette de quelques pâquerettes au bord d'un champ.

    Le rose extasié d'un arbre de Judée, le parfum du premier lilas.

    L'espoir vert tendre de chaque feuille sur chaque branche.

     

    Le printemps n'a pas besoin de grand chose pour se pointer et s'épanouir.

    Juste une hirondelle qui ose lui faire confiance, et s'envole à travers l'hiver jusqu'à lui.

    Et si jamais le printemps est assez grincheux pour snober la première hirondelle, pourra-t-il résister à l'appel de la suivante ?

     

    Une hirondelle ne fait pas le printemps. Mettons. Mais deux ?