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Le blog d'Ariane Beth - Page 120

  • Mon bonheur

    Il faut que je le confesse, ce que j'écris ces jours-ci n'est pas ce que je voudrais écrire. Je voudrais écrire des choses douces, légères, joyeuses et même si possible drôles.

    Parce que de tout cela, douceur, légèreté, joie et rire (même fou pourquoi pas), j'ai besoin.

    Et je gage que pour le lecteur, la lectrice, il en va de même.

    Mais voilà, je n'y arrive pas. De fait les temps ne sont ni à la douceur ni à la légèreté. Ou disons sans généraliser que moi, je me sens plus atteinte par la dureté du monde que par sa douceur.

    Alors, me suis-je dit, faute de légèreté, au moins me réfugier dans la force consolante de l'intelligence et de la lucidité. Ce que j'ai fait pendant quelques semaines avec Montaigne, je vais le continuer avec Nietzsche, me plonger dans Le Gai Savoir.

    Et je m'arrête, tout de suite, au début, à ces quatre petits vers qui viennent me donner le mode d'emploi de ma lassitude et de mon effroi devant les tempêtes du monde.

     

    « Depuis que je me suis fatigué de chercher,

    J'ai appris à trouver.

    Depuis qu'un vent m'a tenu tête,

    Je fais voile avec tous les vents. »

     

    (Friedrich Nietzsche. Le Gai Savoir. Prélude en rimes allemandes : n°2 Mon bonheur)

     

  • Le reflet de nous-mêmes

    « Quand vous admettez tous les hommes à la concurrence de tous les emplois et que vous assurez la liberté du choix par de bonnes institutions constitutionnelles, vous êtes assuré que les hommes les plus éclairés, les plus honnêtes, les plus considérés seront appelés par le peuple à gouverner. (…)

    Nous sommes de votre avis, diront les philosophes moralistes, les antagonistes des philosophes politiques. Assurément nous voulons bien du gouvernement des meilleurs et nous le préférons même à celui des nobles : mais comment nous assurez-vous que les choix du peuple seront toujours bons ? »

    (Germaine de Staël. Des circonstances actuelles qui peuvent terminer la Révolution et des principes qui doivent fonder toute République en France)

     

    « En réalité, la responsabilité de la dégradation du climat politique ne repose pas uniquement sur nos élus. Nous, nous avons contribué peu à peu à rendre la politique détestable, impraticable. C'est en partie notre faute si ne survivent dans ce monde-là que les héros ou les détraqués, les saints ou les avides de pouvoir et de notoriété.

    Si l'air politique devient irrespirable pour l'immense majorité de ces élus juste ''normaux'', c'est parce que nous attendons d'eux des choses proprement surhumaines, qui en découragent plus d'un. Or nous élisons des représentants qui ne sont que le reflet de nous-mêmes. Parfois exemplaires, exceptionnels. Parfois petits et mesquins. Et souvent ordinaires. »

    (Chloé Morin. On a les Politiques qu'on mérite. Fayard 2022)

     

    Je trouve pertinente la question que Germaine fait poser par les philosophes moralistes aux philosophes politiques (c'est déjà celle de Rousseau dans son Contrat social), et c'est pourquoi j'ai été intéressée par le livre de Chloé Morin.

    Je comprends son propos et j'y adhère : attention à ne pas jeter le bébé avec l'eau du bain. Certes la démocratie représentative est malade, mais il s'agit de ne pas se tromper de diagnostic, de façon à pouvoir trouver les bons remèdes.

    L'un de ceux-ci étant de prendre au sérieux et de façon éthique notre responsabilité de votants et d'administrés. Par exemple, dit-elle, belles hypocrisie et inconséquence de dénoncer la pente clientéliste des élus, quand on n'hésite pas à demander un passe-droit pour soi ou ses proches ou son entreprise ...

    Néanmoins je dois dire qu'à certains moments j'ai rechigné à la suivre totalement.

    Son fort recommandable parti-pris spinoziste* l'entraîne me semble-t-il à une indulgence naïve envers quelques coquins cyniques et manipulateurs**.

    Péché de jeunesse tout à son honneur, mais qui peut néanmoins être dommageable. Quand la preuve de la charge est apportée, la sanction doit tomber, sous peine de disqualifier la force du droit. (Autre grand risque pour la démocratie).

     

    *Ni rire ni pleurer ni haïr mais comprendre. (Baruch SpinozaTraité politique). C'est moi qui interprète ainsi son attitude, elle ne mentionne pas Spinoza dans son livre.

    **En particulier lors de ses entretiens avec Isabelle Balkany, condamnée (y compris en appel) avec son mari pour différentes malversations. 

     

  • D'accord avec les Lumières

    « Il est deux moyens de propager les principes démocratiques : le raisonnement et les armes. Le bonheur de la France, les écrits de ses philosophes, amèneront nécessairement des changements politiques dans le reste de l'Europe. La force des choses le veut ainsi.

    Ces changements opérés par la conviction se feront volontairement et sans secousses déchirantes, d'accord avec les Lumières. Mais la propagande armée n'est et ne peut être qu'une conquête ; or de longtemps un peuple conquis n'a plus l'énergie pour être libre. »

    (Germaine de Staël. Des circonstances actuelles qui peuvent terminer la Révolution et des principes qui doivent fonder toute République en France)

     

    C'est pourquoi elle a considéré comme une scandaleuse trahison des idéaux révolutionnaires la prise de pouvoir par Bonaparte, et plus encore ses guerres de conquête à travers l'Europe, prétendues de libération.

    Napoléon restera toujours sa bête noire, elle sera une de ses opposantes les plus constantes et résolues. (Encore un bon point pour elle).

    Quant aux actualisations possibles, je fais l'impasse. Vraiment trop déprimant, trop discordant avec les Lumières.