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Le blog d'Ariane Beth - Page 291

  • Soupe à la grimace

    Maussade

    malsade XIV°. De mal et ancien français sade, latin sapidus = savoureux.

     

    Marrant, non ? Alors là Robert m'en bouche un coin. J'aurais jamais deviné que la métaphore sous-jacente fût culinaire.

    - Ariane, ma mie, votre brouet n'aurait-il point tourné, ne lui trouvez-vous point quelque aigreur, comme un arrière-goût ... Il y a un mot pour cela ...

    - Si mon brouet, comme vous dites si délicatement Messire Robert, n'a pas l'heur d'enflammer vos papilles ...

    - Ah je l'ai sur le bout de la langue … C'est un mot un peu moderne mais que diantre il faut être de son temps, nous vivons tout de même en plein 14°... Maussade, voilà.

    - Maussade ? C'est à moi que vous parlez, Robert ? C'est à moi que vous parlez ?

    - Il ne s'agit que d'un brouet, n'en faites pas un plat, voyons ma mie. Peut être est-ce juste défaut de sel. Mais au taux où est la gabelle, je conçois ...

    1) Qui est peu gracieux peu avenant qui laisse voir de la mauvaise humeur, voir chagrin grognon revêche acariâtre acrimonieux aigri hargneux

    C'est moi qui l'invente peut être, Robert ? J'ai parfaitement capté l'allusion, j'ai déchiffré le sous-texte, je suis peut être mauvaise cuisinière, mais je suis pas totalement conne, figurez-vous.

    - Voyons Ariane ma mie, n'hystérisez point le débat.

    - Ah voilà je l'attendais celle-là. Toutes les mêmes, hystériques, grincheuses, aigries, maussades-agressives …

    - Tiens maintenant que vous le dites, c'est vrai ça, dans maussade il y a maux et …

    2) Qui inspire de l'ennui voir ennuyeux, terne, triste. CONTR amène charmant enjoué gai jovial. Divertissant.

    Vous devriez lire vos définitions jusqu'au bout, Robert.

    - OK OK allez : un point partout balle au centre passons à autre chose. Je suis sûr que vous nous avez préparé quelque délectable dessert …

    - Tarte aux pruneaux, soufflé aux marrons, crème fouettée. Cela sera-t-il assez sade pour messire Robert ?

     

     

     

     

     

     

  • Rage dedans

    Sarcasme

    Encore une suggestion de mon amie Blanche Page. Sous prétexte que ça rime avec le précédent. Blanche aime les rimes plus que de raison. Ce n'est pas un crime direz-vous.

    Sauf que moi, rime pour rime, j'aurais choisi miasme (avec la diérèse mi-asme pour conserver la rythmique), là on faisait coup double : continuité phonique et sémantique avec marasme.

    Mais il est rare que Blanche me laisse voix au chapitre (je ne me plains pas, je constate c'est tout).

     

    Sarcasme 1546 latin sarcasmus, grec sarkasmos, de sarkazein mordre la chair (sarkos).

    Personnellement j'aurais fait l'impasse sur le latin, non ? Mais Robert, dans sa passion étymologique, n'est pas du genre à badiner avec le traçage des mots. Traçons donc à sa suite.

    Le dénommé sarkasmos, candidat à l'immigration en langue française, a dû facilement trouver des locuteurs (marchands probablement) pour le faire passer sur la côte sicilienne.

    De là il aura gagné Rome où tous les chemins mènent (au grand dam de Mateo Salvini) (qui réfléchit sans doute aux moyens de rendre inconstitutionnel ce proverbe).

    Pour finir par traverser les Alpes, la chair mordue par les frimas d'altitude.

    Mais le cœur réchauffé par l'accueil de quelques polyglottes assez inconséquents pour se rendre coupables du délit de solidarité langagière.

     

    1) Ironie, raillerie insultante voir dérision moquerie.

    « La dérision et le sarcasme et l'injure sont des barbaries » (Péguy)

    Pas faux.

    On leur préférera donc le concept de mépris civilisé promu par Carlo Strenger : dire tout le mal qu'on pense d'une thèse sans attaquer la personne qui la porte. C'est pas forcément évident, mais enfin dans les situations genre débat avec Salvini ou Orban à propos de l'Europe, ça se tente, non ?

     

    2) Un, des sarcasmes. Trait d'ironie mordante voir quolibet, raillerie.

    Robert, pauvre inconscient !

    Et la rationalisation des dépenses publiques, et la préservation des ressources naturelles, tu en fais quoi ?

    Donne-toi de toute urgence l'objectif de réduire ton volume en supprimant quelques pages, diminuant ainsi les frais de rédaction, sauvant quelques arbres.

    Car franchement ce n°2 s'impose-t-il ? La distinction entre l'acte de railler et le détail de ses performances était-elle indispensable ?

     

    Cela dit le mot quolibet est injustement négligé, c'est bien qu'il y ait quelqu'un qui en parle.

     

     

  • Coriace

    MARASME

    3) (1923) Petit champignon à pied coriace (agaricacées) dont une variété, le mousseron d'automne, est comestible.

     

    J'adore le mot coriace. Je sais pas pourquoi. Je nourris l'espoir (vainement jusqu'ici) qu'un jour enfin quelqu'un me complimentera d'un « t'es une vraie coriace, toi ».

    Coriace veut dire dur comme du cuir. C'est oublier qu'il y a des cuirs souples, mais bon qui suis-je pour contredire l'étymologie.

    Pour le champignon cependant si je peux me permettre, Robert, il eût mieux valu dire ligneux, non ? Ou fibreux ?

     

    Mais cessons d'ergoter. Je le disais la dernière fois, cette troisième partie de la définition est propre à nous requinquer.

    Dans l'automne crépusculaire où tout se décompose, dans l'eau stagnante et glauque des marais du marasme, voici que pointe le pied coriace d'un petit mousseron.

    Petite moisissure certes, quoi d'autre : c'est ainsi, il y a quelque chose de pourri au royaume du marasme. Mais moisissure comestible.

    Cette fin de définition nous offre ainsi une belle métaphore de la résilience, à la hauteur de la sublimation baudelairienne des Fleurs du mal. Non ?

     

    Après pour ceux qui se demandent : agaricacées = famille de champignons basidiomycètes à lamelles, dont la plupart sont comestibles.

    Lamelleux aussi c'était pas mal à la place de coriace (ah si, ça existe, j'ai cherché).

    Quoique. J'aimerais pas trop qu'on me dise « t'es une belle lamelleuse, toi ». Par contre « quelle sacrée basidiomycète tu fais », là je dis pourquoi pas.

     

    Sur la date de 1923 je m'interroge. Ce champignon est-il né à ce moment-là ?

    Sans être grande mycologue (ni petite d'ailleurs) je suis prête à soutenir qu'il était déjà là du temps des dinosaures ou pas loin.

    Mais il n'avait pas encore de nom. On disait : j'ai fait une fricassée de petits machins à pied coriace. Un jour de 1923 quelqu'un en a eu marre, et lui a trouvé ce nom, marasme.

    À six ans de la crise de 1929 franchement c'était pas si mal vu. Comme quoi on peut allier un certain flair en économie avec le goût des champignons (sauf les nucléaires ça va de soi).