« n°16 : Vers le haut
''Comment escaladerai-je le mieux cette montagne ?''
Continue de monter et n'y pense pas ! »
(Friedrich Nietzsche. Le Gai Savoir. Prélude en rimes allemandes)
Ben ouais voilà on va dire ça.
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« n°16 : Vers le haut
''Comment escaladerai-je le mieux cette montagne ?''
Continue de monter et n'y pense pas ! »
(Friedrich Nietzsche. Le Gai Savoir. Prélude en rimes allemandes)
Ben ouais voilà on va dire ça.
« n°9 : Mes roses
Oui ! Mon bonheur – veut donner le bonheur –,
Tout bonheur veut certes donner le bonheur !
Voulez-vous cueillir mes roses ?
Il faut vous baisser et vous cacher
Entre rochers et ronces,
Et souvent vous lécher les doigts !
Car mon bonheur – aime taquiner !
Car mon bonheur – aime la malice ! –
Voulez-vous cueillir mes roses ? »
(Friedrich Nietzsche. Le Gai Savoir. Prélude en rimes allemandes)
Nietzsche, il écrit magnifiquement, mais il a une sorte de tic qui consiste à mettre des tirets par ci par là, je me demande un peu pourquoi.
Ces tirets ne sont pas l'équivalent de parenthèses, comme c'est en général le cas (moi je préfère les parenthèses) (vous aviez remarqué je parie) (et même ça m'amuse de les accumuler) (comme une cascade de parce que) (ou de quoique).
Ces tirets ne sont pas non plus ou rarement, la marque d'un dialogue (ou d'esquisse de dialogue).
En fait ils m'évoquent le mot-césure (kireji) d'usage dans les haïkus. Suspension, pause, il est là pour donner le temps de s'imprégner d'un affect, de contempler une image.
Il est difficile à rendre en français. On tente en général les interjections, onomatopées, ponctuations (points d'exclamation, de suspension, et tirets, donc).
Exemples (ils sont de moi) (soyez indulgents, lecteurs)
Chant du rossignol
Dans la nuit comme une eau claire –
Boire à la fontaine
Dos rond des collines
Vieille échine de la terre –
Et le temps berger
Le « oui ! » initial de ce n°9 (on dirait qu'on parle d'un parfum) (avec les roses c'est logique en fait) est du même ordre, c'est une autre forme de kireji créant d'emblée un climat vie en rose.
… Et donc non dépourvue d'épines, entre rochers et ronces.
« n°4 : Dialogue
A : Fus-je malade ? Suis-je guéri ?
Et qui fut mon médecin ?
Comme j'ai oublié cela !
B : Maintenant seulement je te crois guéri :
Car est guéri celui qui a oublié. »
(Friedrich Nietzsche. Le Gai Savoir. Prélude en rimes allemandes)
Si vous permettez, Friedrich, je m'immisce dans le dialogue. Un dialogue un peu trop elliptique à mon gré. Oui d'accord j'entends : il s'agit ici de poésie, de rimes et de chanson. Et de ce point de vue-là c'est réussi.
Mais quand même Est guéri celui qui a oublié, vraiment ? Perso je tique. Je trouve que ça se discute. Au plan physique, mettons.
Mais au plan psychique ? Papa Freud (qui vous a beaucoup lu d'ailleurs) vous répondrait que sur ce plan-là, l'oubli est, bien au contraire, un facteur pathogène. Le mal effacé de la conscience reste inscrit en mode inconscient. Et il fait retour sous forme de nouveaux symptômes.
Parfois il sont un moindre mal, je l'admets. Mais pas toujours. Il n'est pas rare que les symptômes de retour du refoulé soient encore plus invalidants, douloureux, que ce qui a été refoulé.
Mais bon j'ergote alors qu'il ne s'agit que de savourer l'élan, la joie étonnée et légère de votre exclamation Comme j'ai oublié cela !
Un élan vers l'oubli qui consonne avec votre phrase la plus fameuse peut-être ce qui ne me détruit pas me rend plus fort (Le Crépuscule des idoles).
Ce qui permet de suggérer une réponse à la question Et qui fut mon médecin ?
Vous-même, Monsieur Nietzsche ?