« J'ai vu en Allemagne(1) que Luther a laissé autant de divisions et d'altercations sur le doute de ses opinions, et plus, qu'il n'en émut sur les écritures saintes.
Notre contestation est verbale. (…) On échange un mot pour un autre mot, et souvent plus inconnu. (…) Pour satisfaire à un doute, ils(2) m'en donnent trois : c'est la tête de Hydra.
Socrates demandait à Memnon que c'était que vertu.''Il y a, fit Memnon, vertu d'homme et de femme, de magistrat et d'homme privé, d'enfant et de vieillard.
-Voici qui va bien ! s'écria Socrates : nous étions en cherche d'une vertu, en voici un essaim.'' »
(Montaigne Essais livre III chapitre 13 De l'expérience)
(1)Il y a séjourné lors de son périple à travers l'Europe.
(2)Au sens de l'indéfini « on » (latinisme again, what else?)
Notre contestation est verbale : si seulement, hein … De fait dans ces controverses religieuses, elle le fut un peu, au début. Mais très vite le ton changea de part et d'autre. Comme si nécessairement le pouvoir et la violence devaient s'en mêler.
La faute à Luther et aux autres, à l'intolérance religieuse ? Ou la faute, plus largement, au fait que dans tout débat, le désir de s'entendre, d'être raisonnables ensemble, ne fait pas le poids devant le désir orgueilleux d'avoir raison de l'autre ?
Quant à cet essaim qui vient vrombir aux oreilles de Socrate, il évoque immanquablement nos buzz contemporains. Aussi potentiellement venimeux.
Ça me parle parce que figurez-vous je suis allergique aux piqûres de guêpes et abeilles (2 passages aux urgences quand même) (du coup maintenant je mets toute mon aptitude phobique à me garder de ces bestioles) (cela ne m'empêche pas d'espérer que la pollution n'aura pas raison des abeilles, pour elles d'abord, et puis j'aime trop le miel).
Bon OK Je sais bien que le lecteur n'a pas besoin de savoir tout cela, mais j'ai besoin, moi de le lui dire (dit Rousseau à un moment dans ses Confessions) : car après tout, d'un buzz l'autre, cela explique peut être mon allergie aux résasociaux ?